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Patrons-Voyous

Avec la complicité de l’Etat, Renault abandonne 350 salariés à la Fonderie de Bretagne !

L’entreprise automobile Renault a annoncé jeudi la fermeture de l’usine, trahissant sa promesse tenue en mai dernier de maintenir le site en activité. Malgré les cinq milliards d’aides publiques perçues par la multinationale, Renault poursuit sa logique de suppression d’emplois avec la complicité des pouvoirs publics.

Antoine Weil

12 mars 2021

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Crédits photo : Fred TANNEAU / AFP

Alors qu’un comité économique et social extraordinaire s’est tenu ce jeudi 11 mars à la Fonderie de Bretagne, la direction de Renault a annoncé la fermeture du site de Caudan, près de Lorient dans le Morbihan. La fermeture de ce site, implanté sur la ville depuis 1965, menace ses 350 salariés, auxquels il faut ajouter au moins 150 sous-traitants, pour une usine qui produit des pièces de fonderie brutes et usinées pour l’industrie automobile. Si Renault affirme rechercher un repreneur, l’entreprise s’est montrée très flou. Pour le syndicat CGT des Fonderies de Bretagne, les intentions du patron sont claires : il compte fermer l’usine.

Renault revient sur sa promesse : « une trahison à tous les niveaux »

Pour la section CGT de l’usine, cette annonce est le signe d’une « trahison à tous les niveaux ».
Trahison d’une part à l’encontre des travailleurs qui, alors que l’usine a été incendiée en 2019, ont tout fait pour remettre sur pied l’outil de travail. Comme l’explique Maël le Goff élu CGT, les employés « se sont démenés avec les changements de poste et changements d’horaires »
pour maintenir l’activité malgré l’incident. La malhonnêteté de Renault va plus loin, en mai 2020 alors que la fonderie était déjà menacée de fermeture, l’entreprise avait affirmé par la voix du directeur de la fonderie de Bretagne Laurent Galmard : « La fonderie ne fermera pas », cédant ainsi face au bloquage de l’usine par les salariés

Moins d’un an plus tard, la multinationale revient sur sa promesse, et s’apprête à détruire 500 emplois. Elle fonde sa décision sur une étude commandé par l’entreprise au cabinet Advancy, qui démontre en apparence l’obsolescence du site, condamné à ne pas être rentable.

Dénoncée par la CGT, cette étude se fonde effet sur des informations partielles, essaie de justifier la fermeture du site par la manque de compétitivité par rapport aux autres concurrents, sans préciser desquels concurrents il s’agit, ni d’expliquer le volume que ses concurrents produisent. Cette étude donne dès lors l’impression d’avoir été commandé pour justifier la suppression de l’usine. En effet, elle arrive à la conclusion que le site nécessite 116 millions d’euros de financement sur les 10 prochaines années, quand une autre étude, mandatée par le CSE lors du conflit de mai dernier, estime que les Fonderies de Bretagne seront positives financièrement pendant 10 ans.

La décision de Renault de ne pas prendre en compte l’étude du CSE constitue selon la CGT de l’entreprise la preuve que la promesse de trouver un repreneur est vaine, et que l’intention de Renault est bel est bien de fermer un site viable économiquement.

Si les salariés dénoncent la trahison de Renault, ils n’en oublient pas pour autant la complicité des pouvoirs publics. A l’échelle des collectivités locales d’abord, la région de Bretagne, et l’agglomération de Lorient aurait versé cinq millions d’euros à Renault en 2009, pour reprendre l’usine qu’une autre multinationale de l’automobile, Teksid-Fiat gérait depuis une dizaine d’années. Après avoir déboursé des sommes considérables pour le budget de collectivités locales, voir Renault abandonner le site à peine dix ans après, pousse évidemment les élus à s’indigner.

 De l’Etat aux collectivités locales : complicité à tous les étages

Si ces derniers, à l’image des maires socialiste de la commune de Caudan et de l’agglomération de Lorient, ou de la présidence de la région Bretagne qui s’offusquent de la décision de la firme automobile, les ouvriers de l’usine rappellent à l’inverse leur duplicité. La CGT des Fonderies de Bretagne insiste en effet sur la « trahison des élus » qui ont accepté une charte de confidentialité, permettant à Renault d’avancer masqué.

Forts de cette dénonciation, les salariés de l’entreprise doivent en effet garder à l’esprit, que malgré leurs larmes de crocodiles, les élus et représentants des différents partis bourgeois ne seront d’aucune aide dans la lutte contre les licenciements, comme ont pu le démontrer les luttes précédentes, à l’image de celles Bridgestone, où, malgré l’émotion affichée par les pouvoirs publics, rien n’a été fait pour empêcher les 863 licenciements

Au contraire, entre Renault et les ouvriers bretons, l’Etat penche clairement du côté de la multinationale. Sûre de son soutien, cette dernière peut mettre sur le carreau 350 travailleurs, alors qu’elle a bénéficié d’un prêt bancaire de cinq milliards d’euros garanti par l’Etat français.

Une aide d’une telle importance n’empêche en effet pas l’entreprise de prévoir plus de 15 000 suppressions d’emplois, dont 4600 en France, et ce alors même que l’Etat est le principal actionnaire de Renault, détenant 15% des parts de l’entreprise.

Dès lors, les travailleurs des Fonderies de Bretagne doivent garder à l’esprit qu’ils n’ont rien à attendre d’un Etat qui laisse Renault licencier, après que le groupe se soit gavé de bénéfices, ces derniers atteignant la somme de 25 milliards d’euros sur les dix dernières années.

Bien décidé à faire payer ses échecs industriels aux travailleurs, Renault risque de généraliser les fermetures de site. Selon Jean-François Pibouleau, de la CGT Renault, la multinationale compte se défaire de nombreuses fonderies, similaires à celle de Bretagne, notamment au Mans et à Cléon, mais aussi la fonderie du Poitou, d’ores et déjà menacée de 292 suppresions d’emplois

Face à l’ombre des licenciements et des suppressions d’emplois qui menacent l’ensemble de 48 000 salariés de Renault en France, il est dès lors d’urgent de se mobiliser pour faire reculer la multinationale. A l’heure ou le patronat mène une attaque d’ampleur contre les travailleurs, avec 83 000 personnes déjà menacées par des plans de licenciement, les salariés de la Fonderie de Bretagne doivent refuser à tout prix les suppressions d’emplois par la grève et l’auto-organisation, et à leur tour relever la tête face aux mensonges et trahisons de Renault, appuyés par les pouvoirs publics.


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