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Réforme des retraites

Berger veut un 7 mars calme et sans reconduction : imposons le durcissement de la grève !

Alors que l’intersyndicale appelle à une nouvelle date de mobilisation 7 mars prochain, le dirigeant de la CFDT Laurent Berger prévient au micro d’Europe 1 : « le 7 mars ne sera pas la prolongation du bordel de l’Assemblée nationale ». Une déclaration qui vient éclairer (une fois de plus) sous un autre jour ses appels à « mettre la France à l’arrêt ».

Adèle Chotsky

21 février 2023

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Crédit photo : AFP

Depuis l’appel de l’intersyndicale à « mettre la France à l’arrêt » le 7 mars prochain pour durcir la mobilisation contre la réforme des retraites, la date est dans toutes les têtes et plusieurs secteurs se proposent déjà de faire de cette prochaine journée de mobilisation le point de départ d’une grève reconductible.

Laurent Berger fait le tour des plateaux télé et de tous les micros des médias pour s’exprimer sur les contours de cette date. Ce lundi, le secrétaire général de la CFDT critiquait au micro d’Europe 1 le « spectacle indigne, honteux » donné selon lui à l’Assemblée nationale, tandis que le projet de loi de la réforme vient de quitter l’AN et va être débattu au Sénat. Et d’insister en prévenant bien que « La grève du 7 mars ne sera pas une prolongation du bordel qui s’est passé à l’Assemblée nationale, dans les rues. »

Pas de « bordel » donc, mais surtout pas de débordement du calendrier et des méthodes des directions syndicales. Laurent Berger a ainsi ajouté que « le 7 mars, c’est la poursuite du mouvement syndical orchestré depuis la première manifestation, le 19 janvier dernier. »

Alors que le fait d’avoir ne serait-ce qu’évoqué un blocage de l’économie suscite un enthousiasme important à la base, comme en témoigne le soutien de 58% de la population à cette démarche d’une mise à l’arrêt du pays le 7 mars, force est de constater que l’heure du côté de l’intersyndicale n’est pas à la préparation de la reconductible. Au contraire, les déclarations de Berger essaient de maintenir la prochaine journée de mobilisation dans un cadre bien restreint.

Car affirmer que la journée du 7 mars serait « la poursuite du mouvement syndical orchestré depuis la première manifestation » c’est inscrire la prochaine séquence de mobilisation qui s’ouvre bien en deçà du cran qu’au contraire il serait nécessaire de passer pour réellement faire reculer le gouvernement. Et ce, alors que les journées isolées se succèdent depuis le 19 janvier à l’appel de l’intersyndicale et qu’elles commencent à montrer toutes leurs limites : ainsi, si le niveau de détermination et de colère reste intacte, comme en témoignent des chiffres importants de grévistes et de manifestants, la manifestation du 16 février a vu s’exprimer une forme de lassitude dans les cortèges. Lassitude des manifestations routinières et surtout du manque de perspectives.

Laurent Berger a opposé le « spectacle » de l’Assemblée nationale à la « mobilisation digne et respectueuse » dans la rue, tout en insistant sur la nécessité de « monter d’un cran ». Sauf que cette dénonciation des méthodes à l’Assemblée ne sert qu’à déplorer que les débats au sein de celle-ci n’aient pas pu aller jusqu’à l’article 7 de la réforme des retraites, celui qui conditionne l’âge de départ à 64 ans. Autrement dit, pour Berger, le problème serait « le comportement de certains députés, notamment de la France insoumise, qui ont considéré que l’obstruction était plus bénéfique, contre l’avis des organisations syndicales, que d’aller jusqu’à l’article 7 ».

Ce discours est celui répété en boucle depuis une semaine par Laurent Berger et Philippe Martinez, qui critiquent en chœur le fait que l’obstruction parlementaire de LFI aurait empêché que ne soit discuté l’article 7. Une critique qui enferme la lutte contre la réforme sur le terrain strictement parlementaire et reflète la stratégie de pression sur le Parlement de l’intersyndicale qui pense pouvoir faire pression sur les députés de droite pour rejeter la réforme et faire reculer le gouvernement.

Ainsi, les déclarations de Berger contre le fait de “bordéliser” s’inscrivent dans la droite ligne de son discours qui voudraient cantonner le 7 mars à une démonstration pour peser sur les sénateurs le jour où le texte de loi est examiné au Sénat. Le 16 février dernier, au micro de RMC, Marylise Léon, secrétaire générale adjointe de la CFDT ne trahissait d’ailleurs pas la moindre ambiguïté à ce propos. Selon elle, « la position de la CFDT, c’est le 7 mars, pas plus. Le 8 mars sera également une journée de mobilisation, mais sans lien avec la veille » a-t-elle déclaré. Des déclarations cohérentes avec le refus répété du dirigeant de la CFDT de construire un rapport de force dur avec le gouvernement.

Alors que le gouvernement reste inflexible face aux journées d’action qui se succèdent, il devient de plus en plus clair que le cadre formulé par l’intersyndicale d’une journée de 24h, sans appel à la reconductible, conduit le mouvement dans une impasse. Au lieu de chercher à limiter le 7 mars et à en faire une journée inoffensive dans la “continuité du 19 janvier” l’intersyndicale, dirigée par Laurent Berger, devrait au contraire s’appuyer sur l’immense colère à la base et mettre tout en oeuvre pour préparer les conditions d’un départ en grève reconductible à partir de cette date. Une perspective qu’il faudra lui imposer en combinant élargissement des revendications et auto-organisation à la base.


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