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Après #BalanceTonPorc...

#BalanceTonBar : des centaines de témoignages sur les violences sexuelles dans le monde de la nuit

Depuis octobre, des centaines de témoignages sur des violences sexistes et sexuelles subies dans le monde de la nuit affluent sur les réseaux sociaux. S'inscrivant dans la continuité de #MeToo, #BalanceTonPorc et bien d'autres hashtags, cette nouvelle vague de libération de la parole rappelle une fois de plus le caractère systémique de ces violences.

Tatiana Magnani

17 novembre 2021

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En octobre dernier, des femmes racontent sur les réseaux avoir été victimes de violences sexuelles dans un quartier estudiantin de Bruxelles après avoir été droguées par des serveurs au GHB, substance avec des qualités sédatives connue sous le nom de « drogue du viol ». Le hashtag #BalanceTonBar devient alors viral et des centaines de témoignages d’agressions sexuelles et de viols déferlent par la suite sur les réseaux sociaux, dont plusieurs dizaines sont recensés sur le compte Instagram bruxellois Balance ton bar.

Le mouvement prend de l’ampleur et réunira des milliers de personnes dans les rues de la capitale belge le 12 novembre à l’initiative d’un regroupement de collectifs féministe, l’Union féministe inclusive autogérée (UFIA), pour dénoncer les violences sexuelles dans le monde de la nuit et en appelant à boycotter tous les bars et clubs de la ville « pour atteindre leur porte-monnaie ». Le rassemblement comptera plusieurs prises de paroles, des témoignages, montrant la libération de la parole face à l’omerta qui régnait et dans un contexte festif, censé être un moment de lâcher prise.

En France, le mouvement s’est également répandu dans plusieurs villes, comme Nantes, Paris et Grenoble. Rien qu’à Paris, le collectif Héroînes 95 avait recensé 21 cas de femmes droguées à leur insu dans des bars, notamment à Pigalle. Le collectif, à l’image du mouvement en Belgique, appelle à boycotter les bars et porte comme revendications principales la formation du personnel des établissements de nuit à l’accompagnement des victimes et créer des espaces sécurisées où les victimes pourront attendre les secours.

Mis bout à bout avec #MeToo, #BalanceTonPorc, #MeTooInceste, #SciencesPorcs ou encore, plus récemment, #MeToo Politique, cette nouvelle vague de libération de la parole rappelle l’ampleur des violences sexistes et sexuelles et des techniques adoptées pour les faciliter. Surtout, elle rappelle le caractère structurel de ces violences et dénoncent l’omerta qui les entoure. Devant les caméras de Brut, une manifestante belge raconte ainsi : « on en a marre de devoir constamment faire attention entre nous, entre copines, tous les soirs faire attention à mon verre quand je vais en boîte, devoir mettre ma main au-dessus […] on veut juste vivre normalement ». Pour les femmes, il s’agit de toujours faire attention à ce qu’on boit, à ne pas trop boire, à faire attention à son attitude, à qui l’on parle, sous peine d’être réprimandée sur son comportement voire de s’entendre dire qu’on « l’a bien cherché ». Une omerta qui trouve souvent son illustration la plus flagrante chez la police, lorsque des victimes tentent de porter plainte, avec des questions comme « que portiez-vous ce soir là » de manière répétitive.

Cette nouvelle vague de témoignages s’inscrit ainsi dans les différentes vagues de libération de la parole depuis 2016 autour des violences sexistes et sexuelles, une première étape indispensable pour sortir ces violences quotidiennes de l’omerta. Elle montre l’urgence de porter un programme qui lie les questions de genre, de santé et d’éducation pour permettre une prise en charge des victimes ainsi que le besoin de sensibilisation sur les drogues. Plus largement, et alors que la procureure de Paris a annoncé l’ouverture d’une enquête, le caractère systémique de ces violences montre qu’il est plus que jamais nécessaire de s’organiser contre le patriarcat, en tout indépendance de l’État et de ses institutions.


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