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Au micro de Jean-Jacques Bourdin sur BFM-TV

Accusation de viol : Hulot se retranche derrière la prescription et « l’inquisition »

Selon une révélation de l’Ebdo, à paraître ce vendredi, Nicolas Hulot, ministre de la transition écologique et solidaire, serait liée à deux affaires d’agressions sexuelles : il aurait violé, il y a vingt ans, la petite-fille d’un homme politique, alors mineure. Et plus récemment, harcelé sexuellement une collaboratrice de sa fondation. Jeudi matin, à la veille de la publication de l’enquête et au micro de Jean-Jacques Bourdin, le ministre est venu déminer ce qui a tout du parfum d’un scandale. Mais les ficelles de la plaidoirie étaient un peu trop grosses pour ne pas être remarquées…

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Deuxième ministre du gouvernement Philippe accusé de viol

Nicolas Hulot, ministre de la transition écologique et solidaire, a choisi de se rendre ce jeudi 8 février sur le plateau de BFMTV, face à Jean-Jacques Bourdin. Quelques minutes de questions sur les intempéries, pour la forme, avant d’entrer dans le cœur du sujet. Le lendemain sortira l’Ebdo et son enquête qui accuse Hulot de viol sur une mineure – la petite-fille de Mitterrand selon des informations révélées par le Point – et de harcèlement sexuel sur une collaboratrice de sa fondation. Une véritable bombe pour le gouvernement Philippe, qui porterait à deux, avec le cas de Gérald Darmanin, ministre des comptes publics, le nombre de ses membres accusés de viol. A la veille de cette publication, c’est donc l’opération déminage pour Nicolas Hulot. La stratégie de communication, très clairement travaillée, rappelle la défense d’un Fillon acculée durant l’affaire Pénélope.

Hulot en victime de « l’inquisition »

Pour Hulot, ces accusations rentreraient dans une vaste campagne de cabale contre lui. « Depuis des mois, je subis toute sorte de rumeurs, […], d’inquisitions » se défend le ministre. « Je me suis senti traqué par une meute invisible ». Accusé d’être « infidèle à l’intérêt écologique », victime d’une campagne mensongère concernant ses déclarations fiscales, l’ancien présentateur d’Ushuaïa a très vite donné dans le pathos. Ni Hulot, ni Jean-Jacques Bourdin, n’ont pris la peine d’évoquer le fait que certaines de ces « rumeurs » sont en réalité des faits établis. Du point de vue écologique, on admettra que la séance de « greenwashing » offerte à BNP Paribas lors du One Planet Summit en a étonné plus d’un. Et que l’Express vient de révéler que, dans sa déclaration de patrimoine, Nicolas Hulot, avait sous-estimé de plusieurs millions d’euros la valeur de sa villa corse, actuellement mise en vente.
Mais avec les accusations de viol et de harcèlement sexuel, « on sort la botte secrète, l’arme infaillible, celle qui blesse, qui tue, celle qui créé la suspicion » déclame-t-il. Animal « traqué » Hulot, victime d’un quasi-complot ourdi par « on » ne sait qui… Mais « on touche à [s]on honneur […] à [s]a famille à [s]es enfants », à l’image du bon père de famille, dont la droiture serait au dessus de tout soupçon. « Le journal demain va évoquer deux affaires qui n’en sont pas et qui n’ont aucun contenu » assure-t-il face à Bourdin, avec aplomb. Tout en confirmant, un peu plus tard, l’existence des faits d’une des deux affaires, celle de viol en l’occurrence.

Rumeur de harcèlement sexuel ou achat du silence ?

Bourdin : « Est-il vrai que vous avez été accusé de harcèlement sexuel par une de vos anciennes collaboratrices de votre fondation ? ». « La réponse est non. La réponse est non » maintient le ministre. « Je le dis avec tant de force que la personne en question vous dira exactement la même chose ». Pour ce premier cas révélé par l’Ebdo, il s’agirait d’une ancienne salariée de la fondation Ushuaïa. Dans le cadre de l’affaire Baupin en 2016, elle aurait été entendue par la police. Selon le procès verbal consulté par BFMTV, elle aurait dit aux enquêteurs avoir « connu des faits de harcèlement sexuel dans un emploi précédent ». L’intéressée dément cependant tout lien avec Nicolas Hulot et n’a jamais porté plainte.
« Il est dit, par le journal, par la rumeur, que vous auriez acheté le silence de cette jeune femme. Alors, c’est vrai ou ce n’est pas vrai ? » demande Bourdin, faisant référence à un accord de confidentialité dont l’Ebdo serait en possession. « C’est d’autant plus faux étant donné que je vous ai répondu non sur la première allégation et que cette personne pourra le confirmer » répond Hulot.

« Le viol est prescrit » mais les faits ne sont pas niés

« Est-il vraie qu’une jeune fille de 17 ans, petite-fille d’un homme politique célèbre, a déposé plainte contre vous » continue Bourdin.- « Alors sur l’âge de la victime, la réponse est non »- « pas 17 ans ? »« non »« majeure ? »« Absolument. Et la réponse est oui, sur des faits, des allégations qui remontent à 1997, et une plainte qui remonte à 2008 […] classée sans suite. La plainte était prescrite. Mais peu importe. […] les enquêteurs à l’époque, très rapidement, ont considéré qu’il n’y avait absolument rien. L’affaire a été classée sans suite » répond Hulot. Et de conclure, « la justice est passée. Et il faut en tenir compte ». Et là réside la grande confusion. Selon Le Point, en effet, la jeune fille aurait pris contact avec la police pour déclarer les faits, 11 ans après que ces derniers soient commis. Avant le 16 février dernier et le changement législatif, les délais de prescription sur un viol étaient de 10 ans contre 20 ans aujourd’hui. Au-delà de ce délai, les faits ne peuvent plus être jugés. En d’autres termes, la prescription d’un viol ne signifie en aucun cas que les faits n’ont pas été commis, ni comme le prétend Hulot, que « la justice est passée » ou que « l’affaire a été classé sans suite ». Les faits, de viol, n’ont seulement pas été jugés, ni punis.

Le soutien d’Emmanuel Macron et d’Edouard Philippe, le silence des femmes du gouvernement

Tout comme Gérald Darmanin, Nicolas Hulot a reçu le soutien du chef de l’Etat, Emmanuel Macron, et du premier ministre, Edouard Philippe. Un véritable scandale pour un gouvernement qui prétend faire de son cheval de bataille la question du droit des femmes. Mais cette affaire soulève encore de nombreuses interrogations. Au journal Le Point, le père de la victime, anonyme, aurait déclaré qu’elle avait déjà épanché sa colère, en faisant pression pour empêcher la candidature d’Hulot à la présidentielle de 2017. La parution du témoignage – certes anonyme -, demain dans les colonnes de l’Ebdo, pourrait apporter davantage d’éclaircissements. Mais pas sûr qu’il ne parvienne à rompre cette omerta générale du monde politique, et de ces quelques femmes privilégiées elles-mêmes, qui continuent à masquer les violences faites aux femmes, pour préserver leurs intérêts de classe.

Crédit image : BFMTV


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