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Bye bye Lallement

Bon débarras : Lallement, pilier de la répression des Gilets jaunes, quitte la Préfecture de Paris

De nombreuses sources dont le Monde ont confirmé que le Préfet de Police Didier Lallement quittera son poste le 20 juillet. Celui-ci aura été tout au long du premier quinquennat Macron l’incarnation du tournant autoritaire du gouvernement.

Léo Stella

12 juillet 2022

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Crédits photo : Ian Langdson/ AFP

Didier Lallement quitte son poste après 3 ans et trois mois et de multiples scandales. Celui qui détient le record de longévité au poste de Préfet de Paris, un poste clé qualifié « d’État dans l’État » par son importance et son autonomie (propre police judiciaire, propre service de renseignement, des droits spéciaux ainsi qu’un des plus gros budgets policiers) n’est pas renouvelé. Si selon la version officielle, il quitterait son poste en raison de son âge trop avancé, il s’agit surtout d’une manière pour la macronie, qui est aujourd’hui en position de faiblesse, de se débarrasser d’un élément aux multiples déboires dont le dernier en date est la gestion catastrophique du Stade de France .

Retour sur ce qu’ont vraiment été ces 3 ans et demi sous Didier Lallement.

La nomination de Lallement durant les Gilets Jaunes : un tournant dans les méthodes répressives

Le 21 mars 2019, Didier Lallement obtient le poste de Préfet de Police de Paris après le limogeage de Michel Delpuech jugé trop « laxiste » à la suite de l’acte VIII des Gilets Jaunes. Le nouveau préfet de police a été choisi pour sa gestion particulièrement violente lorsque celui-ci était à la tête de la préfecture de la Nouvelle-Aquitaine où il avait déjà mis en place ce qui fera sa marque de fabrique en termes de répression. En effet, le bilan des deux mois des Gilets Jaunes sous Lallement à Bordeaux est de deux mains arrachées, plusieurs mutilés et des blessés graves et un rapport rédigé par de l’Observatoire girondin des libertés publiques, collectif composé d’associations telles que la Ligue des droits de l’Homme, un rapport particulièrement alarmant sur les techniques répressives utilisées et ses conséquences sur les manifestants.

Le but de sa nomination par le gouvernement en mars 2019 était donc clair : endiguer la crise sociale et politique par une répression féroce. Dans l’approfondissement de ce tournant autoritaire, déjà entamé sous Hollande avec l’instauration de l’état d’urgence notamment, Lallement va jouer un rôle clé. On connaît tous le bilan désastreux des Gilets Jaunes en termes de répression policière notamment à cause de la technique Lallement qui consiste à employer la nasse pour pouvoir bloquer et interpeller en masse beaucoup plus facilement les manifestants tout en utilisant à foison les lacrymogènes, les tirs de LBD ainsi que les grenades GLI F-4 qui sont pour les deux derniers à l’origine des nombreuses mutilations qu’ont subies les manifestants. En plus de cela, le préfet Lallement a remis en place les brigades de répression de l’action violente motorisée (BRAV-M), véritable outil de répression connu pour ses méthodes particulièrement violentes. Ces méthodes ont même choqué certains hauts responsables de la gendarmerie qui ne sont pas connus pour leur indulgence et qui ont dénoncé des pratiques « légalement douteuses et aux conséquences politiques potentiellement néfastes » et « contraires à la législation ainsi qu’à la réglementation en vigueur » comme le révélait à l’époque Mediapart.

Face à l’intensification de la lutte des classes que représentaient les Gilets Jaunes et la crise que vivait et que vit encore la macronie, la répression et l’autoritarisme que représentait la barbarie de Lallement ont été la porte de sortie du gouvernement. Cela a aussi prouvé de façon claire comme a dit Lallement à une Gilet Jaune que « nous ne sommes pas du même camp ».

« La politique de la terreur » comme l’a décrite un ancien collègue du préfet à Bordeaux de Lallement s’est en effet poursuivie durant le premier quinquennat Macron à Paris, dans la droite lignée du tournant autoritaire du gouvernement. Parmi les exemples les plus parlants, on peut parler déjà de l’interdiction de plus en plus banalisée de manifester notamment grâce à la mise en place de la loi « Sécurité globale » comme ce fut le cas pour les manifestations pour la Palestine en mai 2021 ou encore la manifestation du « convoi de la liberté » en février dernier pour ne citer qu’eux. À cela, s’ajoute la politique particulièrement répressive durant le covid du préfet de police, en visant en premier lieu les quartiers populaires avec le couvre-feu, ainsi qu’un harcèlement juridique avec des amendes pour tout et rien. Ces exemples ne sont que l’incarnation d’une politique choisie par Macron.

La question de la « sécurité » est en effet devenue centrale dans le discours de la macronie face à l’approfondissement de la crise sociale et à la politisation de toute une partie de la jeunesse sur les questions de racisme et de violences policières, le tout couplé à la politique de Darmanin qui menait sa politique islamophobe comme la loi séparatisme en jouant sur le terrain de l’extrême-droite. Ce faisant, en multipliant les cadeaux aux policiers, refusant d’employer le terme « violences policières » et faisant passer des lois comme la Loi Sécurité Globale dans le but d’accentuer l’impunité policière, le gouvernement a, durant tout son premier quinquennat, ouvert la voie à un discours normalisant les violences policières, comme le montrent les propos tous plus réactionnaires les uns que les autres des syndicats de police comme Alliance ou des Le Pen et Zemmour pendant les présidentielles.

Le départ de Lallament qui finira sa fin de carrière planqué dans la cour des comptes ne changera en rien la politique macronienne. Si son départ permet à la macronie de se débarrasser d’une figure qui peut aujourd’hui lui poser problème alors qu’elle est plus que jamais en difficulté depuis les législatives, la macronie compte bien s’appuyer sur son appareil répressif pour faire passer ses prochaines réformes antisociales.

Surtout dans une période où les grèves pour les salaires à l’image de celle de Roissyse multiplient et que le climat social est de plus en plus explosif avec une inflation qui galope et les salaires qui n’augmentent pas. Il s’agit de se préparer dès maintenant pour la rentrée sociale, car peu importe qui sera nommée à la tête de préfecture de police, la répression sera bel et bien là pour nous rappeler que les travailleurs et les quartiers populaires ne sont effectivement pas dans leur camp.


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