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Violences Policières

1700 gendarmes, 7 hélicoptères, 50 blessés : la manifestation contre les méga-bassines durement réprimée

1700 gendarmes et CRS déployés le premier jour, 7 hélicoptères, plus de 50 blessés : la préfecture et le gouvernement ont durement réprimé les mobilisations écologistes contre le projet de méga-bassine, se tenant à Saint-Soline dans les Deux-Sèvres. Alors que plus de 1000 CRS et gendarmes sont encore présents, récit d'un week-end de violences policières.

Antoine Bordas


et Arthuro Héron

31 octobre 2022

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Crédits photo : AFP /Pascal LACHENAUD

La mobilisation écologiste qui se tenait ce week-end Saint-Soline dans les Deux-Sèvres contre le projet de méga-bassines a subi une répression intense. En deux jours, le tirs de LBD et les grenades de desencerclements ont fait plus de 50 blessés parmi les manifestants et 5 d’entre eux ont du être hospitalisés

Dès la semaine dernière la préfète des Deux-Sèvres a préparé cette répression, en interdisant les manifestations prévues durant le week-end du 29 au 30 octobre.. En annonçant une zone d’exclusion très large, englobant 12 communes, et quadrillant cette dernière de barrages, l’enjeu était d’empêcher la tenue du principal rassemblement, qui devait avoir lieu le samedi.

Pour justifier cette entrave au droit de manifester, la préfète, ancienne du cabinet du ministre de l’Intérieur, n’a pas hésité à criminaliser les opposants au projet de méga-bassine, décrivant les organisateurs comme des «  collectifs [..] connus pour leurs incitations à la désobéissance civile, et pour leurs actions radicales et violentes ». Un dispositif répressif de grande ampleur a donc été mis en place : en plus des 1500 gendarmes et CRS, sept hélicoptères ont également étés déployés et ont survolé la zone pendant plusieurs heures.

Malgré cela, le collectif « Bassine non merci  » ainsi que les autres organisateurs ont maintenu l’appel à manifester le samedi et le rassemblement tout au long du week-end, contre ce projet de bassines d’eau de 650.000 mètres cubes qui va détruire les sols et réserver les ressources en eau à une petite poignée d’exploitants.

Dès le mardi, un campement avait pris forme à proximité du chantier, sur un terrain prêté par un agriculteur favorable à la lutte. Au départ du cortège, de nombreux collectifs étaient présents, comme Les soulèvements de la terre, Bassine non merci, les syndicats Sud-Solidaires, la CGT et la confédération paysanne. Parmi les présents Yannick Jadot, ancien candidat à la présidentielle pour Europe Ecologie-Les verts, dont l’intervention à été écourtée par des huées, les manifestants rappelant sa participation l’an passé à la manifestation du syndicat policier d’extrême-droite Alliance.

Déterminés à protester contre ce projet désastreux pour l’environnement, ce sont plus de 5 000 personnes qui ont bravé cette interdiction de manifester.

Les trois cortèges dirigés vers le chantier à quelques kilomètres du campement ont été immédiatement réprimés. Charges, lancer de grenades lacrymogènes et de désencerclement, tirs de LBD : la préfecture et le gouvernement ont mis en place dispositif d’une violence considérable afin d’empêcher les cortèges d’approcher le chantier. Le cortège blanc, prévu pour faire le trajet le plus court, que les organisateurs conseillaient aux familles et personnes âgées a reçu des grenades lacrymogènes dès la traversée du premier champ. C’est à l’approche du chantier que la répression a été la plus intense, causant l’essentiel des blessures graves.

A la fin de manifestation, le collectif Les soulèvements de la Terre a annoncé que des blessés ont été amenés en garde à vue, tandis que les manifestants hospitalisés risquaient également d’être arrêtés à leur sortie de l’hôpital, comme le suggérait la forte présence policière devant le Centre hospitalier de Niort. D’après le collectif Les soulèvements de la Terre, les gendarmes auraient menacer d’emmener en garde à vue un jeune manifestant blessé à la tête par LBD, après des premiers soins dispensés sur place.

Face à un tel déploiement de violence de la part du gouvernement et des forces de répression, les manifestants ont finalement atteint le chantier et le gigantesque trou, censé devenir la future giga-bassine. Aussi, le conflit pourrait durer et s’endurcir au fil des prochains jours. En effet, dès le dimanche, les actions ont repris et plusieurs canalisations visant à alimenter la future bassine ont été démontées. Le campement est lui aussi toujours actif et se renforce. En réponse, le gouvernement a annoncé laisser sur place plus de 1000 gendarmes, en plus de l’offensive médiatique de diabolisation qu’il mène actuellement, suite à la déclaration de Gérald Darmanin qualifiant la mobilisation d’« éco-terrorisme ».

A quelques jours de l’anniversaire de la mort de Rémi Fraisse, l’État persiste dans la répression. Après un été de sécheresse, il choisit de soutenir ces nombreux projets de méga-bassines symboles de l’agro-industrie, dont l’inefficacité est démontrée. Alors que Gérald Darmanin cherche désormais à opposer les agriculteurs, qui profiteraient du projet, aux manifestants écologistes, la présence d’un grand nombre d’entre eux à la manifestation contredit le discours du ministre de l’Intérieur.

Dans ce contexte de répression et de criminalisation d’opposants politiques, assimilés à des terroristes, il est impératif de soutenir la lutte contre les méga-bassines et les manifestants victimes de violences policières.


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