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« Sarko au cachot »

Affaire Bygmalion. Une nouvelle peine de prison ferme requise contre Nicolas Sarkozy

Six mois ferme requis à l’encontre de Sarkozy par le tribunal correctionnel de Paris pour avoir truqué ses comptes de campagne. Une nouvelle condamnation pour ce voyou multirécidiviste en col-blanc et le symbole de la corruption des classes dirigeantes.

Yann Causs

18 juin 2021

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Crédits photos : ANNE-CHRISTINE POUJOULAT / AFP

Une peine d’un an de prison, dont 6 mois avec sursis, et 3 750 euros d’amende : le tribunal correctionnel de Paris a tranché ce jeudi à l’encontre de Nicolas Sarkozy. Des peines allant de dix-huit mois à quatre ans de prison avec sursis ont également été ordonnées à l’encontre des treize coprévenus de l’affaire Bygmalion. Trois mois après la condamnation pour « corruption » -une inculpation alors inédite dans l’histoire judiciaire française pour un ancien chef d’Etat- dans le cadre de l’affaire dite « Paul Bismuth » pour l’ancien président de la République, c’est une nouvelle fois de la prison ferme qui est requise.

Retour sur l’affaire Bygmalion

Nicolas Sarkozy pourrait donc faire 1 an de prison, dont 6 mois ferme, suite à l’affaire Bygmalion qui tire son nom de l’entreprise qui a organisé sa campagne en 2012 via sa branche Event&Cie. La mise en cause de l’ancien chef d’Etat par le tribunal de Paris

pour financement illégal de campagne électorale

qui en mai 2014 dévoilait que l’UMP avait déboursé près de 12,7 millions d’euros à Event &Cie pour l’organisation de 55 conventions fantoches. Une semaine plus tard l’avocat de Bygmalion déclarait alors : "Ce qui a été facturé sous le libellé ’conventions’, ce sont les meetings de campagne de Nicolas Sarkozy. Bygmalion a été amené à établir des factures qui ont été imputées à l’UMP, alors qu’elles auraient dû l’être à l’Association de financement de la campagne du candidat Sarkozy.”. La justice décidait alors de se saisir de l’affaire, et depuis les 13 accusés, dont Nicolas Sarkozy se tirent dans les pattes et se rejettent la responsabilité.
Contrairement à ce qu’il prétend, et comme l’assure son directeur de campagne d’alors, Jérôme Lambert, qui certifie lui avoir transmis une note d’experts comptables pointant le risque de dépassement du plafond, le tribunal de Paris a estimé que Nicolas Sarkozy était bien au courant des dépenses faramineuses de sa campagne et le juge en charge de l’affaire a estimé que ce dernier « était supposé connaître, respecter et faire appliquer par ses équipes les dispositions légales ». Dans cette droite lignée, la procureur Vanessa Perrée a affirmé que « le candidat est le signataire et le seul responsable de son compte de campagne. Nicolas Sarkozy dit qu’il a tout délégué et qu’il a signé les yeux fermés. Mais sa signature entraîne aussi sa responsabilité pénale. Plus que tout autre, il connaissait et devait respecter le code électoral ». D’autant plus, comme le rapporte le Monde, que Jérôme Lambert lui-même reconnaît à la barre « avoir participé à un système illégal de financement de campagne électorale ».

Après avoir été condamné à trois ans de prison dont un ferme dans l’affaire « Paul Bismuth », voilà l’ancien chef de l’état susceptible de passer 6 mois de plus derrière les barreaux. Une potentielle double condamnation en trois mois historique pour un ancien chef de l’Etat et qui pourrait connaître d’autres lendemains. Puisque le calendrier judiciaire de Sarkozy est loin d’être clos, même s’ il est pour l’heure présumé coupable, son nom figure dans pas moins de douze affaires judiciaires.

