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Répression

Myanmar. Raids et expulsions : l’armée réprime violemment les cheminots mobilisés

Au Myanmar, la répression s’abat de plein fouet sur les cheminots en grève depuis le début du mouvement, à travers des raids des forces armées et des expulsions ciblant leurs zones de résidences à Rangoun.

Olive Ruton

10 mars 2021

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Depuis le premier février dernier, le pays est secoué par un immense mouvement populaire contre le coup d’État des militaires qui a renversé le gouvernement d’Aung San Suu Kyi. A la tête de la révolte, la classe ouvrière, dont les syndicats ont appelé à des journées de grève générale et à « arrêter totalement l’économie » à partir du 8 mars dernier. Au cœur du tournant répressif qui sévit depuis quelques jours, les cheminots, en grève depuis le début du mouvement, sont aujourd’hui objets d’une répression ciblée de la part de l’armée.

Raids armés et expulsions contre les logements de fonction des cheminots

Ce mercredi, les cheminots de la gare de Ma Hlwa Gone, à l’Est de Rangoun, ont vu un raid des forces armées attaquer leurs logements. Par centaines, les policiers et les soldats ont bloqué les accès à la zone d’habitation, détruit les portes de certains logements et procédé à des arrestations, selon le témoignage de résidents sur place. Les militaires auraient également expulsé des grévistes et leurs familles de leurs logements de fonction.

Ce raid qui vise un secteur de la classe ouvrière à l’avant-garde du mouvement contre la junte militaire depuis le coup d’État, participe de toute une politique de répression de plus en plus violente et systématique, qui a déjà lancé des arrestations massives et plusieurs raids contre des universités ou encore des hôpitaux, où le nombre de grévistes est tel depuis un mois que 357 hôpitaux publics ont dû fermer. Au total, on compte pas loin de 2000 arrestations et plus de 60 morts victimes de la répression.

Une répression de plus en plus forte face à un mouvement qui ne faiblit pas

Malgré un tel niveau de répression, qui ne promet que de se durcir, rien ne semble arrêter le mouvement. C’est en réponse à cette détermination, de ce refus de la junte militaire à toute épreuve que les militaires à la tête de l’État ne cessent d’intensifier la répression d’une révolte hors de leur contrôle qui paraît de plus en plus s’organiser et fédérer les différents secteurs qui luttent aujourd’hui. Dans ce sens, la journée de grève générale appelée par 18 syndicats le 8 mars dernier a été fortement réprimée, notamment aux armes à feu, et a coûté la vie de 3 manifestants. Elle a aussi vu s’opérer dans la rue une jonction entre les revendications féministes de milliers de travailleuses et étudiantes et le mouvement contre le coup d’État.

Ainsi, les menaces du gouvernement qui promettait à ceux qui resteraient mobilisés à partir du 8 mars, des licenciements systématiques, n’ont pas eu l’effet escompté ni empêché une « journée morte » dans le pays, complètement immobilisé. De même du coté des cheminots comme des ouvriers des différentes industries, des fonctionnaires, ou des agents de santé, par exemple, rien ne parvient à faire faire revenir les grévistes au travail, ni les menaces de licenciements et de détentions, ni même la promesse d’être vaccinés contre le Covid-19, utilisée comme moyen de pression, pour les hospitaliers. En dépit de ce niveau de répression inouï, c’est ainsi bien plutôt les révoltés qui continuent de menacer les putschistes au pouvoir, que les armes de ces derniers contre les grévistes. Loin de faiblir, c’est sur une voie de plus en plus consciente de blocage économique du pays notamment par la grève, que les travailleurs et les classes populaires engagent la suite de leur mouvement, pour la chute des militaires.

Cette activité politique des ouvriers et ouvrières commence à faire peur à certains patrons qui n’hésitent plus à collaborer avec les militaires. Cette mobilisation des travailleurs sera également un challenge pour Aung San Suu Kyi et son parti, dont les objectifs politiques et économiques sont aux antipodes des intérêts de la classe ouvrière et des classes populaires du pays, comme ils l’ont déjà démontré lors de leur mandat.


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