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Arbitrage Crédit Lyonnais

Affaire Tapie. Christine Lagarde passera-t-elle entre les gouttes ?

Depuis 1992, l’affaire Tapie / Crédit Lyonnais fait l’objet d’un interminable feuilleton aux multiples rebondissements politico-juridiques. De la présidence de Mitterrand jusqu’à celle de Sarkozy, nombreux sont les proches de l’homme d’affaire à avoir été éclaboussés par le généreux arbitrage en faveur du pauvre Bernard Tapie, dont le bénéfice s’élève tout de même à plus de 400 millions d’euros, dont 45 millions accordés sur la base d’un « préjudice moral ». Christine Lagarde, quant à elle, se voit à son tour rattrapée au sujet d’un certain « laxisme » concernant les conditions de résolution de l’ancien litige, n’ayant pas suffisamment haussé le ton pour condamner les pratiques douteuses de son gouvernement. La mascarade a commencé. Sortez les mouchoirs, les violons ressortent. Paul Carson-Saher

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Une belle politique de l’autruche

Il est parfois pratique d’être soudainement frappé d’amnésie sélective, surtout lorsqu’on s’appelle Christine Lagarde et qu’on est à deux doigts de bénéficier d’un jugement favorable.
Le procureur général de la Cour de Cassation a recommandé, ce mardi 22 septembre, un non-lieu en faveur de l’ancienne ministre de l’économie et actuelle directrice du FMI, mise en examen depuis le 27 août 2014 pour cause de « négligence ». Restée étonnement discrète une fois le fameux arbitrage rendu public (en 2008), Christine Lagarde n’a semble-t-il pas jugé bon de souligner le manque de clarté et le procédé évidemment douteux employé pour parvenir à un tel accord. Au contraire, à la question de savoir ce que madame pense de cette pratique, celle-ci affirme sans broncher qu’elle préfère davantage un arbitrage d’ordre privé plutôt qu’une justice de droit commun. Message reçu. Il est toujours plus simple de laver le linge sale en famille plutôt que sur la place publique.

Au-delà du déni, Lagarde n’a pas manqué de faire preuve d’aplomb durant un an, soit toute la durée de sa mise en examen. Il n’est pas rare de constater, dans les moments de crise politico-économique, une fabuleuse fuite en avant des différents acteurs impliqués de près ou de loin dans ces affaires courantes au sein des classes dominantes ; celles-ci se révèlent au grand jour lorsque les fuites sont trop grosses pour être colmatées. Christine Lagarde ne déroge bien évidemment pas à cette règle.

Lagarde esquive, mais ne se rend pas

En substance, la ligne de défense de Christine Lagarde nous rappelle étrangement celle d’un ancien président de la République durant le scandale Bygmalion : jouer systématiquement la carte de l’ignorance, tout en cultivant une rhétorique plus qu’évasive. L’avantage de cette méthode fort pratique, c’est qu’elle évacue sans effort toute implication personnelle dans le processus de contrôle de l’arbitrage. Par un mystère inexplicable, Christine Lagarde précise en effet qu’elle ne garde absolument aucun souvenir d’une éventuelle réunion préparatoire à l’Élysée le 30 juillet 2007 ; réunion qui avait pour objectif principal de planifier en amont cet accord économique, sous l’autorité d’un certain Claude Guéant, ministre de l’intérieur de l’époque, aujourd’hui également poursuivi par la Justice pour corruption active et passive, blanchiment de crime ou encore fraude fiscale. Question probité, on ne fait pas mieux.

Mais l’hypocrisie ne s’arrête pas là. Lorsqu’on évoque devant elle la présence de Tapie dans une telle réunion, Lagarde récidive en nous faisant part de sa « surprise » et nous confie même son « étonnement » vis-à-vis d’une telle réunion au plus haut sommet de l’État. À croire que les informations passent plutôt mal entre (ex-)membres du gouvernement.


Nouvelle preuve de l’impunité de la classe dominante

De Cahuzac à Sarkozy en passant par Woerth, Tapie, Copé, les affaires se suivent et se ressemblent au moins sur un point : même si elles continuent à scandaliser les travailleurs qui eux peinent à boucler leurs fins de mois, elles tendent à se banaliser, sous l’effet de l’entreprise idéologique des classes dominantes. Une fois de plus, cette justice de classe finira bien par faire passer Christine Lagarde entre les gouttes.


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