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#OnVeutLesNoms

Chalençon gate. Les fêtes clandestines, nouveau scandale d’État ?

Depuis la publication par M6 du reportage sur les soirées clandestines organisées dans les hôtels privés des élites, le gouvernement et la haute bourgeoisie n'en finissent plus de s'empêtrer dans des justifications incohérentes. Pendant ce temps, l'enquête piétine.

Anna Ky

8 avril 2021

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Photo : capture Twitter

Il y a une semaine, M6 publiait un reportage révélant l’existence de soirées de luxe clandestines, notamment au Palais Vivienne, l’hôtel particulier du collectionneur Pierre-Jean Chalençon, aujourd’hui au cœur du scandale. Sous couvert d’anonymat, au cours du reportage, il déclarait notamment : « J’ai dîné cette semaine dans deux ou trois restaurants soi-disant clandestins avec un certain nombre de ministres, alors ça me fait doucement rigoler. On est en démocratie, on fait ce qu’on veut ». S’il est revenu sur ces propos en décrétant qu’il s’agissait d’un trait d’humour, de nombreux éléments semblent indiquer que plusieurs membres du gouvernement sont effectivement des habitués de ces petites sauteries de la haute bourgeoisie.

Les « connaissances » de Pierre-Jean Chalençon qui pourraient avoir participé à ces fêtes clandestines dont le menu se compte en centaine d’euros – le prix à payer pour oublier le temps d’une soirée les dizaines de milliers de morts du Covid- sont les mêmes qui sont à l’origine des conséquences dramatiques du covid.

Depuis lors, les internautes ont exigé les noms de ces hypocrites qui restreignent toujours plus nos libertés et prônent le tout répressif en matière gestion de la crise sanitaire mais se gavent de caviar, de homard et de champagne sans respect des mesures sanitaires les plus élémentaires et en toute impunité. Le hashtag #OnVeutLesNoms a rapidement émergé sur les réseaux sociaux. Parmi les membres du gouvernement, Gabriel Attal et le ministre de la justice Eric Dupont-Moretti figurent en tête de liste des suspects.

Des justifications ridicules et indécentes

Cette même semaine, des membres du cabinet de Frédérique Vidal, ministre de l’Enseignement supérieur, ont été filmés en train de faire la fête – sans masque évidemment – dans les bureaux du ministère. Et ce alors que les universités sont fermées depuis des mois et que les étudiants sont dans une détresse telle qu’on ne compte plus le nombre de tentatives de suicide dans les résidences universitaires et que les files devant les banques alimentaires s’allongent de semaine en semaine.

L’indécence n’ayant pas de limites, du côté de l’entourage de la ministre, on rejette la faute sur les internautes ayant diffusé la vidéo : « On bascule dans quelque chose de dangereux et nuisible, dans une société de délation avec des personnes qui filment aux fenêtres des collaborateurs de cabinet qui bossent 16 h/jour, 7 jours sur 7, observant la vie au quotidien d’un ministère et attendant le moindre faux pas ».

Dans la même veine Zemmour s’est empressé de défendre les soirées clandestines, ses organisateurs et ses clients. Il a ainsi expliqué que c’était «  trois fois rien » et s’est insurgé « Je suis sidéré par l’importance accordé à cette histoire et la violence des réactions ». Et évoquant les réactions qui ont émergé en réponse au scandale il explique qu’elles sont « méchanceté » et «  fureur  ». Julie Graziani n’était évidemment pas en reste et dénonçaient sur BFM la « délation et l’esprit de vengeance ». Des déclarations éhontées qui visent à défendre la bourgeoisie, les plus riches, qui, bien éloignés des préoccupations du Covid, du confinement ou du couvre-feu n’entendent pas stopper leur écœurant train de vie.

Justice de classe : l’enquête moins rapide que quand il s’agit de condamner les rave-party

Et alors que l’immense majorité de la population crie au scandale, confinée, réprimée, privée de toute liberté depuis plus d’un an, l’enquête avance très lentement. Mais comment s’en étonner quand le ministre de la justice lui-même est suspecté d’être invité de ces soirées ?

Affirmant ouvrir une enquête Gérald Darmanin décrétait notamment : « Tous les jours, les services de police et de gendarmerie interviennent [...] dans les quartiers populaires parce qu’il y a des barbecues géants, parce que les gens ne respectent pas le confinement. Il est évident que dans les plus beaux quartiers de la capitale, la règle est la même pour tout le monde. Il n’y a pas deux types de citoyens avec ceux qui ont le droit de faire la fête et ceux qui n’auraient pas le droit. » Des propos qui sonnent d’autant plus faux et creux qu’on entend en ce moment le riche Chalençon dire de manière décomplexée « On est en démocratie, on fait ce qu’on veut » pour justifier le fait de faire ce qui est interdit au reste de la population, qui non seulement a vu la vie sociale disparaître mais fait face à une répression accrue depuis le début de la crise sanitaire, dont des violences policières qui ont conduuit à la mort de plusieurs personnes. Les propose de Darmanin sont d’autant plus hypocrites et méprisant que c’est dans ces mêmes quartiers populaires qu’on trouve le plus fort taux de mortalité dû au Covid, conséquence de la gestion catastrophique de la crise par la gouvernement, qui fait passer les profits du patronat – et les soirées de luxe – avant nos vies.

Pourtant les sources ne semblent pas manquer pour identifier les rois des hypocrites au sommet de l’État. Ce mercredi, un serveur engagé à l’occasion d’une soirée organisée récemment au Palais Vivienne a témoigné anonymement sur le plateau de Touche Pas à Mon Poste : « Oui, j’ai reconnu directement une personne, un animateur qui a bercé mon enfance et un chroniqueur qui travaille encore en ce moment sur le service public. Effectivement il y avait un homme politique. »

Pour l’heure, l’enquête a conduit à une perquisition chez le chef Christophe Leroy, qui cuisinait pour ces soirées de la haute bourgeoisie et une perquisition hier chez Pierre-Jean Chalençon. Une énième démonstration d’une justice à deux vitesses qui protège les classes dominantes et réprime le reste de la population. Rappelons que les participants de la free party organisée près de Rennes pour le nouvel an avaient été 1600 à écoper de verbalisations et que 10 ans d’emprisonnement avaient été requis contre les organisateurs. Ou que plus récemment plusieurs personnes à Montpellier ont écopé d’amendes pour avoir bu un verre de rosé à la plage..

Les artisans du confinement à double vitesse – le gouvernement, les patrons et leurs amis – devraient plus que personne être condamnés eux-mêmes à 10 ans de prison minimum, leur politique hypocrite ayant conduit à la mort de dizaines de milliers de personnes qui n’avaient pas la possibilité de se payer des soirées à 400 euros ni de bénéficier d’un passe-droit pour se faire vacciner. Mais sans illusion dans la justice de classe pour condamner les vrais responsables de la crise, dans l’immédiat notre revendication tient en quelques mots : on veut les noms et leurs démissions.


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