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Interview. « Les lycées craquent, mais le gouvernement s’attaque à l’écriture inclusive »

Ce lundi, à l'appel de l’UNL, des blocages ont eu lieu dans plusieurs lycées afin d’exiger l’annulation de certaines épreuves en vue de la situation catastrophique de nombreux élèves. Nous avons interviewé Mathis, lycéen près d'Annecy, qui a participé à ces blocages.

Prune Fabre

3 mai 2021

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Crédits photo : MARTIN BUREAU / AFP

Révolution Permanente : Pourquoi avez-vous décidé de bloquer votre lycée ce matin ?

Mathis : On a bloqué dès ce matin, 8h, pour répondre à l’appel national de l’UNL et du MNL. Il y a eu à l’échelle du lycée un comité auto-organisé avec un principe de démocratie horizontale qui a organisé ce blocus. Les revendications de ce blocus sont de demander l’annulation des épreuves de français, de philosophie, le grand oral, ainsi que les épreuves de BTS, parce qu’on a estimé que la situation actuelle ne permettait pas de passer ces épreuves. Les cours n’ont pas pu se dérouler de façon convenable, notamment du fait des demi-jauges avec les cours à la maison qui ont augmenté les inégalités entre lycées.

RP : Comment est appliqué le protocole sanitaire dans ton lycée ?

Mathis : Depuis plus de six mois, les premières et les secondes sont en demi-jauges, donc ils sont présents un jour sur deux. Ça c’est un gros problème pour les premières qui passent le bac français et ne peuvent pas être là tous les jours. Les terminales ont été épargnés mais, depuis aujourd’hui, on passe également en demi-jauges, on s’inquiète à notre tour pour la réussite de notre Bac. On se mobilise aussi en soutien aux autres lycées, où, dans certains, des terminales n’ont pas eu cours en 100% présentiel depuis quatre mois.

RP : Qu’as tu pensé des interventions du gouvernement ?

Mathis : Le gouvernement n’a pas proposé grand-chose de convaincant, qui pourrait éviter la casse qu’il va y avoir au niveau de l’éducation et l’inégalité vis-à-vis de l’accès à l’université. Jean Michel Blanquer a été à un Conseil National de la Vie Lycéenne (CNVL) il n’y a pas très longtemps et la grande majorité des élus de la CNVL se sont mis d’accord pour dire à Jean Michel Blanquer qu’il fallait annuler les épreuves en vu de la situation catastrophique actuelle. Mais il n’a pas voulu écouter, et c’est également parce qu’il a refusé d’entendre la démocratie lycéenne qu’il y a eu ces blocus. Cette colère est d’autant plus grande qu’au lieu de s’inquiéter de la situation dans les lycées, le gouvernement préfère s’attaquer à des débats autour de l’écriture inclusive ou d’un soit disant islamogauchisme.

RP : Est-ce que tu risques d’avoir des conséquences pour avoir participé à ce blocus ?

Mathis : Hier, on a prévenu un syndicat de professeur, la SNES-FSU, qu’on allait faire un blocus. Il nous a répondu qu’ils allaient prévenir les professeurs pour qu’ils viennent nous aider. Or, ce matin, il n’y avait pas de professeurs syndiqués présent. Et à 9h, la proviseure est venue me voir avec une agente des renseignements territoriaux. Elle m’a accusé d’avoir organisé le blocus, alors que c’est faux car c’est un comité autogéré où j’ai seulement été invité. Comme preuve, l’agence des renseignements territoriaux m’a sorti un mail du syndicat SNES-FSU qui disait que j’étais la personne qui avait organisé avec mon nom, mon prénom et mon numéro de téléphone. Je suis un peu sur la sellette, j’ai un rendez-vous prochainement avec la principale, on risque peut-être d’avoir des représailles pour s’être mobilisés.

RP : Tu sais si d’autres blocus vont être prévus ?

Mathis : Au niveau national, il y a Solidaires lycées, Sud, le MNL, la CLAP et BTS en détresse, entre autres, qui font un appel unitaire à bloquer les lycées le 5 mai. Dans mon département, il y a également des blocus de prévus, les syndicats lycéens ont vraiment un poids mineur du coup ce sont surtout des collectifs autogérés qui se créent et organisent des blocus.

RP : Est-ce qu’il y a autre chose que tu aimerais ajouter ?

Mathis : C’est important de continuer à bloquer, on ne doit pas s’arrêter et on doit s’unir entre travailleurs, travailleuses, étudiants, étudiantes, lycéens, lycéennes parce qu’on doit s’unir et militer pour un regroupement des luttes, que nos revendications ne s‘arrêtent surtout pas aux portes du lycée. Je pense que la convergence des luttes est essentielle pour obtenir ce qu’on veut.


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