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Le ministre dans l'impasse ?

A l’approche du 5 décembre, Blanquer envoie une lettre aux professeurs

Blanquer s’est fendu d’une lettre aux enseignants cherchant à tout prix à désamorcer la mobilisation qui s’annonce de plus en plus massive dans l‘Éducation nationale.

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Un peu tard pour désamorcer une colère qui grandit depuis longtemps et qu’il a lui-même alimentée à coups de réformes absurdes et qui n’ont pour but que de casser l’Éducation publique. Si le ministre ne sait plus comment s’y prendre pour faire redescendre la colère des personnels de l’Education nationale, avec ses petites phrases méprisantes à l’égard des travailleurs qui lui échappent régulièrement, puisqu’en effet lundi il déclarait que si la réforme ne passait pas c’est parce que « certains sont en grève parce qu’ils ne comprennent pas tout ». On savait le potentiel du ministre à dire tout haut ce qu’il pense tout bas et celui-ci ne déroge pas à une forme de signature de la macronie, à savoir une capacité certaine à faire des petites phrases extrêmement méprisantes et impopulaires, sauf que cette fois le contexte n’y est pas ! Alors mardi il a dû tenter de se rattraper sur le plateau d’Europe1 en sortant de son chapeau des mesures d’augmentation des profs imaginaires et en promettant concernant les retraites : « Nous garantissons qu’il n’aura pas de baisse ». Une déclaration intéressante puisque le chef du gouvernement Emmanuel Macron déclarait exactement l’inverse, c’est à dire son refus à augmenter les enseignants, le 3 octobre à Rodez « Si je revalorisais, comme je veux le faire, l’ensemble des enseignants – quand on parle de l’Éducation nationale dans notre pays, on parle d’un million de fonctionnaires, c’est le premier employeur du pays. Si je voulais revaloriser, c’est 10 milliards demain, c’est vos impôts. »

Alors comment Blanquer compte-t-il s’y prendre ? puisqu’à moins d’augmenter dès aujourd’hui les salaires de 1000 euros nets par mois le calcul semble impossible pour pallier ce nouveau système de retraite avec lequel les profs perdront entre 300 et 800 euros. L’autre élément dans cette lettre c’est qu’il ne revient pas sur le calcul qui se fera sur l’intégralité de la carrière, petits salaires de début de carrière y compris, et non plus sur les six derniers mois qui permettait une pension plus intéressante.

Dans cette lettre Blanquer promet également de calculer les retraites avec primes y comprises, à laisser penser que les professeurs crouleraient sous l’or des primes et que celle-ci serait tellement exubérante qu’elles permettraient de faire augmenter significativement les retraites !

Il promet enfin un minimium de pension de 1000 euros pour une carrière complète ! Encore heureux ! mais dans quel monde vit-il pour penser satisfaire avec une pension d’à peine 1000 euros ceux qui chaque jour sont épuisés de travailler dans des conditions insoutenables que ses réformes sont venues empirer ?

C’est ce qu’exprimait une professeure d’Aubervilliers en HIS justement ce mardi à qui l’on demandait si elle compté partir en grève reconductible à partir du 5 décembre « j’ai calculé avec ce que je vais perdre en un an de retraite, je peux faire trois mois de grève pour faire reculer le gouvernement, c’est une forme d’investissement à long terme ! »

C’est ce climat qui règne aujourd’hui dans l’éducation à l’approche du 5 décembre et d’une grève qui se généralise et c’est ce climat que Blanquer craint ! Car si les profs scandent depuis plus d’un an « Blanquer démission ! » celui-ci pourrait bien être le premier à lâché des miettes pendant les débuts de la mobilisation, voilà pourquoi dans sa lettre il se targue tant de l’avancée des « discussions entre le Gouvernement et les organisations syndicales. » car pour lui c’est le dernier point d’appui qui peut permettre de mettre un frein aux mobilisations. C’est pour cette raison que le mouvement qui s’annonce massif doit pouvoir se structurer, s’organiser, porter ses propres revendications loin de toutes discussions et négociations sans l’avis des travailleurs.

La lettre :

"Mesdames et messieurs les Professeurs,
 
Le Gouvernement a pour objectif de créer un système universel de retraite qui couvrira tous les Français selon une règle simple et juste : un euro cotisé dans le système apportera les mêmes droits.
 
Alors que nous arrivons à la fin d’une période de concertation engagée début 2018, le Premier ministre a précisé il y a quelques jours certains aspects importants de la réforme :
 
*le nouveau système de retraite sera un système de répartition, comme aujourd’hui, basé sur la solidarité entre les générations ;
*ce sera un système par points, et nous inscrirons dans la loi la garantie que la valeur du point ne pourra pas baisser ; ainsi nous garantirons le niveau des pensions et le pouvoir d’achat des retraités ;
*nous mettrons en place un minimum de pension à 1000 euros par mois pour ceux qui ont une carrière complète.
 
S’agissant des fonctionnaires, il a confirmé que ce nouveau système de retraite représenterait un progrès dans deux directions :
 
*ils cotiseront dorénavant sur toute leur rémunération, y compris sur leurs primes ; cela veut dire plus de droits qu’aujourd’hui ; cela veut dire aussi qu’à carrière et rémunération identique, les droits à la retraite seront identiques, ce qui n’était pas le cas aujourd’hui ;
*Nous étendrons à la fonction publique la reconnaissance de métiers pénibles, qui n’existait jusque-là que pour le secteur privé.
 
Pour les enseignants
 
Du fait du montant plus limité des primes versées aux enseignants par rapport à d’autres fonctionnaires comparables, le Gouvernement s’est engagé à ce que la mise en place du système universel s’accompagne d’une revalorisation salariale permettant de garantir un même niveau de retraite pour les enseignants que pour des corps équivalents de la fonction publique.
 
Cet engagement a été formulé par le Président de la République et le Premier ministre. Il sera formalisé dans le projet de loi créant le système universel.
 
Je vous tiendrai régulièrement informés de l’avancement des discussions entre le Gouvernement et les organisations syndicales.
 
Je vous prie de croire, mesdames et messieurs les Professeurs, en l’assurance de ma considération distinguée.
 
 
Jean-Michel BLANQUER
Ministre de l’Éducation nationale et de la Jeunesse"


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