Une affaire parmi tant d’autres

L’affaire Bygmalion n’est qu’une affaire parmi tant d’autres pour Nicolas Sarkozy. Outre sa condamnation dans le cadre de l’affaire « Paul Bismuth » pour « corruption » et « trafic d’influence », l’ancien président de la république reste sous le couperet de la juste alors que l’enquête sur les zones d’ombres de la campagne présidentielle de 2007 n’a pas encore délivré toutes ses vérités. Il est soupçonné de l’avoir financée de façon frauduleuse par des fonds venus du régime de l’ancien dictateur et ami des chefs d’Etat français, Mouammar Kadhafi, et est mis en examen pour « corruption passive », « financement illégal de campagne électorale », « recel de fonds publics libyens » et « association de malfaiteurs ». Ainsi « L’affaire Karachi », les « hélicoptères du Kazakhstan » qui impliquent des rétro-commissions illégales sur des contrats d’armement, l’affaire « Bettencourt » ou encore l’affaire « Tapie » et donc les affaires « Paul Bismuth » et Bygmalion » marquent l’ère Sarkozy.

En réalité et au-delà des implications personnelles de Sarkozy, c’est à véritable système de corruption que nous avons affaire avec son clan. Comme nous le disions précédemment dans nos colonnes une « forêt de la corruption » entoure l’ex-Président de la République : « C’est en effet tout l’entourage de l’homme politique qui a maille avec la justice, de ses anciens proches collaborateurs à l’Elysée Claude Guéant et Brice Hortefeux à ses mentors (Charles Pasqua, Edouard Balladur), en passant par son premier ministre (François Fillon), ses amis d’adolescence (Patrick Balkany), ses conseillers (Patrick Buisson, Boris Boillon), plusieurs de ses ministres phares (Christine Lagarde), son trésorier (Eric Woerth), son associé historique dans un cabinet d’avocats (Arnaud Claude), son propre avocat (Thierry Herzog), son maître espion (Bernard Squarcini), son témoin de mariage (Nicolas Bazire), sa suppléante (Joëlle Ceccaldi-Reynaud, ses intermédiaires, son diplomate préféré, etc ».

Plus largement dans la lignée des années Chirac, les rouages semi-mafieux de Nicolas Sarkozy ne sont pas une exceptions dans le déroulé historique de la Vème république comme le montre l’ouvrage de Jean Garrigues Histoire de la corruption sous la Vème république. On peut y découvrir notamment les relations étroites qui unissaient Sarkozy aux grands dirigeants du grand capital comme Vivendi, Bouygues ou encore Tapis et Lagarde, reçus près de 50 fois à l’Élysée durant sous son mandat.

Cette décision du tribunal correctionnel est une brèche ouverte dans le système Sarkozy. Après “Paul Bismuth”, c’est une deuxième coup dans la fourmilière d’une classe politique et d’un clan qui ont profité du pouvoir et se sont enrichis en toute impunité pendant des décennies.

Bien que cette deuxième réquisition de prison ferme demeure inédite pour un ancien chef de l’Etat, trois mois après une première condamnation, nulle certitude n’existe quant au fait que Nicolas Sarkozy verra réellement les barreaux d’une cellule de prison. Déjà pour l‘affaire « Paul Bismuth », tout en ayant fait appel, il bénéficie d’une dérogation afin de pouvoir réaliser sa peine depuis son domicile dans des conditions luxueuses. Dans ce sens on ne peut pas exclure, pour l’affaire Bygmalion, alors que la décision définitive n’est toujours pas rendue, que ce genre d’aménagement soit reconduit ou que la peine soit commuée en autre chose que de la prison ferme.

Ainsi malgré toutes les affaires qui le concernent, Sarkozy est pour l’heure toujours libre et le symbole d’une justice à deux vitesse, qui n’hésite pas à enfermer en prison à vitesse grand V après une comparution immédiates les plus précaires, les jeunes de banlieue ou encore les gilets jaunes, et à laisser impuni Sarkozy et ses semblables.

L’affaire Bygmalion, comme toutes les autres, est significative de la corruption généralisée qui règne dans la classe politique dominée par la bourgeoisie. Un système qu’il serait temps de changer, pour mettre un terme au règne du lucre et de la pourriture et rappeler cette réalité sonnante : les richesses du peuple doivent rester en sa propriété, et non être mises au service de l’intérêt personnel de quelques privilégiés.


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