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Répression syndicale

8 militants CGT TUI convoqués par la police ce mardi : « On veut faire de nous un exemple »

Huit militants CGT de TUI France sont convoqués au commissariat du 17ème arrondissement le 13 septembre pour une action menée contre un plan de licenciement massif dans l’entreprise. Djaffar Razkallah, secrétaire général de la CGT TUI a répondu à nos questions et appelle au soutien mardi matin à 8h.

Noah Rapa

12 septembre 2022

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Révolution Permanente : Peux-tu revenir sur le combat des salariés de TUI France contre le PSE que la direction a annoncé le 17 juin 2020 pour licencier 583 personnes ?

Djaffar Razkallah : Ce n’est pas le premier plan social, il y en a eu pas mal chez TUI. Dès l’annonce, on a annoncé à la direction qu’on allait se battre jusqu’au bout. Nous sommes un syndicat de lutte, on ne se considère pas comme des partenaires sociaux. On s’est réunis en assemblée générale avec les salariés, en pleine période de Covid. Puis, mais aussi avec d’autres boîtes en lutte qui subissaient des plans de licenciements. On a organisé des rencontres parce que l’on savait que tout seul dans notre coin, on n’arriverait à rien du tout. En octobre 2020, on en était à plus de 700 plans sociaux en France !

Il faut savoir que le groupe TUI, ce sont des « corona profiteurs », ils ont touché une aide de l’Etat de 30 millions d’euros ! On a fait face à une direction agressive, et tant mieux au final, cela nous a donné la rage de les combattre. On a organisé une manifestation en janvier 2021 qui a rassemblé plus de 3 000 personnes, composée d’organisations politiques et de syndicats. L’idée, c’était de rassembler, de faire converger nos forces. Les camarades de Grandpuits chez Total, les femmes de chambre en grève, les salariés de Monoprix ont accepté de nous rejoindre.

RP : Le 6 juillet 2022, après un long combat juridique, vous obtenez finalement l’annulation de l’homologation du plan en appel. Que s’est-il passé ensuite sur le terrain ? Les 600 ont-ils pu être réembaucher ?

Djaffar Razkallah : Oui, c’était une victoire. Malgré ce long combat, si c’était à refaire, on le referait. Faut savoir déjà que dans le tourisme, à notre période, c’est très compliqué de retrouver du travail, parce que le secteur du tourisme n’embauchait plus pendant la période du Covid. Entre l’homologation du PSE et son annulation en appel, ces patrons capitalistes n’ont reculé devant rien et ont activé leur plan. Maintenant, on se bat pour la réintégration des salariés. On a réussi à réintégrer une trentaine de salariés. D’autres sont passés à autre chose, se sont réorientés, car ils étaient dégoutés de toute cette histoire.

RP : En janvier 2021, pour contester ce plan de licenciement, vous organisez un rassemblement pour contester le plan de licenciement. C’est à cette occasion que la DIRECCTE de Nanterre vous accuse « d’injures publiques et diffamation envers un fonctionnaire ». Toi et 7 autres militants de la CGT TUI sont convoqués au commissariat ce mardi 13 septembre. Comment explique-tu cette nouvelle attaque de la part de la direction ?

Djaffar Razkallah : A travers tout ce système, on veut nous faire payer notre combativité. On avance la tête haute, on ne se laisse pas impressionner par ces capitalistes, qui nous vendent leurs discours du « nouvel avenir », « du nouveau modèle », etc... On a voulu crier notre colère à la DIRECCTE de Nanterre. Ce qui est une honte et important à noter, c’est le rôle qu’a joué cette dernière au tribunal lors de l’homologation. Au lieu de se soucier du sort des salariés ils ont validé le PSE sans sourciller. Il y avait comme une sorte de collusion entre les deux. Et ce qui nous a mis réellement en colère, au tribunal, c’est que l’agent de la Dirrecte se soit mis du côté de l’avocat de la direction !

Nous sommes donc partis envahir la DIRECCTE à Nanterre, sans violence, mais avec une importante colère de mères et pères qui allaient perdre leur boulot. Il n’y a eu aucune casse. Il y avait d’autres organisations politiques et syndicales présentes ce jour-là. Mais on veut nous faire payer, nous, militants de la CGT TUI, parce qu’on a toujours vu notre syndicat comme un syndicat lutte des classes. A l’époque, Elisabeth Borne, alors ministre du travail, avait appelé Philippe Martinez, en disant que c’était inadmissible ce qui s’était passé, et qu’elle ne comptait pas en rester là. Le problème, c’est toutes ces boîtes, qui font du bénéfice en touchant des aides sur le dos du contribuable, continuent de licencier.

RP : Vous appelez à un rassemblement ce mardi 13 septembre à 8h au 4 boulevard Berthier (métro Porte de Clichy) pour vous soutenir. Pourquoi est-ce important d’y être ?

Djaffar Razkallah : Déjà, pour bien salir notre image, on nous convoque à la « brigade de la répression et de la délinquance contre la personne ». Face à ça, on n’en restera pas là et on organise ce rassemblement. C’est aussi un rassemblement pour tous ceux qui vivent la répression, parce qu’il y en a beaucoup en ce moment. On veut faire de nous un exemple, pour prévenir tous les autres syndicats combatifs qu’il est possible de se faire convoquer au commissariat. Nous ne sommes pas du tout impressionnés, cela nous donne encore plus de combativité !

Il faut noter quelque chose de très important dans cette affaire. Certains d’entre nous sont convoqués pour avoir fait une chose très simple : « avoir brandi une pancarte CGT ». Il faut se rendre compte de ce niveau d’offensive. Dans ces conditions, les manifestations, il faut arrêter toutes celles et ceux qui affichent une pancarte. Mais on va où ? Toutes ces lois anti-sociales, la loi sécurité globale, ces lois anti-immigrations, anti-jeune des quartiers, tout a était fait pour réprimer. On passe un cap avec cette convocation devant la justice. Quand Anasse Kazib était convoqué au commissariat, nous sommes venus en solidarité. Quand l’un d’entre nous se fait attaquer, on est présents. On doit faire bloc face aux capitalistes.

RP : Le 29 septembre, l’intersyndicale appelle à une journée nationale et interprofessionnelle de grève et de manifestations pour les salaires. Dans un contexte mondial où ce sont les étudiant·e·s les plus précaires, les chômeur·euse et les travailleur·euse qui sont touché·e·s par la vie chère, que penses-tu de la perspective de coordonner les luttes à la base pour construire le rapport de force ?

Djaffar Razkallah : Ceux qui vont en premier lieu souffrir de cette guerre, ce sont bien sûr toutes ces personnes que tu as cité. Quand tu vois le président ukrainien faire une intervention dans le discours de rentrée du le Medef, on voit bien quel camp il choisit. Les prochains mois vont être très compliqués, il faut arrêter de faire les jeux des boutiques syndicales et se réunir pour mieux frapper ensemble. Il faut construire ce fameux plan de bataille que tout le monde attend. Il faut regarder du côté du Royaume-Uni ou du Sri Lanka, où la classe ouvrière relève la tête.

Tous ceux qui sont là, qui tournent la tête devant l’urgence de la situation, que ça soit dans certains partis politiques ou dans les directions syndicales, il faut qu’ils se regardent devant la glace. Nous on part du principe qu’il y a un seul camp social. On n’en a rien à faire des étiquettes syndicales. En tout cas, cette base-là, elle est prête à lutter, tous et toutes ensemble.


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