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Répression syndicale et justice de classe

9 ouvriers CGT de PSA Poissy condamnés à trois mois de prison avec sursis

La cour d’appel de Versailles a rendu son verdict : les neufs ouvriers de PSA Poissy, syndiqués à la CGT ont été condamnés à trois mois de prison avec sursis pour « violence en réunion ». Preuve, s’il en fallait une, que dans la lutte des classes, la justice est l’arme de la bourgeoisie.

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Crédit photo : Guillaume Clément

Les 9 ouvriers CGT de PSA Poissy ont été condamnés à 3 mois de prison avec sursis. Ils étaient poursuivis pour séquestration et violence en réunion. Seule cette dernière charge a été retenue. C’est moins que le réquisitoire du procureur qui avait requis 6 mois de prison avec sursis et 6300 euros d’amende contre les 9 militants : un total scandaleux 56700 euros.

La peine est « sévère » comme le dit au Parisien l’avocate des militants, Me Marie-Laure Dufresne-Castets. « C’est grave, trois mois avec sursis et cinq ans de mise à l’épreuve, déclare-t-elle. Ils ont un épée de Damoclès au dessus de la tête. Ainsi, les syndicalistes revendicatifs de la CGT risquent de se voir accusés de violences. » explique l’avocate.

« L’affaire »

Ce qui a valu la condamnation des syndicalistes est ahurissant. Le 17 février 2017, les militants de la CGT vont dans le bureau de leur supérieur au milieu de l’atelier afin de dénoncer le fait qu’il n’ait pas respecté la réglementation pour la reprise d’un salarié qui était en arrêt maladie depuis plus de deux mois. Ils lui reprochent également de ne pas avoir tenu compte des restrictions médicales prescrites au salarié.
Vingt minutes plus tard, une fois leur travail syndical effectué, les cégétistes sortent du bureau.

Voilà... 2 ans et demi plus tard, ils sont condamnés pour violence en réunion. Si la séquestration n’a pas été retenue – il est difficile de parler de séquestration pour une discussion de 20min - la condamnation pour violence est une condamnation politique.

Une justice de classe

Cette affaire rappelle celle des « Chemises arrachées » d’octobre 2015. Lors du procès en appel douze salariés et ex salariés d’Air France, 4 ex salariés de la compagnie avaient été condamnés à des peines de prison avec sursis de 3 à 5 mois. La justice leur a fait payer leur détermination et combativité contre un plan social qui allait condamner 2900 salariés au chômage.

Pour les 9 de PSA c’est la même chose. Cette attaque a pour but de broyer des militants ainsi que les travailleurs du site de PSA Poissy. Dans un contexte où un plan de suppressions d’emplois est en court, cette politique de terrorisme patronal est un des moyens pour imposer encore des reculs à l’ensemble de la classe ouvrière.
Défendre le droit des travailleurs est un crime. Hors de question pour la justice bourgeoise de remettre en cause les méthodes managériales du patronat

Le cadre qui n’a pas respecté la réglementation de remise au service du salarié revenu de longue maladie ne sera pas inquiété. La direction de PSA Poissy a des méthodes managériales d’un autre temps. Un ouvrier a tenté de mettre fin à ses jours après une mutation forcée. Mais qui condamne les patrons, pour les suicides au travail, pour les accidents mortels sur les chantiers, pour la détresse psychologique des salariés, pour les licenciements massifs, pour les conditions de travail aberrantes ? Qui condamne l’État pour les violences policières, pour l’asphyxie sciemment entretenue dans les services hospitaliers, pour la casse et la mise au pas dans l’Éducation nationale ?

Alors, il est évident que les 9 de Poissy n’ont pas été condamnés pour « violence en réunion ». Ils ont été condamnés pour avoir relevé la tête et s’être opposés à la hiérarchie. Ils ont été condamnés pour avoir refusé de subir passivement la violence ordinaire de l’exploitation et de la domination. C’est également une criminalisation du travail syndical.

Comme l’a expliqué Jean Pierre Mercier, délégué CGT de l’usine, « C’est le syndicat que l’on veut sanctionner ». PSA n’a pas réussi à faire virer les salariés cégétistes, refusé par l’inspection du travail, du coup c’est la justice qui est venue au secours de PSA. Avec cette peine, la direction entendait bien museler l’ensemble de ses salariés. Farid Borsali, également délégué CGT, a expliqué à la sortie du procès « C’est un jugement contre la classe ouvrière ». Et il a raison.

Loin de se laisser abattre les ouvriers vont se pourvoir en cassation. Il faudra faire bloc derrière les 9 salariés CGT de PSA Poissy, comme cela a été le cas le 17 mai dernier devant le tribunal, car c’est l’ensemble de la classe ouvrière qui est attaquée.


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