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La prison tue !

Appels à la mobilisation contre les violences pénitentiaires et les morts en prison ce dimanche

Plusieurs rassemblements, manifestations et évènements auront lieu dans plusieurs villes du pays pour dénoncer cette forme de violence qui se passe en silence dans les prisons.

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« Dans le pays des libertés, on n’a pas le droit de tuer » a déclaré Christian Chouviat lors de la manifestation contre les violences policières du 20 mars 2021 à Paris. Et pourtant, il semble bien que la peine de mort ne soit toujours pas abolie en France.

Les quartiers disciplinaires et les quartiers d’isolement, une condamnation à mort qui ne dit pas son nom

Le 27 avril 2021, un jeune homme de 18 ans est retrouvé pendu dans sa cellule du quartier d’isolement à la maison d’arrêt de Saint-Brieuc après avoir demandé en vain à ce que son placement en quartier d’isolement soit fractionné ; un autre prisonnier d’une vingtaine d’années, placé en cellule disciplinaire depuis plusieurs jours, s’est pendu le 6 janvier 2021 à la prison de Gradignan ; le 23 janvier, un homme d’une trentaine d’années s’est lui aussi suicidé au quartier d’isolement ; c’est au quartier disciplinaire (ou "mitard") de la maison d’arrêt de Seysses que Jules, 20 ans, est mort dans la nuit du 5 au 6 décembre 2020 ; Idir, 22 ans, est décédé le 9 septembre 2020 au quartier disciplinaire de la maison d’arrêt de Lyon Corbas ; le 27 mai 2019, Amara Fofana est retrouvé mort dans la cellule du quartier disciplinaire de Réau où il a été placé une demi-heure plus tôt ; le samedi 21 juillet 2018, L.H., 21 ans, est retrouvé mort à la maison d’arrêt de Fleury-Mérogis où il était incarcéré ; en octobre 2011, Jamal meurt à 23 ans dans sa cellule du mitard de la maison d’arrêt de Nanterre ; la vie d’Eric Blaise a pris fin le 13 novembre 2005 dans une cellule du mitard de la prison de Fleury-Mérogis.

Cette liste est loin d’être exhaustive, les faits sont incontestables : les morts s’enchaînent en prison, un•e prisonnier•ère y meurt tous les trois jours et l’on s’y suicide six fois plus qu’à l’extérieur, et jusqu’à cinquante fois plus en quartier disciplinaire. Condamner une personne à la prison, et plus particulièrement au quartier disciplinaire (le « mitard ») ou au quartier d’isolement, équivaut souvent à une condamnation à mort qui ne dit pas son nom.

Toutes les personnes concernées, prisonnier•ères, proches, « spécialistes » en tout genre, psychiatres, cherch•eur•ses, associations, comités de prévention, journalistes, militant•es, font le même constat : l’isolement carcéral est une torture physique et psychologique, un obstacle supplémentaire aux objectifs de « réinsertion » pourtant brandis par les partisan•es de la prison. En effet, l’isolement carcéral compromet l’adaptation à la vie en communauté et complique les futures interactions sociales. Il est un des facteurs principaux du développement de maladies psychotiques chez les personnes incarcérées, provoquant panique, anxiété, dépersonnalisation, paranoïa, hallucinations, dépression ou aggravant les pathologies existantes. Car comme le dit Christine, ancienne prisonnière, « la solitude, c’est dangereux, ça mange le cerveau ».

La question du suicide ne saurait néanmoins occulter la question plus large des violences péniten-tiaires et des difficultés rencontrées par les personnes détenues pour faire reconnaître ces vio-lences, comme le souligne le récent rapport de l’Observatoire International des Prisons. Parmi les nombreuses morts qui ont lieu en prison, une grande partie reste suspecte : alors qu’elles ont lieu loin des re-gards, les proches des prisonniers décédées ne croient pas aux versions officielles données par l’Administration Pénitenitaire, et se battent non seulement pour obtenir justice mais aussi pour connaître la vérité.

Aujourd’hui, la prison demeure en effet un angle-mort propice à l’arbitraire du pouvoir. Le contexte actuel de prise de conscience collective de l’ampleur des violences policières en France et des difficultés à faire reconnaître celles-ci par l’institution judiciaire rendra peut-être audibles les voix qui s’élèvent depuis tant d’années pour dénoncer l’invisibilisation d’une autre violence, elle aussi trop souvent mortelle, elle aussi perpétrée par des représentant•es de la force étatique : celle qui règne dans l’ombre des prisons françaises, et plus encore au sein des quartiers disciplinaires, les « mitards » ou « prisons dans la prison ».

Le cas de la mort d’Idir

Le 9 septembre 2020, Idir Mederess, est retrouvé mort dans sa cellule du quartier disciplinaire de la maison d’arrêt de Lyon Corbas, deux semaines avant la date à laquelle il aurait dû être libéré. Privé d’eau et d’électricité, il a été contraint de boire l’eau des toilettes durant les derniers jours de sa vie et son cas est emblématique de la violence extrême qui peut s’exercer sur les détenu•es en toute opacité derrières les murs des quartiers disciplinaires.

Bien qu’un détenu ait affirmé qu’Idir ait été passé à tabac par des surveillants, l’enquête piétine et la famille n’arrive pas à obtenir Vérité et Justice. Assassinat ou suicide, personne ne devrait mourir en prison. L’association Idir Espoir et Solidarité, créée à la suite de la mort d’Idir, se bat pour que justice soit faite et a lancé une pétition pour radier les quartiers disciplinaires.

Avec le Réseau d’Entraide Vérité et Justice, elle appelle également à une journée de mobilisation nationale chaque dernier dimanche de mai pour lutter pour le respect et la dignité des prisonnier•ères et contre les violences pénitentiaires.

La première mobilisation se tiendra le dimanche 30 mai dans plusieurs villes du pays dont Lyon, Paris, Nantes, Bordeaux. Voici quelques rendez-vous :

LYON - Rassemblement : 14h - Place Bellecour par le collectif Nous Sommes Idir
EspoireSolidarite et L’Envolée journal

PARIS - Rassemblement : 13h - Place de la République par le collectif Justice pour jimony

VILLEURBANNE - Discussion/Repas : 18h - Île égalité - 6 rue de l’Egalité - Cusset

BORDEAUX - Rassemblement : 15h - Devant la maison d’arrêt de Gradignan par le collectif Contre Les Abus Policiers - Clap33 et L’autre parloir - 90.1 sur la Clé des Ondes -Genepi Bordeaux

NANTES - Manifestation : 15h - Préfecture

PERPIGNAN - Causerie populaire : « Mourir en prison, à petit feu ou de mort violente ». Proposé par le comité Comité vérité justice 66

Pour plus d’informations : https://fermerlesmitards.over-blog.com


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