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Crise sanitaire

Gestion catastrophique : après les masques et tests, Macron se prend les pieds dans les vaccins

Après le scandale des tests, après le scandale des masques, le scandale des vaccins ? En France, on semble se diriger vers une nouvelle déroute sanitaire, alors que la campagne de vaccination vient à peine de commencer.

Arthur Fontane

30 décembre 2020

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Jamais deux sans trois : après les masques et les tests, le scandale des vaccins

Lors du second reconfinement, Emmanuel Macron avait expliqué : « nous avons été surpris [par l’ampleur de la seconde vague] ». Visiblement, alors que tous les experts scientifiques et épidémiologistes travaillent d’arrache-pied depuis un an sur le Covid-19, le gouvernement ne cesse pas d’être surpris, dépassé, incapable de proposer le moindre plan à court ou long-terme contre la pandémie. C’est ce que révèle la façon dont a commencé la campagne de vaccination le 27 décembre. Au 30 décembre à 7h, seuls 138 vaccins avaient ainsi été délivrés en France. A comparer avec les 42 962 vaccinations effectuées outre-Rhin au 28 décembre. Mais pourquoi la France est-elle si en retard sur la campagne de vaccination ?

La validation du vaccin Pzifer/BioN Tech par l’Autorité Européenne du Médicament (AEM) le 24 décembre, (autorisé par la Haute Autorité de Santé française le 27 décembre) a permis le lancement de la campagne européenne de vaccination. Mais une fois de plus, la France est à la traîne. Au centre de ce nouveau fiasco sanitaire, la stratégie du gouvernement, qui semble une nouvelle fois inadaptée à l’ampleur de la pandémie. En effet, le gouvernement a voulu prioriser la vaccination des personnes en EPHAD, les personnes les plus victimes du Covid-19., en amenant les vaccins directement aux personnes âgées. Si sur le papier, cette stratégie aurait pu s’avérer efficace comme première étape de la vaccination, sa mise en œuvre –tout comme le reste des stratégie sanitaires du gouvernement– est aujourd’hui catastrophique.

Et tout porte à croire qu’une fois de plus, c’est l’impréparation du gouvernement qui est en cause. En effet, face aux nombreuses voix d’opposition, des Républicains à la France Insoumise, Alain Fischer, le « monsieur vaccin » du gouvernement, a ainsi expliqué à France Info que la stratégie était « d’amener le vaccin auprès des personnes. Le vaccin va aux personnes, on ne transporte pas les personnes vers un endroit où est stocké le vaccin. Ça prend du temps. C’est compliqué. » Et que ce soit Olivier Véran, ministre de la Santé, ou tout député LREM, les mêmes arguments reviennent : « mieux vaut lentement et sûrement ».

Pourtant, ce n’est pas l’avis de nombreux spécialistes : que ce soit Philippe Amouyel, professeur de santé publique au CHU de Lille, interrogé par France Info, ou son confrère Axel Kahn, généticien et président de la Ligue contre le cancer, interrogé par Libération, le gouvernement doit absolument accélérer le processus. L’inquiétude semble ainsi monter du côté des professionnels de santé, d’autant que sur LCI Alain Fischer a tenu des propos inquiétants, en donnant des chiffres qui revoient à la baisse les objectifs annoncés par le gouvernement.

Face à ce nouveau scandale, l’impréparation du gouvernement ne fait aucun doute : les vaccins ont commencé à être commandés dès fin août, à l’échelle de l’Union européenne, tandis que les dates de validation du premier vaccin Pzifer/BioN Tech par l’AEM sont connus depuis fin novembre. Mais le gouvernement semble une nouvelle fois « surpris » par l’ampleur de la tâche à laquelle il doit faire face. Est-il compliqué de faire vacciner les personnes âgées en EPHAD ? Oui. Mais face à la crise sanitaire, le gouvernement ne semble pas vouloir engager les grands moyens afin de vacciner rapidement le plus de monde possible, quitte à développer d’énormes chaînes logistiques.

Une gestion sous pression de la colère et de la défiance populaire ?

La politique erratique actuelle concernant les vaccins est une illustration de la tension dans laquelle est pris le gouvernement face à la défiance et à la colère populaire suscitées par sa gestion catastrophique de la crise. Dernier revers subi par la majorité la semaine dernière, elle a dû retirer la loi sur l’État d’urgence sanitaire face aux critiques. Le macronisme, peu habitué à devoir reculer sous la critique, ou à modifier ses propres projets de loi, marche ainsi sur des œufs, à l’heure où le lancement d’une campagne massive de vaccination est décisive.

Face à la défiance suscitée par le vaccin, et alimentée par la gestion catastrophique et pro-patronale de la crise, le gouvernement veut éviter les conflits. D’où certains choix qui interrogent les professionnels, à l’image du consentement écrit des personnes vaccinés que devront recueillir les médecins avant les vaccinations, une disposition unique dans le monde et qui ralentit particulièrement la vaccination dans les EHPADs. Une volonté d’enrayer une défiance telle que de nombre de personnes souhaitant se faire vacciner en France a récemment chuté, passant de 59 % en août à 40 % fin décembre, selon un sondage Ipsos.

Mais pour le gouvernement des riches de Macron, cet effort symbolique semble bien illusoire. A défaut, le gouvernement semble avoir choisi d’en faire une excuse voire même le symbole de la méthode « française », qui ne cache que très mal les difficultés réelles du pouvoir. Des difficultés qui vont avoir des conséquences sanitaires, alors que la vaccination constitue l’unique réponse du gouvernement face à la crise sanitaire qui exigerait la mise en place d’un véritable programme à la hauteur.


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