Ce dimanche 18 décembre plusieurs milliers de manifestants ont défilé au départ de Porte de la Chapelle, dans le 18ème arrondissement de Paris, à l’occasion de la journée internationale des migrants, et à l’appel de la Marche des solidarités et des collectifs de sans-papiers.
L’appel à manifester « contre Darmanin et son monde » lancé par la campagne Antiracisme et solidarité avait été signé et relayé par de nombreuses associations et collectifs de sans-papiers ainsi que plusieurs organisations de gauche et d’extrême-gauche, alors que, depuis plusieurs années, la date du 18 décembre, journée internationale du droit des migrants, est devenue une échéance de mobilisation pour les sans-papiers.
Ce dimanche, la manifestation a été une des plus massives de ces dernières années. De nombreuses organisations ont repris des slogans contre la rétention et pour la régularisation de tous les sans-papiers. Des syndicats comme la CGT, Solidaires, la CNT-SO pour les travailleurs du nettoyage étaient présents ainsi que des travailleurs de Chronopost et DPD, des organisations politiques comme le NPA ou LO, l’AG féministe Paris-banlieue, plusieurs collectifs anti-CRA (Centres de rétention administratifs). La manifestation a aussi vu défiler les livreurs à vélo et à moto avec le CLAP, les plateformes de livraisons comme Uber eats, dont le modèle s’appuie depuis le début sur l’exploitation des travailleurs sans papiers.
"Libérez les sans-papiers, libérez les mal-logés, libérez les réfugiés ", la coordination des sans-papiers du 75, suivi de nombreuses autres organisations reprennent des slogans contre la rétention et pour la régularisation de tous les sans-papiers pic.twitter.com/UkTUHxth4M
— Révolution Permanente (@RevPermanente) December 18, 2022
Cette année la mobilisation se fait dans un contexte particulier, marqué par une offensive sécuritaire du gouvernement qui veut intensifier une véritable chasse aux migrants et aux sans-papiers. En effet, ce ne sont pas moins de trois lois qui viennent attaquer, précariser et permettre de traquer les étrangers.
En premier lieu il s’agissait de se mobiliser tout particulièrement contre l’avant-projet de Loi Immigration de Darmanin dont l’examen commencera en janvier au Sénat. Cette loi raciste laisse présager un parcours encore plus difficile pour les migrants en France, notamment une OQTF (obligation de quitter le territoire) dès le rejet de la demande d’asile, le renforcement du fichage des personnes sans papiers, la construction de nouvelles places en CRA etc. Toute une série de mesures qui vont faciliter les expulsions et trier entre les « bons » et les « mauvais » migrants pour mieux les exploite.
Autre élément de l’arsenal sécuritaire, la loi Lopmi qui a été adoptée cette semaine et qui prévoit notamment d’augmenter les effectifs de police, des moyens considérables pour la surveillance. Autant de mesures qui vont impacter directement les sans-papiers que Darmanin et sa police traquent sans relâche. Enfin, la loi anti-squat a été également dénoncée dans la manifestation, avec la présence de plusieurs collectifs de droit au logement comme le DAL.
"La loi anti-squat est une attaque contre les plus précaires, et notamment les sans papiers qui ont du mal à se loger. Le 5 janvier retrouvons nous a la bourse du travail de Paris pour une assemblée générale pour le droit au logement" pic.twitter.com/XhIrjtJhBB
— Révolution Permanente (@RevPermanente) December 18, 2022
Dans la manifestation, les collectifs ont également dénoncé le traitement des travailleurs sans papiers, dont Darmanin veut conditionner la délivrance d’un titre de séjour au fait de travailler dans des secteurs en tension. À l’occasion du jour de la finale de la Coupe du Monde au Qatar, la mobilisation était aussi l’occasion de dénoncer l’exploitation des travailleurs migrants et sans-papiers sur les chantiers au Qatar, où plus de 6 500 ouvriers sont morts
Les manifestants ont aussi fait le lien avec les chantiers pour les JO en France, où de nombreux travailleurs sans-papiers sont exploités
La politique xénophobe et raciste du gouvernement, qui criminalise les migrants, n’a rien à envier à l’extrême droite et pave la voie à celle-ci, qui se sent pousser des ailes, comme on l’a vu récemment dans le cadre de la Coupe du monde, avec à l’issue du match France-Maroc mercredi dernier 14 décembre des groupuscules d’extrême droite n’hésitant pas à s’attaquer et à pourchasser des supporters marocains.
Contre le gouvernement et l’extrême-droite, cette manifestation est un premier jalon pour faire front pour revendiquer l’ouverture de frontières meurtrières et la régularisation immédiate de tous les sans-papiers. Une mobilisation qui n’a rien à attendre de l’État et de ses institutions, celui-là même qui traque quotidiennement les sans-papiers.
