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10 propositions faites à Agnès Buzyn

Psychiatrie : nouvel appel au secours des professionnels de santé

Ce 8 novembre, 21 organisations de professionnels de la santé et d’usagers ont formulé dans un courrier adressé à la Ministre des Solidarités et de la Santé Agnès Buzyn, dix demandes pour sortir de la situation gravissime dans laquelle la psychiatrie se trouve depuis maintenant plusieurs années.

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Quelques mois après la victoire de l’hôpital du Rouvray, en Seine Maritime, après 30 jours de mobilisation et de grève de la faim, la situation continue d’être catastrophique pour les hôpitaux psychiatriques. A Amiens, l’Hôpital Pinel est désormais devenu le symbole d’une lutte des services de psychiatrie qui s’est étendu depuis la victoire des hospitaliers du Rouvray. Dans ce contexte, des organisations professionnelles de santé et d’usagers ont décidé d’adresser un courrier à la ministre dans lequel ils expriment 21 revendications.

Le courrier exige notamment « la préservation des moyens alloués à l’activité de la psychiatrie » et la « fin du gel [budgétaire] qui leur est imposé » dans le budget 2019 qui prévoit, pour le secteur de la santé, des économies de 3.8 milliards d’euros.

De plus, figure aussi la demande de garantie d’accès aux services de psychiatrie infanto-juvénile, celle d’assurer une meilleure formation aux infirmières en psychiatrie et de garantir des conditions de séjour hospitalier respectant les droits et la dignité des patients.

La psychiatrie en France est en crise. C’est le constat que dresse l’ensemble des soignants dont la détresse est palpable. Dans les hôpitaux psychiatriques de Bourges, Allonnes, Rennes, Amies ou Saint-Etienne, les personnels hospitaliers se sont mis en grève, certains ont entamé une grève de la faim de deux semaines (hôpital du Rouvray) pour attirer l’attention sur leurs conditions de travail toujours plus précaires. En cause, le manque de moyens alloués aux hôpitaux psychiatriques qui ne cessent de voir leur nombre de patients augmenter (+300 000 entre 2010 et 2016). Les délais de prise en charge sont sans fin, et un personnel désabusé par ses conditions d’exercice craint et dénonce d’être poussé à des maltraitances. Notamment, Le Contrôleur Général des Lieux de Privation de Liberté a dénoncé en 2016 la « banalisation choquante » du recours à la contention et à l’isolement. En octobre dernier, des témoignages de personnels en grève de l’hôpital psychiatrique d’Amiens faisaient le même constat. Le personnel y tire la sonnette d’alarme sur ses conditions de travail : « Les patients de sont plus soignés, c’est pour ça qu’il y a un mouvement qui est là et qui dure aussi longtemps. On veut travailler sur un vrai projet de soin en psychiatrie et pas ce que veut en faire la ministre de la santé ». D’où la revendication d’“ Accompagner la mise en oeuvre des projets territoriaux de santé mentale obligatoires au 1er juillet 2020 par un soutien technique des ARS”

Les Centres Médicaux-Psychologiques pâtissent particulièrement du manque de moyens, où les délais d’attente peuvent parfois atteindre un an en pédopsychiatrie, portant atteinte aux missions de dépistage et de prévention. A cela s’ajoute le nombre de lits à temps complet réduit de 70% depuis trente ans.

Depuis plusieurs années, les restrictions budgétaires se font au nom d’un virage ambulatoire, qui tend à déplacer les soins vers l’extra-hospitalier, et favorisent l’hospitalisation à domicile. Censée améliorer le confort des patients et permettre de meilleurs soins, la stratégie ambulatoire n’a pour l’instant pas bénéficié d’une réelle mise en place. Le budget attribué aux hôpitaux a par ailleurs bien réduit, entrainant la fermeture de services.

Mme Buzyn a promis ce 25 septembre de prioriser la psychiatrie dans la plan Ma Santé. Reste à savoir si elle entend par là. Le plan semble vouloir poursuivre la logique du virage ambulatoire et prévoit à ce titre une augmentation du budget de 400 millions (à déduire des 3.8 milliards supprimés) alloué à cette réorganisation. Cette nouvelle plateforme de revendication qui demande notamment de « développer des indicateurs de qualité et sécurité des soins dédiés à la psychiatrie » d’ici la fin 2019 cherche à sortir d’un raisonnement purement comptable et d’un discours de rentabilité qui gangrène depuis plusieurs années la santé publique.


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