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Répression

« Beauvau de la sécurité » : Macron veut relégitimer la police en vue des mobilisations à venir

Lundi 1er février s'ouvrait officiellement le « Beauvau de la sécurité », une sorte de Grenelle de la police qui vise à préparer une future réforme sur la base de quatre mois de débats avec les syndicats de police et gendarmerie. Un moyen pour le gouvernement de préparer préventivement et renforcer son appareil répressif dans la perspective des prochaines mobilisations.

Rafael Cherfy

2 février 2021

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Crédit photo - THOMAS COEX - POOL - AFP

Le Beauvau de la sécurité se déroulera jusqu’au mois de mai et sera la base d’élaboration de la future loi de programmation de la sécurité intérieure pour 2022. Tous les quinze jours, des débats auront lieu sur différents thèmes avec syndicats de police, gendarmerie, élus, avocats pour définir les contours.

Si les syndicats de police Alliance et Unsa avaient qualifié en premier lieu ce Beauvau « d’indécent » ils ont finalement répondu à l’appel. Pour cela, le gouvernement a dû s’engager à garantir la protection des policiers, notamment en matière judiciaire. Un ultimatum devant lequel le gouvernement a rapidement cédé dans la continuité des précédents gestes du gouvernements vis à vis de sa police.

La nomination de Gérald Darmanin et la loi sécurité globale qui l’accompagnait était déjà une tentative du gouvernement de regagner de l’estime au sein des forces de l’ordre. Le projet de loi tout entier consistait à renforcer l’impunité et la protection de la police avec un article 24 qui correspond directement à une revendication du syndicat Alliance.

Dans la continuité, le gouvernement a tout de suite cédé à la pression quand Alliance a réclamé que figure au programme la réponse pénale qui pourrait donner lieu à la création d’une peine pour les « incivilités » commises à l’encontre des policiers. Des peines qui seraient donc requalifiées de crimes et délits. Aussi l’augmentation importante et déjà prévue de 1,5 milliards d’euros de budgets supplémentaires pour la police sonne vient illustrer très concrètement la démarche du gouvernement.

C’est donc logiquement que Fabien Vanhemelryck, secrétaire général d’Alliance Police nationale, se justifie de participer aux discussions en affirmant que « pour l’instant, le ministre a répondu en tout point à nos attentes ».

Une réponse aux mouvements contre les violences policières et la loi sécurité global

Dans un contexte de forte mobilisation contre la loi sécurité globale en automne dernier avec en fond les mobilisations contre le racisme et les violences policières de l’été 2020 mais aussi la répression du mouvement gilet jaune, le gouvernement Macron fait face à une forte une remise en cause de l’institution policière.

Ce Beauvau de la sécurité sonne comme une tentative de réduire la brèche entre la police et la police et la population qui s’est ouverte notamment depuis le mouvement gilets jaunes et qui s’est particulièrement renforcé avec les mobilisations plus récentes.

C’est dans ce sens que Gérald Darmanin a proposé que « dès la semaine prochaine 10.000 stages, contrats d’apprentissage » soient fait au sein du ministère de l’Intérieur. Ce dernier insiste pour que ces stages et contrats d’apprentissages soient accessible « aux collégiens, aux apprentis, aux étudiants » notamment ceux provenant des quartiers de « reconquête républicaine (QRR) », autrement dit, des quartiers pauvres. La volonté affichée est donc celle de « restaurer la confiance en la police ».

Des moyens pour la répression mais pas pour soigner

A la veille d’un troisième confinement, le gouvernement concentre son attention sur la préparation de sa police aux futures mobilisations. Par ce Beauveau de la sécurité il cherche d’un coté, à se redonner une bonne image aux yeux de ses forces de répressions et de l’autre, il tente de rétablir un rapport pourtant très dégradé entre la police et la population.

Pourtant la future réforme de la police vise à assurer de meilleures conditions de travail aux policiers donc à leur donner plus de moyens pour assurer leur fonction répressive. La tentative d’améliorer la relation entre police et population semble donc compromise d’avance au vu de la crise économique actuelle et du durcissement autoritaire à l’œuvre.

Les milliards investit dans la répression devrait être mis dans la santé et l’éducation. Contre toujours plus de moyens répressifs, l’enjeu actuel consiste surtout à imposer, par la mobilisation de notre camp social, un plan d’investissement massif dans les hôpitaux et l’éducation. Un plan d’investissement qui applique l’embauche des précaires en CDI mais aussi des nouveaux recrutements pour affronter l’épidémie actuelle. Un plan d’investissement qui permette aux facs de rouvrir avec des moyens à la hauteur de la crise sanitaire. Un plan d’investissement qui permette à nos hôpitaux d’encaisser la pandémie avec de nouveaux moyens matériels et humain en parallèle d’une vraie revalorisation des salaires du personnel soignant qui sacrifie actuellement leur vie à en sauver d’autres.


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