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Meeting réussi contre la répression

Besancenot, Kazib, Coquerel, Lordon en soutien à Ahmed et Alexandre, grévistes menacés de révocation par la RATP

Samedi soir, à Pantin, un meeting contre la répression à l’initiative de la coordination Ratp-Sncf et des grévistes du dépôt RATP de Flandre s’est tenu. Une tribune composée de figures politiques et de grévistes, ainsi qu’une centaine de soutiens sont venus réaffirmer leur solidarité avec Ahmed et Alexandre convoqués en entretien disciplinaire ce lundi et menacés de révocation.

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Crédit : O Phil des Contrastes

Après Patrick, Yassine et François ou encore Hani c’est au tour d’Ahmed et de François, des dépôts de Flandre et Vitry d’être convoqués par la direction qui les accuse de « menaces de mort et d’intimidations à l’encontre des salariés » et de « blocage à la sortie des bus ». Par ces convocations calomnieuses la direction de la Ratp s’en prend aux figures de la luttes, à ses leaders exemplaires. C’est une attaque en réalité adressée à tous les grévistes, puisque ces entretiens disciplinaires sont les tentatives d’érection de symboles pour saper la combativité du secteur le plus à l’avant-garde de la mobilisation. C’est ce que sont venus rappeler de nombreuses figures politiques. Ainsi Nathalie Arthaud, porte-parole de Lutte ouvrière et Olivier Besancenot ont participé à la soirée quand Anasse Kazib, Majid Messaoudene, délégué municipal à St-Denis, ou encore Éric Coquerel député de La France insoumise sont intervenus à la tribune aux côtés d’un avocat spécialisé dans la défense des victimes des violences policières, d’une étudiante de Paris 8, d’un enseignant réprimé sur un piquet, de grévistes, et donc de Ahmed et Alexandre.
L’objectif de ces convocations est de faire passer un message, faire la grève, se battre pour l’avenir de tous est à la Ratp synonyme d’un risque de révocation. La seule réponse du gouvernement, et de la direction, qui se plie depuis le début du mouvement aux volontés de ce dernier, et qui a jour après jour envoyé la police sur les piquets, c’est la répression et la sanction. Alexandre El Gamal, gréviste Ratp et élu CGT menacé de révocation, s’est exprimé en ce sens : « La seule réponse du gouvernement et de la RATP à notre grève, c’est d’utiliser la répression, le pouvoir disciplinaire, le seul pouvoir qu’elle a aujourd’hui parce qu’elle n’arrive pas à arrêter la contestation sociale, la seule violence elle est là »

Défendre Ahmed et Alexandre est une nécessité, et ce non seulement au nom de la solidarité, mais parce que ce sont tous les grévistes qui sont touchés lorsqu’un des leurs est attaqué par ces menaces de révocation. Anasse Kazib, cheminot, militant au NPA et à Révolution permanente et l’une des principales figures de la grève est intervenu pour affirmer que « ce qui est en train de se passer pour Ahmed et Alexandre, c’est que la direction veut en faire des panneaux publicitaires pour dire " fermez tous vos gueules la prochaine fois". Elle [la direction] ne touche pas n’importe qui, elle touche des leaders de la grève. La question de la répression elle doit être centrale. Pour élargir, arriver à une grève de masse, reconductible, cela passera par la lutte contre la répression patronale, pour montrer qu’ils ne peuvent pas se permettre de nous sanctionner. »

Eric Coquerel, député de La France insoumis a lui parlé d’un « gouvernement autoritaire » qui aux côtés des directions patronales, réprime la grève « car elle est l’arme fatale des travailleurs ». Il ajoute : « face à l’insurrection que connaît la France depuis un an et demi, il y a une certitude, nous ne sommes pas seulement dans un moment où il y a plus de répression, nous sommes dans un régime autoritaire, dans un régime qui utilise depuis un an demi, et qui n’a plus que ça, les forces de police pour tenir face à la montée des mobilisations, qui manie un outil de propagande médiatique absolument incroyable ». La répression qui s’abat sur les grévistes, tant par les forces armées que patronales du gouvernement est le signe qu’aujourd’hui « nous ne sommes plus en démocratie » selon le député.

