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Pas de justice, pas de paix

9 juin : les rassemblements contre les violences policières se poursuivent dans toute la France

Après les rassemblements du 2 et du 6 juin, la mobilisation contre les violences policières et le racisme d’État continue. Hier à 18h différents rassemblements dans toute la France ont rendu hommage à George Floyd, dont l’enterrement avait lieu au même moment à Houston. Une mobilisation qui met sous pression le gouvernement, contraint d’annoncer de maigres concessions, tout en s’exposant aux attaques de la droite, l’extrême-droite et des syndicats de police.

Violette Renée

10 juin 2020

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Crédits photo : © Radio France - Mathilde Bouquerel

Différents rassemblements en France contre les violences policières

Paris, Lyon, Grenoble, Poitiers, Angers, Lille, Dijon, Amiens ou encore Bourges se sont rassemblés hier contre le racisme et les violences policière en France et dans le monde, ainsi que pour rendre hommage à George Floyd.

A Lyon, 1000 à 2000 personnes étaient ainsi réunies sur le parvis du Palais de Justice. Un rassemblement fort où la foule s’est mise à genou, le poing levé. A Grenoble, plusieurs centaines de personnes ont manifesté devant le palais de justice contre les violences policières et le racisme. La manifestation répondait à l’appel de la famille de Wissam El-Yamni, un chauffeur routier décédé après 9 jours de coma suite à des brutalités policières qu’il a subi en 2012.

A Poitiers, 300 personnes étaient réunies dans un rassemblement organisé par des associations telles que SOS Racisme, la Ligue des Droits de l’Homme, et Amnesty. La foule a observé de longues minutes de silence, à genoux, avant de conclure l’hommage par des applaudissements rapporte France Bleu. Le rassemblement s’est finalement transformé en marche où les manifestants scandaient notamment « Justice pour Adama ».

A Angers 400 personnes se sont réunies, bravant la politique de la seule préfecture à avoir déclaré un arrêté d’interdiction. Après 8 minutes 46 de silence (durée de l’étranglement de G. Floyd par le policier), le rassemblement s’est terminé en manifestation dans les rues du centre-ville. Des manifestations et rassemblements ont également eu lieu à Lille, Bordeaux, Orléans ou Paris.

A Paris, 3000 personnes étaient réunies place de la République où Camélia Jordana, devenue figure de la lutte après ses propos sur sa peur des policiers, a chanté avec d’autres artistes la chanson We Shall Overcome (« Nous surmonterons », en français) qui est devenue un hymne du Mouvement pour les droits civiques, qui s’élevait contre la ségrégation au milieu du XXème au USA. Dans la journée l’artiste JR avait de son côté réalisé un collage géant d’une photo de George Floyd sur une place du 10ème arrondissement.

A l’appel de SOS Racisme avec le soutien de nombreuses organisations politiques (EELV, PS, LFI, PCF), de syndicats (CGT, FSU, Unsa), de syndicats étudiants et lycéens (Fage, Unef, UNL), d’associations et d’ONG (Ligue des droits de l’homme, MRAP, Cran) le rassemblement appelé par SOS Racisme avait suscité la controverse. Alors que jusqu’alors les mobilisations avaient été prises en charge par les familles de victimes et militants des quartiers populaires, la nature des organisateurs du rassemblement a ravivé le souvenir douloureux de la canalisation institutionnelle des mouvements anti-racistes des années 1980 par le Parti Socialiste et ses satellites tels que SOS Racisme.

Lors d’une conférence de presse, le Comité Adama s’est ainsi exprimé sans détour sur l’initiative. « Nous sommes nos propres porte-paroles, personnes ne porte nos voix. » a pointé Assa Traoré notant que le rassemblement avait été impulsé « Sans évoquer ce qu’il se passe en France et sans faire appel aux familles de victimes. « Nous ne laisserons pas se reproduire 83 » a de son côté affirmé Youcef Brakni évoquant le fameux épisode de la « marche pour l’Egalité » récupérée par le PS qui écarta par la suite les « marcheurs ».

Des rassemblements interdits « autorisés » : un gouvernement sous pression

Par un décret du 31 mai, le gouvernement a interdit les rassemblements de plus de dix personnes sur la voie publique. Pourtant, Christophe Castaner avait annoncé mardi matin sur RMC que les participants à ces rassemblements ne seraient pas sanctionnés : « je crois que l’émotion mondiale, qui est une émotion saine, dépasse au fond les règles juridiques qui s’appliquent ».

Une annonce qui n’a pas empêché la Préfecture de Gironde d’interdire le rassemblement à Bordeaux, mais qui exprime bien la pression à laquelle le gouvernement fait face depuis le premier rassemblement la semaine dernière, et face à la dynamique profonde contre le racisme d’Etat et les violences policières. En ce sens, Emmanuel Macron aurait demandé au gouvernement « d’accélérer ses propositions pour améliorer la déontologie des forces de l’ordre, alors que la question des violences policières, déjà dénoncées lors du mouvement des « gilets jaune », ne cesse d’empoisonner l’exécutif  » rapporte le Figaro.

Une tentative de trouver des miettes à agiter pour les manifestants, après que Christophe Castaner aient été contraints d’interdire la méthode d’étranglement au sein de la police, qui pourrait être remplacée par… rien moins que la généralisation des tasers.

Des concessions très maigres qui ont cependant suscité une forte colère du côté des forces de répression ainsi que de la droite et de l’extrême-droite. De Alliance à Unité SGP Police en passant par Alternative Police CFDT, l’ensemble des syndicats ont dénoncé l’interdiction de l’étranglement et ont même agité la menace d’une mobilisation contre le gouvernement. De leur côté la droite et l’extrême-droite ont tenté de profiter des concessions pour se positionner du côté de la police et attaquer le gouvernement. Au Sénat, Bruno Retailleau a ainsi interpellé ce mercredi Edouard Philippe évoquant un « Écroulement civique », une « fragilisation de l’État de droit », et une « porte ouverte à la loi de la jungle » en fustigeant la gestion du gouvernement.

Tandis que la situation met le gouvernement en difficulté, et qu’à droite la surenchère réactionnaire continue, la mobilisation de son côté reste dynamique. Aux Etats-Unis les manifestations continuent de s’étendre dans le pays, alors que les Démocrates tentent de canaliser le mouvement sur un terrain électoral et institutionnel, et en France une grande manifestation devrait avoir lieu à Paris samedi à l’appel du Comité Adama, ainsi que dans de nombreuses villes. La vague profonde contre les violences policières ne semble pas près de s’arrêter.


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