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Accord de Performance Collective

Chez Derichebourg, 163 salariés refusent les baisses de salaires et se retrouvent à la porte

L'accord de performance collective signé le 12 juin dernier par le délégué majoritaire FO chez Derichebourg a permis à la direction d'appliquer un chantage à l'emploi cruel. En effet, l'accord se traduit par des baisses de salaires très importantes, ce qui pousse les salariés de la boite vers la sortie.

Alberta Nur

10 août 2020

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Crédits photo : Révolution Permanente Toulouse

C’est donc une situation dramatique dans la boite, puisque 163 salariés, ce qui constitue 10% du personnel, quittent la boîte suite à la décision de la direction. « L’accord pour crever », comme l’avaient nommé les salariés pendant leur lutte contre celui-ci , a permis à la direction de licencier sans indemnités. En effet, les modalités de licenciement sous peine de refus de signature de l’accord sont minimes, et l’indemnité de départ très faible.

La majorité des salariés qui ont refusé l’accord ne l’ont pas refusé par choix et reconversion professionnelle comme voudraient nous faire croire les médias et les partisans des accords de performance collective à la Macron. En effet, c’est le couteau à la gorge que les salariés ont du éplucher les détails financiers de l’accord pour pouvoir calculer l’ampleur des baisses de salaires. L’accord actait la suppression des indemnités forfaitaires et journalières transport et repas, avec un seul ticket restaurant en contrepartie. La suppression des indemnités empêche une grande partie des salariés de venir sur le poste de travail, sans que le prix du transport dépasse le salaire de leur journée de travail.
Sur France Bleu, Emilie a ainsi expliqué préférer le licenciement pour cause "réelle et sérieuse" plutôt que de rester dans l’entreprise.  « Pour une fois que j’avais eu un CDI. J’ai beaucoup réfléchi. Il me manquera 300 euros pour faire mes trajets et payer mes factures. On a le choix entre la peste et le choléra. Je préfère changer totalement de métier que d’avoir à faire à ce genre de pratiques ».

Lors de son allocution le 14 juillet, Emmanuel Macron a vanté les accords de performance collective en prenant appui sur la situation à Derichebourg, comme une manière d’instaurer un dialogue social pour « faire face ensemble à la crise ». Son intervention est hypocrite pour plusieurs raisons, premièrement, il n’y a eu aucune forme de dialogue social à Derichebourg, avec une direction qui a méprisé ses salariés de A a Z et un syndicat pro-patronal qui a trahi la majorité des salariés qui étaient contre l’accord. De plus, l’accord ne permet en rien de faire face « tous ensemble » a la crise, il s’agit tout simplement de baisser les salaires des salariés, déjà minés par le chômage partiel, pour pérenniser les profits de l’entreprise.

La lettre informant de l’accord le dit clairement : la direction préserve les emplois « sous réserve de pérennisation officielle du dispositif d’activité partielle et dans les conditions d’indemnisation actuelle des salariés […] ainsi que du maintien des objectifs de production de notre principal client et d’absence de nouvel évènement de force majeure (par exemple, crise sanitaire, attentats, crise économique mondiale...) pouvant directement impacter la filière aéronautique ». La direction a pris soin de laisser la porte bien ouverte aux licenciements, car non seulement l’État compte revoir à la baisse son engagement avec le chômage partiel mais nous sommes déjà en train de subir les premiers effets d’une crise économique mondiale, seulement comparable à celle des années 1930 selon le FMI. Pour le secteur aéronautique, 90% des commandes en avions ont été annulées ou repoussées et la production a donc connu une baisse d’activité exceptionnelle dans l’histoire de la branche.

Il faut dénoncer la mascarade du gouvernement qui vise à faire croire que les « efforts » fournis par les salariés seront récompensés dans un futur proche, car en réalité, la crise économique qui plane et fait déjà des dégâts sera très violente pour le monde du travail, dont les salariés sont la variable d’ajustement. En aucun cas, les politiques mises en place par le gouvernement ne visent à protéger l’emploi et les conditions de travail des salariés. L’exemple de Derichebourg aero est parlant pour démontrer la rhétorique du gouvernement. Avec une baisse des salariés drastiques, les salariés se retrouvent obligés de quitter la boite, pour pouvoir survivre et travailler dans des conditions dignes. Lors de leur mobilisation contre cet accord, les salariés du sous-traitant ont montré la voix vers les luttes à venir dans l’aéronautique, bien que l’accord ait été signé, ils ont pu montrer à travers leur organisation en assemblée générale leur opposition à cet accord. La signature est donc une trahison énorme de la part du syndicat FO métaux, méprisant ainsi l’avis et le sort de tous les salariés. Le « dialogue social » tant vanté par Macron et son gouvernement comme manière de minimiser les effets de la crise n’est qu’un mensonge qu’il faut dénoncer.

A Derichebourg aero, les salariés se retrouvent ici victimes d’un accord qu’ils n’ont pas pu contester, et c’est 163 salariés qui se retrouvent à la porte après la signature. Pour le reste des salariés, il vont devoir trouver des solutions, avec un niveau de vie qui va considérablement baisser et des conditions de plus en plus précaires, car l’accord va baisser drastiquement leur salaires. Ne laissons pas le gouvernement penser que nous croyons à ces mensonges qui cachent un avenir de chômage et précarité, et organisons nous à la base pour construire un plan qui soit capable d’en finir avec leur politiques criminelles !


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