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Vers un avant-gout ?

A Nantes, Emmanuel Macron s’affiche avec les forces du RAID

Pourquoi une telle opération de communication avec le RAID ? Et surtout au fond qu’est-ce que le RAID et en quoi est-il révélateur de ce dont Macron est le nom ?

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Le candidat Emmanuel Macron s’est donc fait prendre en photo avec les hommes du RAID cagoulés et armes à la main. Une bien belle image alors qu’il les remerciait de leur action au service des Français. Le tweet du compte d’Emmanuel Macron déclarait : « Merci au RAID qui assure notre sécurité ce soir à Nantes, et au quotidien partout sur le territoire. » De notre point de vue, on pouvait difficilement faire plus clair : des armes et encore des armes. Posons quelques questions sur ce RAID et son action.

Que « protège » le RAID exactement ?

Le RAID a été fondé en 1985, par le ministre de l’intérieur Pierre Joxe, sous Mitterrand. Le RAID est l’héritier de la brigade antigang dont l’un des faits d’armes fut d’abattre Mesrine de 21 balles sans sommation. Le RAID servira également à arrêter les membres d’Action Directe, ou à éliminer « Human Bomb » en 1993 lors d’une prise d’otage à Neuilly. A son actif, on compte également l’arrestation de membres de l’ETA. Et depuis 2012, il semble qu’il se soit spécialisé dans l’élimination physique et définitive des terroristes islamistes.

Qui dirige le RAID ? Des hommes qui deviennent tous préfets, comme Ange Mancini. Mancini a été le premier chef du RAID, devenu un temps coordonnateur national du renseignement auprès de l’Élysée, avant de travailler depuis au sein du groupe Bolloré, en charge d’un chemin de fer de 3 000 km en Afrique de l’Ouest qui doit relier Lomé, Cotonou, Niamey, Ouagadougou et Abidjan.

Il y eu aussi Christian Lambert, homme de confiance de Sarkozy, chargé de mission du ministre de l’Intérieur Manuel Valls sur les zones de sécurité prioritaires, et depuis 2015, directeur de la sûreté à la SNCF !

On peux continuer ce petit jeu-là longtemps, il est éloquent.

Tiens au hasard, Amaury de Hauteclocque, dirigeant du RAID, de 2007 à 2013, issu d’une famille aristocratique Action Française – celle du général Leclerc – il a étudié à la faculté d’Assas, où il a pu côtoyer Marine Le Pen, avant de devenir haut-fonctionnaire de police. Depuis 2013, il a intégré le comité exécutif du groupe d’assurances mutualistes Covéa, qui regroupe MMA, la MAAF et la GMF, en qualité de directeur des stratégies coopératives de la direction des ressources humaines.

Il est de notoriété publique que de Hauteclocque est un ami proche de Frédéric Péchenard, lui-même ami de Nicolas Sarkozy. D’après Le Figaro, il aurait adhéré en 2013 à la Droite forte, courant intermédiaire entre LR et le FN.

Terminons avec Jean-Michel Fauvergue, patron du RAID de 2013 à 2017. Il est commissaire de police depuis 1986. Il travaille au groupement d’intervention de la police à Nouméa en Nouvelle-Calédonie, puis en Guyane. En 2001, il devient attaché chargé de la sécurité à l’ambassade de France à Bamako au Mali. Il occupe un poste similaire à Libreville au Gabon à partir de 2004.

Nos colonies et nos ex-colonies se ressemblent certainement et demandent des expertises similaires. C’est lui dirige ces grands moments pour le RAID que sont l’intervention contre Coulibaly, puis contre le Bataclan et l’appartement de Saint-Denis. A Saint-Denis ses hommes tirent 1 576 cartouches contre des terroristes qui n’avaient qu’un pistolet et une ceinture explosive – sans compter qu’ils tuent leur propre chien. Il a quitté son poste en mars 2017 et depuis ? Et bien depuis, il a rejoint En Marche, le mouvement d’Emmanuel Macron. On voit plus clairement quel genre de programme moderne, plein d’humanisme, de solidarité et de « détermination sensible » - comme dirait Le Drian – va bien pouvoir appliquer Emmanuel Macron s’il arrivait au pouvoir.

En fait, les dirigeants du RAID sont des hommes de la bourgeoisie concentrée, à son service, sous l’uniforme de la République ou directement dans ses entreprises donc. Et cela n’a rien d’étonnant car, tout comme Macron, issu de la banque Rotschild, le RAID est le bras armé des décisions du Capital amalgamé dans l’État.

Comme le dit le slogan, en dernière instance, et derrière des apparences de moins en moins trompeuses, la Police nationale est la milice du capital, aujourd’hui plus que jamais, comme tous les militants contre la loi travail ont pu l’expérimenter. Le RAID ne fait pas exception en protégeant les « grands de ce monde » il protège leurs intérêts et leurs personnes, le système.


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