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À Enghien-Les-Bains, les salariés du casino en grève contre 67 suppressions d’emplois

Depuis fin mai, les travailleurs et travailleuses du Casino d’Enghien, pour beaucoup en chômage partiel, mènent une grève contre le PSE qui prévoit la suppression de 67 emplois alors même que le Casino fait face à un regain de fréquentation depuis la réouverture des casinos, le 9 mai.

Coline Isabel

14 juin 2021

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Crédits : LOU BENOIST / AFP

Depuis fin mai, tous les week-ends, environ 70 grévistes se réunissent devant le casino d’Enghien les Bains dans le Val d’Oise (95). Un combat qui commence dès avril lorsque les salariés du casino se sont réunis devant la sous-préfecture de Sarcelles pour contester le premier PSE. Une grève menée contre la suppression de 67 emplois justifiée par le fait que les clients ne reviennent pas. Pourtant, les joueurs et joueuses ont l’air d’être au rendez-vous. En effet, c’est devant une longue file d’attente pour pouvoir entrer au casino que les employés entonnent leurs discours. « Pour justifier le plan social, ils nous disaient que les clients ne reviendraient pas, que ce ne serait jamais comme avant… On s’aperçoit que c’est faux ! » explique Michael Da Costa au Parisien. En effet, Philippe Mangin, délégué syndical FO, indique qu’il y a « une hausse de 35 % de la fréquentation, si l’on compare à avant la pandémie ». Ce que confirme la responsable du casino : « La bonne nouvelle c’est que les clients sont au rendez-vous. Nous avons plus de monde en journée qu’avant la crise sanitaire ». Par conséquent, même si les restrictions sanitaires comme le couvre-feu et la jauge maximale sont toujours appliquées, la situation du casino n’est pas catastrophique, ce qui laisse les grévistes dans l’incompréhension : « En ce moment, ils prennent des extras en restauration, alors qu’ils pourraient très bien nous demander à nous qui sommes en chômage partiel », expliquent les salariés de l’hôtel du Lac.

Enghien les Bains est connu pour être une ville peuplée de nombreuses personnes issues de la petite ou grande bourgeoisie et habituée à fréquenter le casino d’Enghien et que la crise n’a pas empêchées de reprendre leurs activités habituelles. Selon un article de la Gazette du Val d’Oise daté de novembre 2020, malgré le fait d’avoir fermé deux fois dans l’année, le casino peut se réjouir de son chiffre d’affaires de 87 millions d’euros en 2019, ce qui n’a provoqué aucune conséquence sur le produit brut des jeux. Un résultat qui a même surpris le maire de la ville, Philippe Sueur, qui prévoyait que le casino atteigne seulement la modique somme de 79 millions d’euros. Ainsi, en novembre dernier, le maire d’Enghien révélait : « je n’ai pas trop d’inquiétude quant à l’activité à venir des jeux. Malgré une jauge d’accueil plafonnée à 50 %, le groupe Barrière avait dépassé la moitié de son chiffre prévisionnel en produit brut des jeux, avant le reconfinement ». Finalement, la seule conséquence catastrophique de la situation sanitaire sur le casino restait et reste le chômage partiel que continuent de subir les employés des différents groupes, 1200 salariés pour le groupe Barrière. D’ailleurs, Philippe Sueur avançait déjà des possibles PSE de la part du groupe : « Je crains que Barrière ne puisse éviter des plans sociaux ».

Le premier PSE ayant été refusé par les services de l’État, l’entreprise Barrière vient d’en présenter un second qui sera soumis au CSE (comité social et économique) le 18 juin. S’il se trouve approuvé, il se peut qu’il soit appliqué dès juillet. À l’évidence, le deuxième PSE ne le rend pas meilleur et les représentants du personnel l’expliquent : « Le PSE avait été retoqué car les mesures d’accompagnement des personnes licenciées étaient trop légères, du coup ils prévoient de ne plus verser d’indemnités supralégales (NDLR : en plus de ce qui est légalement obligatoire) et d’utiliser ce montant pour financer davantage l’accompagnement ». Un plan social qui n’est pas plus avantageux pour les salariés de Barrière.

Mais face à cet acharnement, les grévistes ne perdent pas espoir et compte reprendre la grève si nécessaire : « Nous allons contester le nouveau PSE, il y a encore beaucoup de défauts de procédure, on ne va pas lâcher » assure Michael Da Costa. « S’il le faut, nous ferons grève tous les week-ends ! ». Ainsi, contre l’hypocrisie de la direction et les PSE, il faut continuer à revendiquer l’interdiction des suppressions d’emplois en temps de crise sanitaire mais plus globalement à construire un rapport de force pour la sauvegarde de l’emploi. Ce n’est pas aux travailleurs et aux travailleuses de payer la crise !


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