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Après les chemises arrachées

Air France. 16 salariés sanctionnés, dont 5 licenciés, Juniac veut faire un exemple

Jean-Patrick Clech Avant même que le tribunal de Bobigny ait statué sur les plaintes pour « violence » déposées par Air France, ses cadres et ses vigiles (aucune n’a été en revanche déposée pour les 2900 licenciements annoncés…), la compagnie avait promis qu’elle allait taper fort. La décision vient de tomber, hier soir : sur les 16 sanctions disciplinaires, 5 concernent des personnels au sol qui ont reçu leur lettre de licenciement. Néanmoins, les salariés et les syndicats du groupe ne l’entendent pas de cette oreille.

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C’était donc prévisible, mais les sanctions sont encore plus dures que prévues, et sont tombées encore plus rapidement. Pendant la Guerre de 14, il y avait les « fusillés pour l’exemple », dans le cas des soldats qui refusaient de monter au front pour se faire « tuer pour les industriels ». Au lendemain de la célébration du 11 novembre, il y a donc les « licenciés pour l’exemple ». Ou plutôt pour la leçon de combativité qu’ils ont donnée à l’ensemble des salariés qui ont vu les images défiler à la télévision, en France comme ailleurs.

Après les mensonges diffusés en boucle par la direction de la compagnie au sujet d’un vigile qui serait tombé dans le coma à la suite de l’épisode des « chemises arrachées » lors du Comité central Extraordinaire (CCE) du 5 octobre, Alexandre de Juniac, numéro 1 du groupe, ne pouvait rester l’arme au pied. C’est donc la grosse artillerie qu’il a sortie. Avec le soutien du gouvernement, bien entendu.

Parmi les six salariés accusés d’agressions physiques, interpelés comme des malfrats à leur domicile à 6 heures du matin et devant passer pour cinq d’entre eux en jugement à Bobigny le 2 décembre, quatre ont se sont vus notifier en début de semaine leur licenciement, mais le courrier officiel leur est arrivé hier. Un cinquième salarié, représentant du personnel, fait l’objet d’une procédure plus longue, le licenciement devant être autorisé par l’Inspection du travail pour ce délégué de la Direction Industrielle.

En outre, la compagnie a pris la décision de mettre à pied, sans solde et pendant quinze jours, onze autres salariés pour avoir « ouvert par effraction » un portail d’accès au siège de la compagnie le 5 octobre. Parmi les personnels mis à pied, on compte deux pilotes, que la direction accuse d’avoir « badgé » pour ouvrir la grille d’un des locaux de direction et laisser entrer les manifestants lors du CCE du 5 octobre. Une accusation complètement infondée, lorsque l’on sait que la plupart des personnels mis en accusation aurait pu « badger » sans recourir au pass des pilotes.

Mais le mensonge et les incohérences enflent encore plus dans le cas des personnels du Fret Cargo licenciés pour faute grave. Comme le soulignent les treize organisations de l’Intersyndicale réunies jeudi 12 novembre, « rien dans les dossiers ‘d’accusation’ [ne] justifie de près ou de loin ces décisions, et ce avant même que les faits soient officiellement établis par la justice ». Aucune des images brandies comme des preuves par la direction ne permettent d’établir le rôle des salariés licenciés dans l’action du 5 octobre et d’étayer les faits qui leurs sont reprochés. Les vidéos prouvent à l’évidence que le 5 octobre les dirigeants d’Air France portent l’entière responsabilité de leur fuite pitoyable et qu’à aucun moment ils n’ont été frappés par des salariés.

Cette décision vise à casser la combativité des personnels d’Air France. Mais c’est également un coup de semonce qui est lancé contre l’ensemble du mouvement social et contre les équipes syndicales de toutes les entreprises, administrations et services de ce pays. L’Intersyndicale du groupe a réagi immédiatement, appelant à un rassemblement de soutien des personnels licenciés lors du prochain CCE d’Air France qui devrait se tenir dans les prochains jours, le 19 novembre.

Plus encore que lors du rassemblement devant l’Assemblée nationale du 22 octobre et avant même celui du 2 décembre, à Bobigny, devant le tribunal, il y a un clair enjeu à faire de la date du 19 novembre un moment de soutien large aux travailleurs d’Air France. Car à travers eux, nous sommes tous touchés. Chaque licencié d’Air France, c’est une ouverture qui est donnée au patronat pour taper encore plus fort. Chaque sanction à Air France, c’est un permis de casser du syndicaliste et du militant qui est concédé au Medef. Ces attaques ne doivent pas passer. C’est une question qui nous concerne toutes et tous ! Une question centrale pour faire ravaler sa morgue au patronat et à ce gouvernement qui le soutient.


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