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« Ces magasins doivent fermer pour toujours »

Afrique du Sud : H&M se prend un retour de bâton anti-raciste

Le 8 janvier dernier, H&M déclenchait une polémique mondiale en raison de la photo raciste présente sur son site où l'on voyait un enfant noir vêtu d'un pull dont le slogan affirmait « je suis le singe le plus cool de la jungle ». La réponse ne s'est pas fait attendre en Afrique du Sud. Samedi dernier, des militants ont vandalisé tous les magasins de la capitale en exigeant que l'enseigne suédoise « ne soit plus autorisée ».

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« H&M : dites bonjour aux singes les plus cool ! ». C’est avec ce type de pancarte que les militants du parti des Combattants pour la liberté économique (EFF), de Julius Malema, ancien dirigeant de la jeunesse du parti au pouvoir l’ANC, ont manifesté devant les magasins de l’enseigne suédoise. La cause de leur colère remonte à la semaine dernière lorsque le site du magasin de vêtements diffuse une photo d’un jeune enfant noir affublé d’un pull où est inscrit le slogan raciste « je suis le singe le plus cool de la jungle ». La polémique mondiale qui suit la publication de cette publicité engendre une condamnation unanime. En Afrique du Sud, la réponse à cette agression raciste s’est déroulée samedi dernier à Johannesburg, la capitale du pays, où six magasins H&M ont été vandalisés par les militants anti-racistes.

Suite à cette riposte anti-raciste, la chaîne a décidé de baisser le rideau métallique sur l’ensemble du territoire. Les militants anti-racistes demandent en effet la fermeture définitive et le départ de l’enseigne suédoise du pays. Ils veulent montrer qu’ils sont résolus à se « battre frontalement contre le racisme  » comme l’a affirmé Julius Malema lors d’un meeting à Polokwane dimanche dernier. Le vice-président de l’EFF, Floyd Shivambu, a également félicité ses militants d’avoir « affronté physiquement le racisme  » en soulignant que « H&M doit accepter les conséquences de son racisme ». Benjamin Desoloane, l’un des représentants du parti à Johannesburg, demande à ce que l’enseigne soit fermée « pour toujours et non temporairement ».

L’action menée dans divers centre commerciaux de la capitale a entraîné une répression policière venue défendre les magasins. Des balles en caoutchouc ont été tirées sur les manifestants. Si aucun d’entre eux n’a été arrêté sur le fait, la police envisage de procéder à des interpellations ultérieurement à partir des vidéos de surveillance.

En tout cas, l’action a suscité la polémique en Afrique du Sud où l’Alliance démocratique, principale force d’opposition, a condamné les actes commis contre H&M. Dans un numéro bien rodé de pacifisme, le chef du parti libéral, Mmusi Maimane, s’est fendu de l’affirmation suivante : « Êtes-vous bien différents quand vous combattez le mal par le mal ? ». Ce à quoi, Mbuyiseni Ndlozi, porte-parole de l’EFF, a répondu que « Nous ne nous excuserons jamais pour notre lutte contre l’utilisation de la couleur de notre peau comme moyen d’oppression, d’exclusion, d’humiliation et de dénigrement ».

Des politiciens et des représentants du patronat ont essayé également d’utiliser de façon démagogique les travailleurs noirs de H&M pour discréditer l’action des militants antiracistes. Ces représentants des capitalistes sont les mêmes qui tuent à petit feu les travailleurs dans les usines ou dans les mines sud-africaines avec des conditions de travail déplorables, ce sont les mêmes qui criminalisent les travailleurs quand ils se mettent en grève, allant parfois jusqu’à les tuer comme lors du massacre de Marikana en 2012.

Ces attaques en réponse à une publicité raciste sont aussi l’expression d’une radicalité montante au sein de la jeunesse sud-africaine qui a été à la tête d’importantes luttes ces dernières années. Cependant, ces actions ne semblent pas être coordonnées avec les travailleurs, à commencer par les salariés des magasins de H&M qui pourraient voir les voir comme une menace pour leurs postes de travail. Et c’est là la principale limite de ces dénonciations, et non le soi-disant « vandalisme » ou « violence ». Des actions coordonnées entre les militants antiracistes et les salariés de H&M en dénonçant cette publicité inacceptable, pourrait aider également les salariés à mettre en avant leurs propres revendications et arracher de meilleurs conditions de travail. Peut-être un tel résultat serait plus douloureux pour le patronat non seulement à H&M mais pour l’ensemble de la classe capitaliste qui exploite et opprime les travailleurs, la jeunesse et les classes populaires noires.


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