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Capitalisme vert

Candidature de Jadot aux primaires EELV : portrait de l’écolo pro-patronal

Yannick Jadot a annoncé mercredi soir sur TF1 se présenter aux primaires d’EELV afin d’être candidat aux présidentielles de 2022. Il affrontera lors de ces primaires Eric Piolle et Sandrine Rousseau. Retour sur le programme porté par le candidat du capitalisme vert.

Louisa Eshgham

1er juillet 2021

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Photo : Nicolas Tucat/AFP

Jadot déclarait mercredi vouloir se présenter parce qu’il « aimela France, sa diversité, son modèle social et républicain. » Quel est donc ce « modèle social » que Jadot aime et veut servir ?

Yannick Jadot, fervent défenseur d’un capitalisme vert

L’écologie qu’il défend, c’est avant tout une écologie qui ne soit « pas contre mais avec les entreprises » donc une écologie adaptée au libéralisme et qui ne remet surtout pas en cause les profits des patrons. En effet, Jadot ne cache plus à quel camp social il appartient et c’est dans ce sens qu’il avait participé l’été dernier à l’université d’été du Medef. À cette occasion, il avait défendu « le capitalisme européen et le modèle social européen, qui ne sont pas les modèles chinois ou américain »,et s’était dit contre « l’écologie punitive » qui consiste à taxer les entreprises, puisque d’après lui « cela génère des stratégies d’évitement ». À l’inverse, il s’est déclaré favorable aux investissements publics pour les entreprises, s’inscrivant ainsi de fait dans la continuité de la politique néo-libérale du gouvernement Macron.

Dans le cadre des élections européennes il proposait un Smallbusiness act, qui consistait à réserver 50% des marchés publics à des PME/ PMIet start-up qui emploient localement, aux « bons patrons »donc, c’est-à-dire le patronat français qui ne délocalise "pas trop". Il a aussi proposé lors de l’échéance patronale de l’été dernier l’instauration d’une taxe carbone aux frontières extérieures, déjà réclamée par une partie du patronat français et européens pour se prémunir face aux concurrents américains et asiatiques. Une écologie souverainiste et au service des patrons, c’est bien ce que défend Yannick Jadot. 

En novembre 2018, alors que le mouvement des gilets jaunes émergeait,Jadot s’était prononcé en faveur de la taxe sur le carburant pour les particuliers, proposée par le gouvernement Macron. Jadot est donc le défenseur d’une écologie qui vise à faire payer la transition écologique à la population, stratégie qui est à la fois absolument inefficace mais aussi indécente puisque cette crise est avant tout celle des capitalistes qui font passer la défense de leurs profits avant tout, y compris le respect des ressources planétaires et de la biodiversité. Le candidat s’est dit soucieux de rompre avec l’image« décroissant » qui peut être celle de EELV, il revendique ainsi une « écologie de l’innovation », quine soit donc ni anticapitaliste ni même décroissante, avec un programme néolibéral qu’il n’a en réalité d’écologiste que le nom. L’idée pour Jadot est de faire de EELV le parti qui dialogue à la fois avec la base sociale traditionnelle des verts qui est plutôt à gauche, tout en draguant sur sa droite une partie de l’électorat qui a voté pour Macron en 2017 mais qui ne revotera pas pour LREM qui est en totale déroute.

C’est dans cette logique que Jadot multiplie ses déclarations pro-patronales et tente-difficilement- de conserver une image de personnalité qui ne serait« ni de droite, ni de gauche », même s’il était quand même prêt à faire des alliances avec des personnalités de droite lors des dernières municipales « pourvu qu’ils soient écologistes. »

Jadot,le candidat qui soutient la police et défend la « sécurité républicaine »

En mai dernier, Jadot n’a pas hésité à participer à la manifestation des policiers, organisée par les syndicats de police d’extrême droite qui demandaient davantage de moyens pour mieux réprimer. Il a d’ailleurs été l’un des seuls au sein du parti d’EELV à afficher un soutien si affirmé à la police et à revendiquer plus de moyens pour ce corps réactionnaire, représentant ainsi l’aile la plus à droite du parti écologiste, une aile qui se range totalement derrière l’offensive sécuritaire du gouvernement Macron.

Interviewé sur France 2,il a justifié sa participation par son « attachement à la police républicaine et à la sécurité » et la nécessité d’affirmer sa solidarité à l’égard des policiers, dont il entend « la souffrance, les difficultés, les attaques ».

Il déclaré : « la police a été trop longtemps mise en difficulté, avec trop peu de recrutements, des problèmes d’équipements et des responsabilités très lourdes ». Et pour y remédier, il propose lors de la même interview un renforcement des moyens pour la police, afin qu’elle puisse exercerses missions dans de meilleures conditions et qu’elle puisse « rétablir la sécurité » dans les quartiers où celle-ci serait compromise. En 2017 déjà lors des dernières élections présidentielles son programme prévoyait le développement de corps de « police de proximité » de développer une police plus proche des citoyens afin d’embellir son image, et de renforcer ses moyens qui seraient trop faibles.

Les positions de Jadot nient évidemment le rôle de la police dans notre société, un rôle de maintien d’un ordre et d’un système établi, et de répression de toutes celles et ceux qui relèvent la tête et protestent contre celui-ci. Mais surtout, de telles positions vont totalement dans le sens du discours sécuritaire et réactionnaire qui vise à placer les policiers en position de victimes, à nous faire croire que le problème serait la violence contre les policiers, le manque de sécurité dans les quartiers qu’il faudrait alors que la police reconquiert, et donc à inverser totalement la réalité.

C’est pour ces raison que les positions de Jadot sont très adaptées au tournant raciste et sécuritaire du gouvernement , à l’image de la loi sécurité globale ou de la loi confortant les principes républicains. À propos de cette loi dite séparatisme, Jadot a d’ailleurs affirmé que le problème de celle-ci serait un « manque d’équilibre nécessaire »pour « combattre efficacement les ennemis de la république »et « tenir une promesse républicaine », tout en se déclarant favorable au renforcement du contrôle des associations,par exemple.

Loin de ces propositions politique néolibérales qui ne sont en rien écologistes, mais qui défendent un capitalisme vert et sécuritaire, qui ne se remettent pas réellement le système capitaliste en cause, nous pensons que la prise en compte des questions écologiques est profondément incompatible avec le maintien du capitalisme. En ce sens, les acteurs de cette transition écologique ne pourront être ni les entreprises ni les États, qui ne remettront jamais en cause leurs intérêts et profits.La transition écologique se fera par celles et ceux qui font tourner la société quotidien, comme l’ont montré les travailleurs de Grandpuits dans leur grève historique contre le Greenwashing et la destruction des emplois de Total. Pour défendre une perspective anticapitaliste et écologique aux présidentielles, nous ne pouvons faire aucune confiance aux partis libéraux qui se repeignent de verts, seule la candidature d’Anasse Kazib et défend cette perspective ! 


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