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Le nouveau courant des frondeurs

« Commun », de Pouria Amirshahi. Podemos ou Podemos pas ?

Jean-Patrick Clech La France étouffe, dit Pouria Amirshahi, le seul des députés frondeurs à avoir voté contre le Budget 2016. Par delà cette constatation et ce geste isolé, le chemin est encore long pour en arriver à construire un « Podemos » à la française. D’autant plus que si le mouvement de Pablo Iglesisas est en perte de vitesse et se droitise de plus en plus, « Commun », le courant fondé par Amirshahi ce weekend, ne fait que reproposer la vieille soupe de la gauche plurielle.

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Alors certes il y a du nouveau : du nouveau dans les appellations, les structures de fonctionnement, tout se fait par atelier, il n’y a pas de hiérarchie, on privilégie La Maison de l’arbre ou la Parole Errante, à Montreuil, plutôt que les salons feutrés de la Rue de Solférino, avec ses guéguerres internes qui n’intéressent plus personnes, pas même les plus sociaux-libéraux des sympathisants du PS. Mais dans le lancement du « mouvement-qui-ne-se-veut-pas-être-un-parti-ni-une-écurie-pour-2017 », comme le ressassent à l’envi les amis de « Commun », avec les yeux braqués sur 2017, à l’instar de Benoît Hamon, il y a pas mal de recettes qui ne sont guère nouvelles.

Amirshahi a surtout réussi à réunir dimanche, à l’occasion du lancement, plusieurs centaines de personnes qui sont passées sur la journée, majoritairement issues des réseaux socialistes proches des frondeurs, au sein des MJS ou de l’UNEF. Côté Front de Gauche, l’assemblée a permis de ressouder entre Pierre Laurent et Eric Coquerel un semblant d’unité au vu de l’émergence de ce nouveau concurrent sur des terres très PCF et PG. Le bras-droit de Jean-Luc Mélenchon s’est empressé d’affirmer que « Commun » ne pouvait pas s’inscrire en concurrence des « assemblées citoyennes » que le PG et ses alliés ont eu beaucoup de mal à faire (sur)vivre.

Mais l’axe de fond auquel s’accroche Amirshahi, c’est la (re)constitution d’un bloc de majorité rose-rouge-vert. Comme au bon vieux temps de Lionel Jospin, avec le succès que l’on sait. Et avec pour figure tutélaire « Tsipras, qui se bat en Grèce pour les siens », selon les mots du dépité frondeur.

Ce que l’on voit, ici, c’est que ce que reproche Amirshahi à François Hollande ou à Manuel Valls, c’est de ne plus jouer le jeu, comme aurait pu le faire avant eux un François Mitterrand ou un Pierre Mauroy : dire qu’on est de gauche alors qu’on mène une politique de droite, à l’instar de Tsipras, en Grèce. Emmanuel Macron, lui, au moins, est plus cohérent. C’est ce qui fait bondir Amirshahi, ancien président de l’UNEF puis de la MNEF, lieu par excellence de pantouflage des jeunes pousses et de mauvaises herbes socialistes.

Mais ce n’est pas en juxtaposant des mots d’ordre qu’on crée une ligne politique. Ce weekend, « Commun » a surtout rassemblé des morceaux d’une mosaïque pour se donner un semblant de bagage. Mais sur le fond, qu’on ne se trompe pas. La juxtaposition de trois couleurs n’est pas mécaniquement synonyme de gauche et encore moins de reversement complet de la politique actuellement menée. Tout au plus cela permet de peser davantage sur les rapports de force interne « à gauche », ce qui semble préoccuper Amirshahi au plus haut point, quoi qu’il n’en dise.


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