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Hypocrisie

Assesseures voilées : la surenchère islamophobe reprend dans le cadre de la loi séparatisme

Cette semaine, est à nouveau discuté le projet de loi séparatisme à l’Assemblée Nationale. Le débat s’est notamment cristallisé autour d’un amendement contre le port du voile pour les assesseuses. Une occasion dont s’est servie le gouvernement pour tenter hypocritement de se redonner une image modérée et progressiste, au lendemain des régionales.

Enora Lorita

30 juin 2021

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Crédits photo : AFP

Depuis le début de semaine, le projet de loi sur le séparatisme est rediscuté en deuxième lecture à l’Assemblée nationale. Présenté comme l’antidote contre « l’OPA islamiste », le projet de loi « confortant les principes républicains » est en réalité un cheval de Troie pour le gouvernement pour avancer des attaques profondément islamophobes, ciblant les musulmans comme des ennemis de l’intérieur. Début avril, le Sénat avait par exemple adopté « l’amendement UNEF », permettant la dissolution des associations organisant des réunions en non-mixité contre le racisme.
 
Adopté en première lecture à l’Assemblée, le Sénat avait mi-avril largement durci le texte, déjà profondément islamophobe, en y intégrant notamment des mesures contre le port du voile et pour la « neutralité » à l’université. 
 
Une partie de ces amendements, dont l’interdiction du port de signes religieux pour les accompagnateurs de sorties scolaires, ainsi l’interdiction du burkini dans les piscines municipales, avait finalement été supprimée par l’Assemblée nationale mi-juin, au grand désarroi de LR. La majorité présidentielle s’était quant à elle saisie de cette occasion pour tenter de se donner une image faussement progressiste. Dans ce cadre, l’Assemblée nationale est chargée de réexaminer le projet de loi, et ses 1 100 amendements déposés.
 

Un amendement anti-voile pour les assesseuses

 
Cette semaine, le projet de loi étant une nouvelle fois discuté à l’Assemblée nationale, LREM s’est à nouveau positionnée hypocritement contre les positions islamophobes de LR, alors même que la majorité présidentielle est initiatrice des aspects les plus réactionnaires de la loi.
 
Le débat s’est ainsi cristallisé autour d’un amendement du MoDem, proposant d’interdire tout signe ostentatoire d’appartenance religieuse, et plus particulièrement le voile, par les assesseurs de bureaux de vote. Une proposition des plus racistes qui n’est évidemment pas sans lien avec la polémique créée par Jordan Bardella, candidat RN, lorsque celui-ci a publié une photo de lui émargeant dans un bureau de vote à Saint-Denis devant une assesseuse voilée. 
 

L’hypocrisie d’un gouvernement raciste

 
Les membres de la majorité LREM, menés par Marlène Schiappa, n’ont pas manqué de se saisir de cette instrumentalisation grossière pour tenter de se placer hypocritement en défenseurs de la lutte contre l’islamophobie, alors même qu’ils sont à l’origine de ce projet de loi et des attaques réactionnaires opérées depuis des mois. Ainsi, la ministre chargée de la Citoyenneté, Marlène Schiappa, a appelé à « ne pas alimenter une spirale de stigmatisation et de haine », avant de tweeter : « J’ai de la peine pour cette dame qui s’est levée tôt pour exercer bénévolement son devoir citoyen dimanche & être assesseure, que vous comparez à une terroriste ! Il faudrait plus de gens comme elle pour la démocratie ! ».
 
Au lendemain des régionales, et à quelques mois des présidentielles, la majorité souhaite donc se redonner une image progressiste et modérée. Pourtant, c’est ce même gouvernement qui est à l’origine des lois racistes et islamophobes que nous subissons depuis des mois, telle que la loi sécurité globale, mais aussi d’attaques comme la dissolution du CCIF. C’est aussi ce gouvernement qui, derrière Jean-Michel Blanquer, a proposé un « plan pour la laïcité à l’école » dont le principal architecte n’est autre que Jean-Pierre Obin, auteur de l’ouvrage « Comment on a laissé l’islamisme pénétrer dans l’école ».
 
Quant à Marlène Schiappa, rappelons que c’est elle qui, il y à peine deux mois, prononçait le discours d’ouverture des « états généraux de la laïcité », réunissant des figures telles que le philosophe Henri Peña-Ruiz connu pour avoir défendu le « droit d’être islamophobe » ou encore l’essayiste Caroline Fourest, figure du fémo-nationalisme et dénonciatrice de « l’islamo-gauchisme »
 
Le gouvernement Macron, qui est pourtant à l’origine du projet de loi islamophobe qu’est la loi séparatisme, tente donc de se repositionner, et de se délimiter de la droite et de l’extrême-droite avant le lancement de sa campagne pour les présidentielles. Un avant-goût du « rempart contre le RN » qui va sans aucun doute être martelé par LREM au cours des prochains mois, souhaitant regagner l’électorat progressiste en vue du printemps 2022.


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