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De l'argent il y en a

16,8 milliards pour Stellantis. Les bénéfices explosent, les salaires restent au point mort

Le rapport est tombé : Stellantis (ex-PSA/Fiat-Chrysler) a engrangé un profit net de 16,8 milliards d’euros en 2022, soit une hausse de 26% par rapport à 2021. Une percée pour l’entreprise, au détriment des travailleurs dont les salaires réels ne vont pas augmenter.

Benoit Barnett

22 février 2023

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Crédit photo : Jeff Kowaslki / AFP

Ce mercredi, le groupe industriel spécialisé dans l’automobile Stellantis a publié ses recettes pour 2022 : elles s’élèvent à 16,8 milliards d’euros en bénéfice net, ce qui correspond à une hausse de 26% par rapport à l’année 2021. Un nouveau record qui se situe dans le prolongement de l’énorme chiffre d’affaires de 179, 6 milliards d’euros enregistré sur l’année 2022 - soit une hausse de 18%.

Stellantis rejoint donc le palmarès des entreprises ayant fait des bénéfices records en 2022, au côté de Total ou encore d’Airbus. Suite à ces profits importants, l’entreprise automobile compte bien remercier ses actionnaires en augmentant les dividendes versés à hauteur de 1,35 euros par action contre 1,05 euros en 2021. Ce n’est pas tout : la santé de l’entreprise devrait lui permettre de se lancer dans le rachat de 1,5 milliards d’euros d’actions d’ici la fin 2023. De bonnes nouvelles pour le patronat, sur le dos des travailleurs dont les salaires et les conditions de travail ne s’améliorent pas.

Dans un tract publié par la CGT Stellantis, le syndicat explique les raisons de ces bénéfices : l’augmentation du prix des voitures, mais surtout le quasi-gel des salaires, la dégradation des conditions de travail ou encore l’absence d’entretien de l’outil de production, retombant en définitif sur une dégradation générale de la condition des salariés de l’entreprise. Sans compter que près de 123 000 emplois ont été supprimés à l’international depuis que PSA a repris le groupe mondial.

Selon le secrétaire général de la CGT Stellantis, une prime d’intéressement (qui ne constitue pas une augmentation de salaire) devrait être adressée aux ouvriers de l’entreprise à hauteur de 4 300 euros brut, soit environ 3 800 euros net. Issue d’un accord signé par FO, la CFTC et la CFDT, cette prime sera diminuée en fonction des absences enregistrées au cours de l’année 2022, que ce soit pour maladie ou en raison de la grève, ce qui sanctionne lourdement les salariés mobilisés pour leurs salaires à l’automne dernier. Une mesure qui devrait impacter 40% des salariés en France d’après la CGT Stellantis. Les 10 000 intérimaires qui travaillent pour Stellantis en France ne toucheront tout simplement pas cette prime. De plus, l’accord établit que son calcul sera basé sur les résultats européens (en baisse de 8%) et non mondiaux : une astuce de la direction pour réévaluer à la baisse cette prime.

Dans un contexte de crise économique, marqué par une inflation record qui promet encore d’augmenter en impactant la totalité de la population, la direction refuse toujours de discuter d’augmentations de salaires à la hauteur. En septembre dernier, 4 300 salariés des différents sites de Stellantis s’étaient lancés dans un conflit important autour des négociations salariales et revendiquaient des augmentations de salaires à hauteur de 400 euros et quelque soit le contrat (CDI, CDD, ou intérim), l’embauche d’intérimaires ainsi qu’une prime Macron de 6000 euros.

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Plus récemment, chez MA France, équipementier automobile sous-traitant de Stellantis, 90% des salariés ont fait grève pour des augmentations de salaires. Avec ce rapport de force, ils ont obtenu une augmentation de 126 euros bruts, une prime Macron de 1850 euros ainsi que le paiement des jours de leurs jours de grève. Si cette victoire est en deçà des revendications exprimées par la CGT (hausse de 196 euros sur les salaires, 2000 euros de PPV et prise en charge de la mutuelle de l’entreprise), elle reste toutefois supérieure aux propositions initiales de la direction. Les salariés de MA France montrent qu’il est possible de faire plier la direction du grand groupe automobile.

Les bénéfices records de Stellantis prouve une fois de plus que l’argent est disponible, bien au chaud dans les caisses du patronat, attendant des investissements financiers aux détriment des travailleurs qui produisent ces richesses. Alors que le mouvement massif contre la réforme des retraites cristallise la colère accumulée contre l’inflation et contre des conditions de travail dégradées depuis la crise sanitaire, il est plus que jamais possible d’arracher l’augmentation des salaires généralisée et leur indexation sur l’inflation pour améliorer immédiatement le quotidien des travailleurs et des travailleuses. Si le 7 mars, prochaine journée de grève appelée par l’intersyndicale contre la réforme des retraites, la CGT Stellantis enjoint les salariés de groupe à revendiquer une augmentation réelle des salaires à hauteur de 400 euros, c’est l’ensemble de l’intersyndicale qui doit porter ces revendications.


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