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"et en même temps" que les mobilisations contre la loi travail

Annonce de la PMA : une bonne nouvelle aux allures de diversion

Alors que des centaines de milliers de manifestants s’apprêtaient à sortir dans la rue contre la Loi travail XXL, Marlène Schiappa déclare au matin du 12 septembre que le gouvernement prévoit d’ouvrir la PMA à toutes les femmes en 2018. Une bonne nouvelle pour cette promesse de campagne longtemps repoussée aux calendes grecques, mais aussi une tentative de diversion de la part du gouvernement face à une mobilisation qui s’est avérée plus forte que prévue.

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Promesse non tenue sous le quinquennat Hollande, la secrétaire d’Etat chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes Marlène Schiappa se montre ferme quant à sa réalisation sous la présidence de Macron : « C’est un engagement de campagne, et comme tous les engagements de campagne ’Emmanuel Macron, il sera tenu, » déclare-t-elle sur BFMTV.

Une déclaration encore dans l’attente de précisions

Marlène Schiappa a confirmé mardi matin que l’ouverture de la PMA à toutes sera proposée dans le cadre de la révision de la loi de bioéthique fin 2018, sans pour autant donner plus de précisions.
En effet, depuis l’avis positif rendu par le Comité Consultatif National d’Ethique (CCNE), on avait déjà supposé que «  si le gouvernement venait à trancher en faveur de l’élargissement de la PMA, la
question pourrait être renvoyée à la prochaine révision des lois de bioéthique, en 2018.
 »

Puis le 11 juillet dernier, la ministre de la santé Agnès Buzyn a annoncé de la même manière : « Nous allons voir quand il convient d’ouvrir ce sujet, sachant que fin 2018 nous devrons de façon systématique rouvrir les lois de bioéthique. Donc, il est probable que cette discussion aura lieu (...) dans le courant de 2018. »

Autrement dit, la secrétaire d’Etat nous apporte peu d’éléments supplémentaires, tout en relançant les débats autour de la PMA dans la presse.

Parler de « justice sociale » sur un écran de fumée médiatique

Pour appuyer sa position, Marlène Schiappa développe cependant un axe particulier : la dimension sociale de ce projet. Elle défend ainsi cette mesure de « justice sociale », qui mettrait fin à une « forme de discrimination à l’égard des femmes lesbiennes et célibataires, » mais aussi parce que « des femmes en France ont les moyens d’aller à l’étranger pour bénéficier d’une PMA, et il y a des femmes qui n’ont pas les moyens. »

Oui, la PMA est une revendication portée depuis des années par les mouvements féministes et LGBTI, en partie d’ailleurs pour ces mêmes raisons, et cette préoccupation représente une avancée dans la conquête des droits des femmes et LGBTI. Mais c’est aussi une question très clivante, qui occasionne de nombreux débats et peut rapidement prendre de la place sur la scène médiatique. Déjà, les représentants de la Manif pour Tous se sont lancés dans des tribunes publiques, et ils pourraient bien, lors des prochaines semaines, vouloir prendre le pavé aux opposants à la loi travail.

En temps normal, cela aurait été une bonne nouvelle. Mais installer ce débat dans le paysage médiatique alors même qu’une mobilisation équivalente au 9 mars 2016 a lieu, c’est détourner le focus de ce qui est en train de se jouer dans la rue. Tout porte à croire que le gouvernement verrait cela comme une aubaine, tout autant pour limiter l’impact médiatique de l’opposition à ses réformes que pour diviser les forces au sein des opposants à la loi travail, avec une fraction qui se mobiliserait pour soutenir la proposition du gouvernement contre l’aile de la droite conservatrice hostile à la PMA. En plus du silence de la presse sur la réussite de la mobilisation du 12, le gouvernement voudrait-il faire passer la pilule de la Loi travail XXL en nous donnant la PMA pour toutes ?

Travailleurs et étudiants, féministes et militants LGBTI : tous ensemble dans la rue

À en croire les chiffres et la détermination des manifestants ce 12 septembre, il faudra davantage que cela au gouvernement pour faire passer sa réforme du code du travail.

Des militants d’Act Up et du Collectif Féministe Révolutionnaire ont formé un Pink Block, cortège féministe et LGBTI réussi au sein de la manifestation parisienne conter le loi Travail, rappelant que les femmes et personnes LGBTI seront les premières victimes de cette réforme. Un bel exemple, qui montre que les femmes et personnes LGBTI ont tout intérêt à se battre non seulement pour la PMA, mais aussi pour des conditions de travail décentes.

Pour reprendre un de leur slogan : « Je suis fainéant-e, je suis extrémiste, pour nos acquis, toujours féministe ! »

crédits photo Marche des fiertés, le 29 juin 2013 à Paris. Photo Lionel Bonaventure. AFP


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