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La Izquierda Diario
14 de avril de 2021 Twitter Faceboock

Et si vous passiez vos vacances au travail ?
Le gouvernement veut élargir le nombre de jours de vacances décidés par l’employeur
Arthur Nicola

Alors que les précédentes ordonnances prises durant la crise sanitaire permettaient aux employeurs de décider des dates de congés de leurs salariés dans la limite de six jours, le gouvernement veut étendre cette disposition.

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N’espérez pas choisir vos dates de vacances cette année. Le gouvernement préfère en tout cas que votre employeur puisse le faire à votre place. Que vous ayez des enfants, des impératifs familiaux, ou tout simplement des préférences sur la manière dont vous comptez vous reposer durant la crise, rien n’y changera. En effet, le gouvernement compte étendre la possibilité donnée aux employeurs de choisir pour leurs salariés la date de leurs congés. Déjà, avec la « loi d’urgence » votée au printemps dernier, le gouvernement avait voté des ordonnances permettant aux employeurs de décider de la date des congés de leurs salariés, dans la limite de six jours sur les trente annuels, si un accord d’entreprise ou de branche le permettait.

Et alors que le gouvernement continue son discours triomphaliste sur la sortie de crise, promettant un retour à la normale d’ici la fin de l’année scolaire, celui-ci continue de profiter de la crise sanitaire pour faire toujours plus de cadeaux au patronat. D’où ce projet, évoqué par la ministre du travail Elisabeth Borne en réunion avec les partenaires sociaux lundi 12 avril dernier. Une « piste de travail » qui montre bien les impératifs du gouvernement : donner toujours plus de liberté aux entreprises au détriment de leurs salariés. C’est particulièrement le cas dans le secteur du tourisme ou de la restauration, ainsi que dans toutes les branches où les salariés n’ont, depuis plusieurs mois, pas d’autres options que le chômage partiel. Faute d’activité, ceux-ci n’ont donc pu poser leurs congés, et les entreprises du secteurs cherchent à disposer de leur main d’œuvre comme bon leur semble, dans l’espoir d’une reprise rapide de leur activité.

Dans la même veine, le gouvernement a aussi évoqué l’idée de poursuivre la facilitation des CDD pour les employeurs. Dans la même vague d’ordonnances sur le droit du travail, le gouvernement avait permis aux employeurs en juin 2020 de déroger à la limite de deux renouvellement de CDD en cas d’une convention d’entreprise. Cette disposition, initialement prévue jusqu’au 30 juin 2021, pourrait être étendue au-delà, continuant ainsi de faire peser une épée de Damoclès au dessus de la tête de tous les salariés en CDD, toujours dans la crainte de ne pas être renouvelé.

Pour justifier ces adaptations du Code du Travail, Elisabeth Borne cherche à faire croire qu’il ne s’agit de « mesure transitoires » pour accompagner la relance de l’économie. En réalité, toutes ces ordonnances, qui commencent à s’accumuler sur de très nombreux sujets, et sur lesquelles l’Assemblée Nationale n’a même pas été consultée, pourrait facilement se retrouver dans le droit commun dans les années à venir. A l’instar de l’état d’urgence mis en place en 2015 qui fait maintenant partie du droit commun, ces lois prises administrativement au nom de « l’urgence sanitaire » pourrait bien finir dans les prochains mois dans le Code du Travail, sous la pression du patronat argumentant sur les difficultés économiques auxquelles ils font face.

Une fois de plus, entre les intérêts du patronat et les intérêts des « héros de la première et deuxième ligne » dont il chantait les louanges il y a quelques mois, le gouvernement a tranché. Après la mise en place des décrets d’application concernant la réforme de l’assurance chômage, qui va exclure près d’un chômeur sur cinq de ses droits, Macron et Borne continuent de précariser les salariés, au nom de la relance économique. Et face à cela, force est de constater que les directions des syndicats sont plus que silencieux. S’ils se disent bien « opposés » à de telles réformes, on ne voit guère de plan de contre-attaque se dessiner à la CGT, à Force Ouvrière ou à la FSU. Le mutisme actuel des directions syndicales, qui rechignent à appeler le monde du travail à s’opposer à la destruction à grande vitesse du Code du travail montre une fois de plus que si, comme l’a dit Pierre-Jean Chalençon, « la lutte des classes revient en 2021  », pour l’instant ce ne sont pas Yves Verrier ou Philippe Martinez qui l’animent.

 
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