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Inflation

Borne annonce 200 euros de chèque-énergie : des miettes pour calmer la colère

Face à l’explosion des prix de l’énergie prévue cet hiver, le gouvernement a présenté, mercredi 14 septembre, un plan qui va faire payer la crise économique aux classes populaires. Dernière insulte sortie du chapeau de la macronie pour prévenir la colère : un « chèque énergie » de 100 à 200 euros pour les foyers les plus modestes.

Arno Gutri

15 septembre 2022

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La « loi pouvoir d’achat » votée cet été avait donné le ton : même fragilisé, Macron II est déterminé à faire peser la crise économique sur les classes populaires en échange de quelques miettes. Alors que l’inflation galopante se poursuit et plonge de plus en plus les foyers dans la pauvreté, le gouvernement joue la carte de l’aumône pour enfumer les esprits. Mercredi 14 septembre, Elisabeth Borne a en effet dévoilé les mesures du gouvernement concernant la flambée des prix de l’électricité, du gaz et des carburants. La Première ministre a notamment annoncé le maintien du bouclier tarifaire énergétique en 2023 : la hausse des prix sera limitée à 15% pour le gaz et l’électricité.

Autrement dit, les factures de gaz n’augmenteront, en moyenne, « que » de 25 euros par mois, tandis que les factures d’électricité n’augmenteront « que » de 20 euros par mois. Une hausse que de nombreux ménages – à découvert dès le 15 du mois – pourraient ne pas pouvoir assumer. Mais pour Borne, il faudrait néanmoins applaudir dès lors qu’outre-Manche et dans le reste de l’Europe la situation serait encore plus catastrophique.

Des miettes pour les pauvres

Mais la générosité gouvernementale ne s’arrête pas là. En effet, un « chèque énergie », allant de 100 à 200 euros, sera versé dès le mois de novembre aux ménages les plus modestes. Ce dispositif concernerait 12 millions de foyers et se fonderait sur les déciles de revenu, en tenant compte du revenu fiscal annuel et du nombre d’enfants. Concrètement, les foyers dont le revenu annuel ne dépasse pas 13 310 euros par an – l’équivalent de moins d’un SMIC par mois – recevront un chèque de 200 euros. Les foyers gagnant entre 13 310 euros et 18 610 euros – jusqu’à 1550 euros par mois – par an se verront attribuer un chèque de 100 euros. De plus, le gouvernement prévoit une aide de 100 à 200 euros pour les 1,4 millions de foyers se chauffant au fioul, cumulable avec le « chèque énergie ».

Autrement dit, une goutte dans l’océan des dépenses d’un foyer sur un an pendant que le grand patronat engrange des profits records avec l’inflation. Dans un contexte d’inflation galopante, où non seulement les prix de l’énergie, mais également ceux de l’essence et des produits alimentaires augmentent, le gouvernement méprise une fois de plus les plus précaires. Se chauffer ou manger, voilà l’alternative insultante à laquelle l’Etat condamne des millions de foyer cet hiver.

En parallèle, Elisabeth Borne nous apprend également qu’une campagne de communication ayant pour slogan « Chaque geste compte », sera prochainement lancée pour inciter les particuliers aux économies d’énergie. Elle devrait être appréciée par les millions de foyers qui souffrent déjà de la précarité énergétique. Pendant que Bernard Arnault et le PSG s’envolent en jet privé, va-t-on nous conseiller de baisser le chauffage ? Baisser le feu sous l’eau des pâtes ou bien éviter d’allumer nos plaques électriques en même temps comme le suggérait ce jeudi matin le PDG de RTE Xavier Piechaczyk ? Le discours sur la « sobriété volontaire » n’a qu’un objectif : masquer et éviter de faire payer les vrais responsables de la crise – surprise, les grandes multinationales.

Pas touche aux profits !

Alors que les pauvres se contentent de miettes, les profiteurs de crise se gavent. Total, Engie… les entreprises du secteur énergétique engrangent des profits record sur le dos des travailleurs et des travailleuses. Devant les députés de la commission des affaires économiques, le ministre de l’Economie Bruno Le Maire hypocritement reconnu l’existence d’une « rente énergétique » en temps de crise. Simulant l’indignation, le ministre trouverait « juste et nécessaire » que les fournisseurs d’énergie « [redonne] le produit de cette rente à la collectivité pour aider les ménages et les entreprises à passer ce moment difficile. » Comme le fait Total, en accordant de façon bienveillante une remise de 20 centimes à la pompe tout en réalisant 30 milliards de bénéfice ?

Au Royaume-Uni, l’explosion des factures d’énergie a produit le mouvement « Don’t Pay UK », une campagne appelant à ne pas payer ses factures de gaz et d’électricité, ainsi qu’un mouvement de grève inédit depuis les années 80 pour exiger la hausse des salaires.

En réponse aux miettes jetées par l’exécutif français aux travailleurs et aux travailleurs, il y a urgence à exiger 300 euros d’augmentation de salaires pour tous et leur indexation à l’inflation. Et concernant l’énergie, ce n’est pas de bouclier tarifaire qu’il nous faut, mais le blocage des prix et l’expropriation des grands groupes énergétiques sous contrôle des travailleurs !


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