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Assemblée générale étudiante

150 étudiants de Paris 8 et réfugiés d’Ukraine engagent le bras de fer contre le tri raciste des réfugiés

Plus d’une centaine de personnes se sont réunies en Assemblée générale ce mardi à Paris 8 pour organiser la lutte pour l’inscription et la régularisation des plus de 200 étudiants réfugiés de la guerre d’Ukraine et de tous les étudiants étrangers. Face au tri raciste des réfugiés de guerre, le bras de fer est engagé !

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Depuis le début de la guerre en Ukraine, ils et elles sont des millions à avoir fui les bombes de Poutine et à avoir tout abandonné derrière eux. En France, ils sont plusieurs milliers et parmi eux beaucoup d’étudiant.e.s espéraient pouvoir poursuivre leurs études au sein des universités françaises. Rien qu’à Paris 8, ils sont plus de 200 dans ce cas. Mais dans la continuité du tri raciste opéré aux frontières, l’université refuse de leur donner toute garantie d’inscription, se cachant derrière l’instruction du gouvernement qui a bien spécifié que la protection temporaire ne bénéficieraient pas aux « ressortissants de pays tiers qui sont en mesure de regagner leur pays d’origine dans des conditions sûres et durables ». Ainsi, étant donné que la très grande majorité de ces étudiant.e.s réfugié.e.s ne disposent pas de cette protection, ils et elles sont exclu.e.s de fait de toute possibilité d’être inscrit.e.s à la faculté, et, donc, risquent de surcroît d’être exclu.e.s du territoire français.

C’est dans ce contexte qu’à l’initiative du Poing Levé, une trentaine d’étudiant.es réfugié.es se sont réuni.es lundi 4 avril pour échanger avec des avocates spécialisées dans le droit des étrangers. À l’issue de la réunion, il a été décidé de convoquer une Assemblée Générale pour commencer à organiser la lutte pour l’inscription et la régularisation de toustes les réfugié.es de guerre et de toustes les étudiant.es étranger.es.

Ce mardi 12 avril, plus d’une centaine de personnes se sont donc réunies dans l’amphithéâtre B1 de l’Université Paris 8. Après avoir voté les modalités de l’Assemblée Générale, les témoignages d’étudiants réfugiés se sont succédés. « À Kiev, quand l’armée russe est arrivée, j’ai vu les avions, les chars, les soldats, donc j’ai dû fuir rapidement. À la gare, seuls les femmes et les enfants pouvaient partir », raconte Aladin, étudiant algérien dont la maison à Kiev a été détruite par les bombardements. Il poursuit : « Chaque jour, j’ai marché 20km pour aller à la gare, à chaque fois l’armée ukrainienne m’a fait dégager, ils m’ont même menacé avec leurs armes. J’ai tout vu : des cadavres, des gens pleurer. »

D’autres réfugié.es interviennent et racontent comment en France, ils et elles ont dû faire face au racisme de l’administration et à l’impossibilité de reprendre une vie normale. Surtout, ils racontent le traitement raciste dont ils et elles ont été victimes, contrairement aux réfugié.es de nationalité ukrainienne. « Un réfugié ukrainien, quand il arrive en France, il a un récépissé de 6 mois ou un an. Les réfugiés étrangers, c’est 1 mois », explique un des étudiants. Il poursuit : « On a fait de très long trajet pour arriver en France, on est vraiment fatigué. La guerre a arrêté mes études de psychologie. Ici, je peux même pas les continuer, c’est seulement pour ceux qui sont Ukrainiens. » De fait, la guerre a mis la vie de l’ensemble des réfugié.es sur pause, beaucoup d’entre elles et eux laissant l’entièreté de leurs affaires derrière elles et eux.

Après les interventions de réfugié.es, les étudiant.es de Paris 8 se sont succédé.es pour leur exprimer leur solidarité. « Cette lutte n’est pas nouvelle, et ne va pas se terminer à la fin de cette AG. Il faut qu’on impose un rapport de force à échelle nationale, cette bataille est politique ! » explique Sylvie, militante au NPA. Un autre étudiant intervient : « Il faut que tous les étudiants soient solidaires, moi je ne peux pas être en cours, si un de mes confrères est dehors. Peu importe l’issue de l’assemblée, il faut être plus nombreux la prochaine fois ! »

Léo, militant au Poing Levé et à Révolution Permanente, expose l’urgence de la situation : « Pour être régularisé, il leur faut une inscription, c’est ça la priorité. Beaucoup n’ont qu’un mois pour "trouver une justification d’être sur le territoire". Il y a des risques d’expulsion. La présidence de la fac doit les inscrire ! » Il ajoute : « Au lendemain du 1er tour, le combat contre Macron et Le Pen commence dès maintenant, dans cette AG. »

Après avoir voté la création d’un comité de mobilisation, la participation au rassemblement de jeudi qui se tiendra à Paris à 18h au Panthéon ainsi que la tenue d’un cortège à la Marche des solidarités de samedi, l’Assemblée Générale s’est rendue devant les bureaux de la présidence pour exiger de la voir. Celle-ci, étant en réunion, a fini par céder et a accepté de recevoir une délégation plus tard dans la journée.

La présidence a expliqué à la délégation que la situation ne serait pas de son ressort et que les directives venaient du ministère de l’Intérieur et du ministère de l’Enseignement supérieur. Pourtant, lorsqu’ils et elles se présentent à la préfecture, les étudiant.es réfugié.es se voient prié.es de présenter une inscription à l’université pour obtenir un titre de séjour. La seule mesure proposée est la mise en place d’une université virtuelle pour remplacer leurs cours en Ukraine, ne garantissant en aucun cas une inscription dans une université française, ce qui ne répond en rien aux besoins des étudiant.e.s qui, on le rappel, risque une exclusion du territoire français s’il ne parviennent pas à s’inscrire rapidement à l’université.La délégation a donc mis la présidence face à ses responsabilités. Après la tribune publiée dans Le Monde par plusieurs universitaires, dont la présidente de Paris 8, demandant au gouvernement d’accueillir les étudiant.esréfugié.es, il est urgent que l’ensemble des présidences d’université se positionnent en leur soutien, et agissent en conséquence. La présidence a affirmé faire tout son possible pour se mettre en contact avec les autres universités et appeler au rassemblement de ce jeudi.

Pour instaurer le rapport de forces, c’est de la solidarité de toustes les étudiant.es, étranger.es ou pas, dont nous avons besoin ! Alors que le premier tour des élections présidentielles nous a montré que le prochain quinquennat serait encore plus répressif, raciste et anti social que le premier, à Paris 8 et dans toutes les universités, le combat contre le gouvernement et l’extrême-droite commence par la lutte pour l’inscription et la régularisation de toustes les étudiant.es réfugié.es de guerre et de toustes les étudiant.es étranger.es. L’Assemblée Générale de ce mardi est un premier pas dans cette lutte ; il s’agit maintenant d’étendre la mobilisation.

Pour cela, rendez-vous ce jeudi 14 avril à 18h au Panthéon pour Paris ainsi que pour des rassemblements à Toulouse, Rennes, Montpellier, Bordeaux et Marseille ! À Paris 8, une nouvelle Assemblée Générale se tiendra jeudi 21 avril.


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