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23 de février de 2021 Twitter Faceboock

Crise sanitaire
A Nice, Macron expérimente le confinement 100% made in MEDEF
Margot Vallère

Le préfet des Alpes-Maritimes a annoncé un confinement partiel pour la ville de Nice ainsi que pour tout le littoral du département. Une première au niveau national et un coup d’essai pour le gouvernement qui cherche la voie pour élaborer un confinement 100% made in MEDEF, taillé sur mesure pour le patronat.

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Crédits photos : afp.com/Valery HACHE

Lundi 22 février, de nouvelles mesures restrictives ont été annoncées par le préfet en réaction à la situation sanitaire plus que préoccupante qui sévit dans le département. Le ministre de la santé Olivier Véran s’était rendu à Nice samedi 20 février et avait demandé au préfet ainsi qu’aux élus départementaux de mener une concertation pour « prendre les mesures complémentaires allant d’un couvre-feu renforcé à un confinement local le week-end pour endiguer l’épidémie ».

Le gouvernement a donc opté pour un confinement local et uniquement le week-end en plus de la fermeture des commerces de plus de 5000 km carrés et du renforcement du port du masque. Une première sur le territoire métropolitain depuis le début de la crise. Ainsi, les villes allant de Menton à Théoule-sur-Mer en passant par Nice seront confinées lors des deux prochains week-ends à compter de vendredi soir. Sur le modèle d’un confinement « classique », tous les déplacements devront être justifiés par une dérogation et les commerces (sauf les commerces alimentaires et les pharmacies) passeront en « click and collect » du vendredi à 18H jusqu’au lundi à 6H.

Alors que la situation épidémique est catastrophique dans ce département où le taux d’incidence est quatre fois supérieur à la moyenne nationale, cet ensemble de mesures à priori plus répressives qu’efficaces sur le terrain sanitaire s’inscrit dans l’approfondissement de la logique made in MEDEF mise en œuvre lors de la deuxième vague. Cette logique qui met au cœur le maintien de l’économie fait peser centralement le poids de la crise sanitaire sur la vie sociale. De ce point de vue, le confinement « partiel » décrété par le préfet des Alpes-Maritimes exprime cette logique jusqu’au bout. Il combine en effet le couvre-feu à 18h avec un confinement le week-end, mettant ainsi fin à toute vie sociale qui pouvait encore exister en journée. En résumé, la seule activité autorisée sera le travail.

Le gouvernement joue la concertation pour canaliser la défiance

Ce nouveau confinement « partiel » est probablement le préalable à une généralisation vers d’autres métropoles ou encore à l’échelle nationale. Sa particularité, cependant, est qu’elle s’inscrit de nouveau à l’échelon local, et sur la base d’une concertation avec les élus locaux. Politiquement, cette solution permet de répondre à deux préoccupations de l’exécutif. Le premier objectif consiste à maintenir l’illusion d’une crise sanitaire qui serait encore sous contrôle. Le deuxième vise à rompre avec la verticalité des décisions qui présidaient jusque-là.

Sur ce dernier point, la question de mesurer l’acceptabilité et de prendre en compte la défiance de la population devient un élément fondamental de la stratégie sanitaire gouvernementale. En effet, si nombre de mesures contraignantes pouvaient être acceptées au début de la crise sanitaire, il en va différemment quasi un an plus tard, alors que le gouvernement est toujours empêtré dans la crise.

Après d’innombrables scandales comme celui des masques en mars dernier, celui des tests et plus récemment celui des vaccins, ainsi que l’épuisement des méthodes de confinement et de couvre-feu à répétition, la confiance d’une partie de la population en l’exécutif continue de s’éroder. Selon le « baromètre de la confiance politique » du Cevipof dont le Monde qui publie ses principaux résultats, « 41 % des Français disent en premier lieu éprouver de la lassitude et 34 % de la morosité. Ces deux sentiments sont en forte augmentation par rapport au mois d’avril 2020, tandis que la crainte recule de treize points. L’évolution est sensiblement identique en Italie, où 40 % des sondés disent exprimer de la lassitude. »

Un confinement 100% made in MEDEF, toujours des miettes sur le terrain sanitaire

Dans la droite lignée de la stratégie du gouvernement « made in MEDEF », les nouvelles mesures annoncées par le préfet Bernard Gonzalez d’un reconfinement local et partiel visent en premier lieu à maintenir au maximum l’économie et à mettre la crise sanitaire sous le tapis. Sa stratégie est celle-ci : éviter trop de brassage tout en maintenant autant que possible l’activité économique durant la semaine.

Sanitairement, ce nouveau tour de vis est une manière pour le gouvernement de temporiser alors que la situation sanitaire tend à s’empirer au niveau national, particulièrement dans certains départements où les contaminations s’affolent comme en Moselle ou dans les Bouches-du-Rhône. Il permet aussi à l’exécutif de maintenir l’état de normalité tout en s’autorisant une nouvelle manière de confiner la population, plus en phase avec sa logique de profit à tout prix.

Or cette mesure ne peut pas être à la hauteur de la situation sanitaire dans le département où les hôpitaux sont sous pression depuis le mois de janvier, forcés de renvoyer des patients atteints du Covid-19 chez eux et de déprogrammer toujours plus de malades. Selon la médecin immunologiste Sylvia Benzaken du CHU de Nice dans un article du Monde : « Les établissements de santé des Alpes-Maritimes se situent déjà à un niveau de déprogrammation de 20 % à 30 % ». Un chiffre alarmant annonciateur de nouvelles déprogrammations et qui révèle l’impasse dans la quelle se trouve l’hôpital public qui croule sous les patients sans que son budget ne soit significativement revu à la hausse.

En définitive, les propos de Véran hier matin sur BFM TV, félicitant le gouvernement d’avoir réagi « au bon moment », sonnent ainsi complètement faux et révèlent le caractère hypocrite de cette fuite en avant liberticide. Dans le même temps, non seulement aucune stratégie de prévention, ni de moyens d’urgence supplémentaire pour l’hôpital sous extrême tension n’est mise en œuvre. Une nouvelle fois, le gouvernement met le maintien de l’économie au-dessus de nos vies.

 
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