×

Des chiffres discutables

Baisse du chômage : le nouveau coup de com’ du gouvernement

Malgré l’annonce en grande pompe d’une baisse du chômage par le gouvernement, la réalité est beaucoup plus nuancée. Entre restrictions des conditions d’accès aux allocations chômage, précarisation de l’emploi et radiations, le bilan est très mitigé.

Facebook Twitter

Crédit photo : AFP

Quelques mois après la contre-réforme de l’assurance-chômage – qui entrera en vigueur dans son entièreté en avril – attaque historique contre les franges les plus précaires du salariat, dont l’objectif est de faire des économies en diminuant le nombre de bénéficiaires des allocations chômage et le montant des allocations, le gouvernement se gargarise aujourd’hui des chiffres du chômage publiés par l’INSEE.

« Je me réjouis parce que c’est un succès décisif pour la France et c’est un succès décisif de la politique économique que nous menons depuis maintenant près de 3 ans », a déclaré ce jeudi matin le ministre de l’économie Bruno le Maire, sur BFM.

L’INSEE estime en effet que le taux de chômage a reculé de 0,4 points au quatrième trimestre 2019 (soit 0,7 points sur l’année écoulée) atteignant 8,1 %, un « record » depuis 2008.

La croissance n’étant pas à la hauteur des espérances du gouvernement puisqu’elle ralentit depuis 2017, les « bons chiffres » du chômage sont la nouvelle vitrine de la « réussite » de la politique gouvernementale. Pourtant, derrière ces chiffres positifs mis en avant, la réalité est bien différente.

Au-delà d’une baisse relative du chômage : bullshit jobs et ubérisation

Cette baisse du chômage est toute relative, le taux de chômage restant supérieur à la moyenne européenne. Si la création d’emplois a profité de la croissance économique de 2017, son ralentissement la rend très fragile. D’ailleurs, Le Maire lui-même mentionne les facilités de licenciements induites par les politiques néolibérales, d’après la sacro-sainte doxa selon laquelle faciliter les licenciements… encourage l’emploi.

D’autre part, la baisse du chômage s’accompagne d’une précarisation du travail. Comme le souligne Henri Sterdyniak, membre des économistes atterrés : « Les entreprises ont fait payer cette hausse de l’emploi au prix fort, par l’insécurisation induite par les lois El Khomri et Pénicaud, par les exonérations de cotisations sociales – 60 milliards d’euro en 2019 – par le développement de l’emploi précaire – 15,5 % des emplois sont en CDD, en intérim, en faux entreprenariat – et par le développement de l’emploi à temps partiel subi – 1,5 million de personnes, 5,4 % de l’emploi. ». Le taux de salariés en dessous du seuil de pauvreté continue d’ailleurs d’augmenter.

Derrière les effets d’annonce : un « halo du chômage » historiquement fort

Par ailleurs ces chiffres du chômages officiels cachent une autre réalité. Les analystes bourgeois concèdent eux-mêmes que sur les sortants de Pôle Emploi seuls 20 % ont retrouvé un emploi. Au moins 8 % se sont vus radiés tandis que pour les autres il peut s’agir d’une non actualisation de leur statut à Pôle Emploi, d’une offre de stage, d’un déménagement etc.

C’est pourquoi le corollaire de la baisse du taux de chômage est une hausse historique du nombre de personnes rejoignant le halo du chômage, c’est-à-dire les cas de chômage non reconnu (du fait d’un travail occasionnel, d’un temps-partiel subi ou toute personne souhaitant travailler). Ce dernier est passé de 1 646 000 à 1 705 000 personnes entre le troisième et le quatrième trimestre 2019. Ce sont donc 59 000 personnes supplémentaires, alors même que les sortants du chômage sont estimés à 85 000. L’équivalent de près de 70 % des sortants ont donc perdu leur indemnité chômage mais restent dans une situation de grande précarité, voire de chômage non reconnu.

Derrière les fanfaronnades du gouvernement Macron, on voit ainsi se traduire par les chiffres la politique de durcissement des conditions d’accès aux allocations chômage et les radiations qui s’en suivent. Répression des plus pauvres, précarisation, casse sociale : parce que c’est notre projet !


Facebook Twitter
Éducation : la grève du 22 avril ne peut rester isolée, il faut un plan pour élargir la lutte !

Éducation : la grève du 22 avril ne peut rester isolée, il faut un plan pour élargir la lutte !

SNCF : 300 personnes en soutien à Régis, menacé de licenciement pour avoir dénoncé des VSS

SNCF : 300 personnes en soutien à Régis, menacé de licenciement pour avoir dénoncé des VSS

Roissy : face à la pression patronale, les salariés d'un sous-traitant de Sixt en grève reconductible

Roissy : face à la pression patronale, les salariés d’un sous-traitant de Sixt en grève reconductible

100€ à débourser pour accéder à son CPF : le gouvernement fait à nouveau payer les travailleurs

100€ à débourser pour accéder à son CPF : le gouvernement fait à nouveau payer les travailleurs

« Ils veulent museler toute contestation ». La CGT Fleury Michon appelle à la grève contre la répression

« Ils veulent museler toute contestation ». La CGT Fleury Michon appelle à la grève contre la répression

5 jours de mise à pied : la SNCF réprime Marion, cheminote ayant dénoncé une agression sexuelle

5 jours de mise à pied : la SNCF réprime Marion, cheminote ayant dénoncé une agression sexuelle

« Tavares gagne 36,5 millions grâce aux ouvriers sous-payés » Vincent, délégué CGT Stellantis

« Tavares gagne 36,5 millions grâce aux ouvriers sous-payés » Vincent, délégué CGT Stellantis

Toulouse. Marche blanche en mémoire d'Adrien, employé de l'ATPA-SPA en lutte contre la maltraitance animale

Toulouse. Marche blanche en mémoire d’Adrien, employé de l’ATPA-SPA en lutte contre la maltraitance animale