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« 24 heures ça ne suffira pas, il faut la reconductible » : les cheminots de Paris Nord préparent la grève

Ce lundi, une première assemblée générale des travailleurs de la SNCF de la région Paris Nord a rassemblé les grévistes de différents secteurs de l’entreprise. Au programme : élargissement de la grève, discussions sur les revendications et reconduction.

Nathan Deas

17 octobre 2022

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Ce lundi matin, les grévistes de la SNCF de la région Paris Nord se sont donnés rendez-vous à 11h30, tout au bout du quai 36 de la Gare du Nord. En attendant le début de l’assemblée générale, entre deux trois embrassades, le contexte social explosif et la grève des raffineurs sont dans toutes les têtes et toutes les discussions. Un enthousiasme que même la pluie continue et le retard des cheminots de la ligne RER B et des agents de la maintenance du technicentre du Landy ne sont pas de nature à doucher.

Un cheminot nous confie. « L’assemblée générale de ce matin nous fait tellement de bien. On espère renouer avec les grèves d’avant Covid. Les raffineurs nous ont montré la voie et nous ont redonné confiance. Ils ont rappelé à tout le monde que la force des travailleurs, c’est la grève. Aujourd’hui on est là pour préparer la suite, l’élargissement de la mobilisation dans notre secteur, mais aussi plus lar-gement. Parce qu’il y a une opportunité d’imposer une défaite importante au patronat et au gouverne-ment, l’enjeu c’est de voir comment on la saisit ».

Elargir la grève à la SNCF et à l’ensemble du monde du travail

Pour lancer l’assemblée générale, les grévistes se comptent. Eric, militant Sud Rail et commercial à la gare du Nord, prend la parole en premier. « Au Landy, chez les mécanos de Paris Nord, dans l’aiguillage, chez les commerciaux et les cheminots de Persan, l’heure est à la grève ». Plus tôt dans la matinée, l’entrée en grève reconductible de plus de 550 grévistes sur les 700 techniciens que compte le technicentre du Landy a confirmé que la vapeur était là.

« Il va falloir qu’on construise cette généralisation de la grève. Faites en sorte que chaque gréviste présent aujourd’hui, ramène des collègues à l’assemblée générale dès demain. On a eu quatre, cinq jours pour préparer la grève. Il faut que ce travail soit fait par tous les travailleurs syndiqués et non syndiqués. En haut, ils nous regardent, et si les cheminots rentrent dans la bataille, ce n’est plus la même situation » ajoute Anasse Kazib, aiguilleur au Bourget, militant à Sud Rail et Révolution Per-manente.

Comment augmenter la pression et imposer l’intensification du rapport de force ? « En assemblée générale on a l’habitude de parler des perspectives qu’ouvrirait un véritable mouvement interprofes-sionnel qui permette de dépasser nos combats de branche. Cette fois, une fenêtre de tir est ouverte. Il faut construire l’unité pour imposer au gouvernement un rapport de force qu’il n’oubliera pas, pour les salaires, mais aussi pour tuer dans l’œuf sa contre-réforme des retraites » explique Gauthier, con-ducteur de train et militant à Force Ouvrière. Xavier, un autre gréviste, conducteur de trains et militant à SUD-Rail abonde dans le même sens. « Ce ne sont pas les directions syndicales qui vont construire la grève générale. C’est à nous de construire cette mobilisation à la base à la SNCF mais aussi pour la jonction de l’ensemble du monde du travail ».

Se battre pour des revendications qui valent la peine de faire grève

Tous s’accordent sur un point. La grève dans la pétrochimie a ouvert une situation nouvelle et mis dans tous les esprits le mot d’ordre de la grève reconductible et générale. Une perspective que beau-coup conditionnent à la mise en place d’un programme et de revendications qui valent la peine de se battre.

Dans l’assemblée, les propositions fusent : 300 euros d’augmentations des salaires d’un côté, 400 de l’autre. Après un vote, ce sera finalement 500 euros. Pour Laura Varlet, militante Sud-Rail et Révolu-tion Permanente, il faut aller plus loin : « On parle beaucoup d’augmentations de salaires et il faut poser la perspective d’une augmentation générale pour tous les travailleurs, parce que pour les agents du nettoyage qui travaillent à nos côtés dans les gares, par exemple, qui ont des petits salaires, même avant l’inflation c’était déjà galère. Il faut une augmentation de 400 euros pour tous et toutes, c’est fondamental. Mais il est temps aussi de poser la question de l’indexation des salaires sur l’inflation. Les prix de nos factures d’électricité, des aliments de première nécessité vont continuer d’augmenter en janvier. Il faut qu’il y ait des revendications qui valent la peine de se battre ». La proposition sera votée à l’assemblée générale de mardi.

Une autre cheminote intervient pour rappeler la nécessité que ce soient les grévistes qui décident de leurs revendications et de comment ils s’organisent. « Il faut que la grève appartienne réellement aux grévistes de cette assemblée générale ». Un comité de grève est élu quelques minutes plus tard.

La grève est reconduite jusqu’à mardi et après ?

En fin d’assemblée générale, la grève est reconduite à l’unanimité. Une « formalité » pour Anasse Kazib. « Le véritable enjeu, c’est demain ». Ce mardi, seulement SUD-Rail et la FO appelaient à la grève à la SNCF, ils seront rejoints par la CGT à partir de ce mardi, date de mobilisation interprofes-sionnelle.

« Il y a une détermination qui commence à s’exprimer. Chaque jour, il va y avoir des assemblées générales tant que le mouvement est reconduit. On sent un changement d’atmosphère, une réelle volonté de se battre. On a envie d’élargir le mouvement des raffineurs, de faire en sorte que partout la question des salaires se pose. Notre message aujourd’hui, c’est de dire à tous ceux qui nous regardent : il ne faut pas que ça s’arrête demain. Ce n’est pas avec une journée de 24 heures qu’on va gagner, mais avec la reconductible » conclue le cheminot à notre micro.


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