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Réforme des retraites

A Bordeaux, 300 personnes réunies lors d’un concert pour « organiser la solidarité de notre classe »

Après la journée de mobilisation historique du jeudi 19 janvier, un concert de solidarité était organisé ce samedi à l'appel de plusieurs organisations afin de récolter des fonds pour les caisses de grèves. Une soirée festive et fructueuse, qui a réuni près de 300 personnes et permis de récolter près de deux milles euros. Plus de 50 kilos de paniers alimentaires ont également été récoltés par les syndicats, et seront redistribués sur les campus aux étudiants dans le besoin

Correspondant.e.s Bordeaux

24 janvier 2023

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Crédits : Révolution Permanente

Deux jours après la mobilisation massive du 19 janvier contre la réforme des retraites, un concert de solidarité à l’initiative de Révolution Permanente et réunissant un front syndical et associatif, a permis de réunir quelques centaines de personnes à Bordeaux et de récolter près de 2000 euros destinés à alimenter les caisses de grève.

A l’appel de Sud PTT et de la CGT FATP, représentatifs des postiers, de la CGT Blanchisserie du CHU de Bordeaux et de Sud Industrie, l’événement a réuni pas moins de 300 personnes salle Son Tay, dans le quartier de la Gare Saint-Jean et permis de récolter près de 2000 euros. Avaient également répondu présents l’association de quartier Les Petits Tréteaux, le collectif "Libérez Georges Abdallah", SOS Racisme, les collectifs féministes M.E.U.F et Du Pain et des Roses ainsi que l’organisation étudiante Le Poing Levé.

Se sont succédés sur scène le rappeur Skalpel, les groupes Zéro Degrés, Kagome, et Machine Man ainsi qu’un drag show organisé par La Maryposa et Alma del Prince, sans oublier un concert de musique traditionnelle donné par le centre démocratique Kurde de Bordeaux. Chaque performance a été ponctuée d’interventions des organisations parties prenantes de la soirée.

Un concert pour construire la solidarité de notre classe et préparer les suites

Dans le contexte particulier du lancement de la mobilisation contre la réforme des retraites, le concert avait pour objectif de récolter des fonds afin de les reverser entièrement aux futures caisses de grève, dans la perspective de se préparer à une bataille dure.« La grève est un enjeu central, et l’argent en est le nerf de la guerre », a ainsi expliqué Marie-Laure Charchar, secrétaire générale de la CGT blanchisserie et militante à Révolution Permanente en ouverture de la soirée. « Le gouvernement ne se cache pas de parier sur l’épuisement de la mobilisation en raison des fins de mois difficiles et de l’inflation. Contre cette logique et pour construire un rapport de force dans la durée, organiser la solidarité de notre classe est une nécessité ». A ce titre, près de 2000 euros ont été recueillis.

Plusieurs organisations syndicales à l’image de Sud PTT, Sud Industrie et la CGT Blanchisserie avaient également ramenés près de 50 kilos de paniers alimentaires collectés en solidarité sur les lieux de travail, et qui seront prochainement redistribués sur les campus universitaires aux étudiants dans le besoin.

Tout au long de la soirée, jeunes, travailleur.euse.s et familles ont défilé à l’entrée, annoncée à prix libre, offrant 5€, 10€, voire plus à la caisse. « La cause est juste, c’est important de donner. Avec l’inflation, nous devons être solidaires afin de faire reculer le gouvernement sur sa réforme », pouvait-on entendre à l’accueil. Une nécessité de s’unir synthétisée par les mots de la drag La Maryposa, membre de l’association ô fantasme, et qui a récemment été au cœur d’une attaque déferlante de l’extrême-droite sur les réseaux sociaux. « C’est important de lutter ensemble, d’être réunis pour défendre les mêmes valeurs, bien que nous ne soyons pas de la même communauté »

« Imposer un plan à la hauteur du combat qui s’annonce »

Ce qui rassemblait ce soir-là, c’était surtout le même rejet de la réforme des retraites, cristallisant toutes les colères. « A La Poste, de nombreux collègues se suicident à cause des méthodes de management et des conditions de travail Willy », témoignait Willy, syndicaliste à SUD PTT. « A ces travailleurs qui se tuent à la tâche, on leur demande maintenant de travailler deux ans de plus ». Johnny, syndicaliste à la CGT FATP a surenchéri, s’adressant aux jeunes dans la salle : « Ce qu’ils nous réservent c’est un avenir de précarité et de répression, où que vous soyez. On est tous concernés, la journée du 19 janvier était massive, il faut des suites et cela passe par commencer à échanger entre les différents secteurs, comme on peut le faire ce soir ».

Marie-Laure Charchar, buandière a ainsi ouvert sur les perspectives de la mobilisation : « Jeudi dernier, 2 millions de personnes étaient dans la rue. C’est une démonstration, dès le premier jour, qu’un grand nombre de travailleurs sont prêts à se battre. Maintenant la question de la stratégie se pose. S’organiser à la base au travers d’AG sur nos lieux d’études et de travail, dans des cadres d’auto-organisation et de coordination est important pour imposer aux directions syndicales un plan à la hauteur du combat qui s’annonce. Des journées de mobilisation isolées ne suffiront pas à faire reculer le gouvernement. Il faut suivre la voie des raffineurs qui tendent à organiser la grève reconductible. ».

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Comme partout en France, la journée de mobilisation du 19 janvier était très massive à Bordeaux, où 80 000 manifestants étaient réunis, se répartissant sur trois kilomètres malgré la pluie et le froid. Dans le public, les cheminots étaient présents en nombre aux côtés des travailleurs de la santé et de l’Éducation Nationale regroupés plus tôt à la Bourse du Travail. Les énergéticiens étaient très présents dans différents cortèges, dont les travailleurs de la centrale nucléaire du Blayais, en grève à 70 % !

Dans le privé, on a pu voir de nombreux travailleurs de la métallurgie et de l’aéronautique mobilisés, à l’image du cortège de la CGT AIA, l’un des seuls sites à avoir tenu un piquet le matin. Les dockers avaient également répondu à l’appel, avec un cortège regroupant une centaine de personnes ! Plus largement, de nombreux travailleur.euse.s de la zone péri-urbaine bordelaise ont fait le déplacement jusqu’au centre ville de Bordeaux pour manifester.

Cette première journée de mobilisation doit être un tremplin pour étendre la grève en construisant des cadres d’auto-organisation à la base. Il y a urgence à multiplier les AGs dans les entreprises et lieux d’études ainsi que les AGs inter-professionnelles, afin de construire une mobilisation du 31 janvier la plus forte possible, qui serve de tremplin vers 72h de grève aux côté des raffineurs le 6 février, avant un départ en reconductible. Alors que l’opposition à la réforme des retraites cristallise le mécontentement du monde du travail et de la jeunesse contre le gouvernement, nous avons la possibilité de retourner le rapport de force en faveur des exploités et opprimés en construisant une grève générale politique, qui permette de gagner bien plus que sur la question des retraites, à condition de se doter d’un plan de bataille à la hauteur.


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