Frédéric Lordon, chercheur en philosophie et sociologie, directeur de recherche au CNRS, a laissé un enregistrement pour « dire l’immense admiration que [lui] inspire ceux qui ont porté la grève à bout de bras, le fer de lance d’un mouvement historique, pour dire aussi le dégoût pas moins grand que suscite la réaction des directions, notamment celle de la RATP. Ces institutions et ces pouvoirs, à qui rien de ce qui est misérable n’est étranger, veulent réduire dans la hargne ceux qui les ont défiés mais c’est le combat rageux d’institutions qui sentent venir leur fin prochaine ».

Cette répression et ces menaces de révocations qui s’abattent sur les grévistes sont donc la dernière tentative du gouvernement et de la direction pour empêcher le mouvement de s’étendre. Ainsi Majid Messaoudene, délégué municipal à St-Denis, s’est insurgé contre les tentatives « immondes » de stigmatisation des grévistes qui ont tour à tour été catégorisés d’« homophobes », « de voyous », « de preneurs d’otages » et sont maintenant traités comme des criminels. Il a en outre appelé tous les élus à se joindre à ce combat en soutien aux travailleurs convoqués, rappelant que là est leur rôle de militant politique.

Ce mouvement social a connu, et connait toujours une repressions policière et juridique extrêmement forte. Cette réalité, que les gilets jaunes et les grévistes contre la réforme des retraites ont parfois découvert depuis un an et demi, est le quotidien des banlieues depuis plusieurs décennies. Ahmed, élu Cgt, et l’un deux grévistes convoqués a voulu raconter cette répression qu’il connaît depuis toujours, depuis son enfance à la cité des 3000 : « La répression ne date pas d’aujourd’hui. Aux 3000 [cité d’Aulnay] où j’ai vécu, la répression on l’a connue. Quand les policiers ne pouvaient pas t’arrêter on te mettait une barrette de shit devant les pieds et on t’embarquait pour te mettre en garde-à-vue. La répression on l’a connaît depuis longtemps. Et quand j’ai été embauché en 2004 c’est pas parce qu’ils voulaient de moi, c’est parce qu’ils voulaient des arabes et des noirs pour conduire des bus parce qu’il y avait un taux d’agressions énorme. On nous a pris en 2004 et 18 ans après on veut nous licencier. On ne doit rien à la RATP ! Toute notre vie c’est de l’acharnement contre nous. On t’embauche et 20 ans après on veut te virer parce qu’en 2022 faut restructurer les dépôts donc faut virer toute cette bande de racaille ! »

Face à cette répression l’union des travailleurs et la généralisation à tous les secteurs est plus urgente que jamais. Irène, étudiante à Paris 8, a pris la parole pour avancer la nécessité de la jonction de la jeunesse et des travailleurs, expliquant que le gouvernement réprimait avec la même violence les lycéens devant leurs établissements, que les grévistes et leurs soutiens sur les piquets. Irène a donc dénoncé la répression des lycéens après l’interpellation de 4 lycéens à Ravel : « si cette répression s’abat sur les lycéens aujourd’hui c’est pas pour rien, c’est parce que la jeunesse commence à rentrer dans la bataille. Et ce cocktail explosif fait peur au gouvernement parce qu’il a déjà fait peur par le passé comme en mai 68, un cocktail qui a prouvé que la convergence étudiants-travailleurs pouvait mettre à bas un gouvernement et ses réformes ». Elle est également intervenue pour appeler les étudiants et lycéens à se joindre à cette solidarité interprofessionnelle, en venant soutenir Ahmed et Alexandre, lundi à 11h, aux dépôts de Flandre et Vitry et donc exprimer son soutien aux grévistes réprimés.

Ce meeting a donc été l’occasion de dire, dans une ambiance combattive, que la solidarité contre la répression patronale ou policière est un enjeu central. Ces convocations d’Ahmed et Alexandre devront une nouvelle fois être l’occasion de la démonstration de la solidarité entre tous les grévistes et leurs soutiens, et le rappel aux patrons qui saccagent le droit de grève, aux policiers qui matraquent, gazent, tabassent et incarcèrent que lorsque l’on touche à un gréviste, on touche à tous les autres. Le camp de travailleurs devra encore montrer que personne ne sera laissé seul face à ce gouvernement et à la direction de la RATP, qui répriment et intimident main dans la main. C’est ce que sont venus dire élus et représentants politiques, et grévistes de tous secteur. Et c’est ce qu’a prouvé la mobilisation massive, ce lundi, devant les dépôts de Vitry et de Flandre.


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